L'opération Barkhane élimine 30 djihadistes et le chef militaire du JNIM
Le 13 novembre, la France a annoncé la neutralisation de Bah Ag Moussa, le chef militaire du groupe terroriste JNIM. Ce groupe lié à Al-Qaida est la fusion de plusieurs réseaux terroristes locaux maliens qui, avec l'État islamique du Grand Sahara, sont les deux principaux représentants du djihadisme dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger). Le réseau JNIM a été créé en 2017 et comprend les groupes djihadistes locaux de Katiba Macina, qui opère principalement dans le centre du Mali, Ansar Dine et Al-Mourabitoune, qui opèrent dans le nord et l'est du pays, et la faction malienne d'Al-Qaida au Maghreb islamique. Ce réseau est dirigé par Iyad Ag Ghali, un ancien leader des révolutions touarègues des années 1990 qui s'est radicalisé dans les années 2000 et qui est devenu le principal représentant du djihadisme au Mali. L'opération française Barkhane tente depuis 2015 de neutraliser la menace djihadiste menée par Ag Ghali qui continue de s'étendre. L'opération au cours de laquelle Bah Ag Moussa a été tué, a eu lieu le 10 novembre en fin d'après-midi. Les équipes de renseignement ont détecté un SUV avec cinq personnes à bord près de Menaka, dans le nord-est du pays. Après avoir tenté d'arrêter la voiture, les djihadistes sont sortis du véhicule et ont tiré sur le personnel militaire de Barkhane au sol. Comme un dispositif multi-commando et quatre hélicoptères ont été mobilisés, tous les terroristes, y compris Ag Moussa, ont été abattus en quelques minutes.
La neutralisation de Bah Ag Moussa, qui agissait en tant que chef militaire, est un coup majeur porté à ce réseau terroriste. Il est accusé d'une série de crimes contre les soldats maliens comme l'attaque de mars 2019 dans laquelle une vingtaine de soldats des FaMA (Forces armées maliennes) ont été tués. Bah Ag Moussa était également un leader historique des révolutions touareg qui, selon des sources de sa communauté, a rejoint le groupe djihadiste principalement par loyauté envers Ag Ghali, et non par conviction idéologique. Bah Ag Moussa n'était pas considéré par les Touaregs comme un jihadiste, mais comme un chef militaire sous les ordres de leur chef, Ag Ghali. Ce n'est pas le premier cas de dirigeants touaregs qui rejoignent le djihad par loyauté envers Ag Ghali. D'autres cas représentatifs comme les dirigeants touaregs Ifoghas de Cheikh Ag Aoussa ou Ahmada Ag Bibi qui ont rejoint Ag Ghali lorsqu'il a créé Ansar Dine, montrent une loyauté envers ce personnage qui va au-delà des convictions religieuses. Avec la neutralisation d'Abdelmalek Droukde, émir de l'AQMI au Sahel, en juin dernier, ces deux opérations ont réussi à déloger partiellement le JNIM.
Deux jours après cette opération réussie, la France a annoncé que, dans une opération séparée, elle avait également éliminé une trentaine de djihadistes dans la région de Mopti, au centre du pays. L'opération a combiné plusieurs moyens aériens tels que l'avion de chasse Mirage 2000 et plusieurs hélicoptères de combat et a neutralisé environ 30 membres du JNIM, détruisant dans le même temps une vingtaine de motos et les armes qu'elles portaient, selon le porte-parole de l'Etat-major de la Défense. Dix jours auparavant, une opération similaire avait été annoncée, au cours de laquelle 50 terroristes avaient été tués à la frontière entre le Burkina Faso et le Mali, appartenant au groupe djihadiste Ansaroul Islam, qui a des liens étroits avec le JNIM et opère principalement au Burkina Faso.
L'opération Barkhane comptait 4 500 hommes sur le terrain et, suite au sommet du G5 sur le Sahel à Pau en janvier 2020, sa présence a été renforcée par 600 autres soldats français pour contrer la multiplication des attaques djihadistes qui avaient eu lieu en 2019. Ces trois opérations de ces dix derniers jours visent à renforcer la décision de la France de privilégier les opérations militaires à l'exclusion du dialogue avec les djihadistes. Ces succès de l'opération Barkhane surviennent quelques semaines après que le gouvernement de transition malien, dirigé par le Premier ministre Moctar Ouane, ait affirmé son intention d'entamer un dialogue avec Ag Ghali et Koufa, deux dirigeants du JNIM. La position de la France sur cette question est très claire ; selon les mots de la ministre française de la défense, Florence Parly, on ne peut pas négocier avec des groupes djihadistes qui n'ont pas renoncé à la lutte contre le terrorisme. Que le gouvernement malien décide ou non de poursuivre le dialogue avec les dirigeants djihadistes, les opérations anti-terroristes réussies de ce dernier mois ont contribué à renforcer la pertinence de l'utilisation de moyens militaires pour éliminer les cellules djihadistes. Rappeler les succès de Barkhane était impératif pour la France suite aux déclarations de Moctar Ouane et à la négociation début octobre pour la libération des otages occidentaux dans laquelle 200 combattants présumés de groupes djihadistes ont été libérés en échange.