L'UE revoit son accord commercial avec Israël dans le contexte de la guerre à Gaza
- Le Hamas salue la décision européenne
- L'UE durcit le ton contre Israël tout en levant les sanctions contre la Syrie
L'Union européenne a annoncé la révision de son accord d'association avec Israël en réponse à la grave situation humanitaire à Gaza, une mesure qui a exacerbé les tensions diplomatiques entre Bruxelles et Jérusalem. Cette décision, annoncée par la chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion des ministres dans la capitale belge, représente une avancée sans précédent du bloc vers une politique plus critique à l'égard du gouvernement israélien.
Selon Mme Kallas, « une large majorité » des 27 États membres ont soutenu la révision de l'accord de libre-échange en vigueur avec Israël depuis 2000, dans lequel les deux parties s'étaient engagées à respecter les droits de l'homme et les principes démocratiques. Des pays comme la France, la Suède, l'Irlande et les Pays-Bas ont pris la tête de cette initiative, face à ce qu'ils considèrent comme une « situation intenable » à Gaza.
Le déclencheur a été l'avancée de l'offensive militaire israélienne sur Rafah, dans le sud de l'enclave palestinienne, et les dénonciations du blocus prolongé de l'aide humanitaire. Bien qu'Israël ait autorisé ces derniers jours l'entrée de camions transportant des vivres et des médicaments, tant les Nations unies que les ONG humanitaires ont averti qu'il s'agissait d'une réponse très insuffisante.
Israël a réagi durement à l'annonce européenne. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, a accusé l'UE de ne pas comprendre la réalité complexe dans laquelle se trouve le pays. « Cette guerre a été imposée à Israël par le Hamas, qui continue de rejeter toutes les propositions de cessez-le-feu, y compris la dernière proposition américaine basée sur le cadre de Witkoff, déjà acceptée par Israël », a-t-il déclaré.
Israël dénonce le fait que les critiques à l'égard de son comportement ne font que renforcer la position intransigeante du Hamas, qui détient toujours 58 otages israéliens à Gaza. Pour le gouvernement israélien, pointer du doigt une seule partie du conflit affaiblit les efforts diplomatiques et légitime la stratégie du groupe islamiste.
Au milieu du durcissement du discours envers Israël, de nombreux analystes et diplomates soulignent une omission importante : l'absence de pression sur le Qatar. L'émirat du Golfe entretient des liens étroits et durables avec les dirigeants du Hamas, qu'il finance depuis des années et dont il héberge la direction politique à Doha. Bien que le Qatar joue un rôle central en tant que médiateur dans les négociations de cessez-le-feu et de libération des otages, l'UE n'a lancé aucun appel public pour que le pays use de son influence sur le groupe.
Cette absence de pression contraste avec l'insistance européenne à revoir ses relations avec Israël et a été vivement critiquée par Jérusalem, qui accuse le bloc de faire deux poids deux mesures. « Nous exhortons l'UE à exercer des pressions là où elle doit le faire : sur le Hamas », a réitéré le ministère israélien des Affaires étrangères, soulignant que les critiques déséquilibrées ne font qu'encourager le groupe armé.
Le Hamas salue la décision européenne
Les propos de Bruxelles n'ont pas passé inaperçus à Gaza. Dans un communiqué officiel, le Hamas a ouvertement salué la position de plusieurs pays européens, la qualifiant de « position de principe rejetant la politique de blocus et de famine ». Toutefois, dans sa déclaration, Bruxelles a également exigé du Hamas qu'il libère « immédiatement tous les otages restants » et qu'il permette à l'aide humanitaire « d'être distribuée sans ingérence », le groupe terroriste ayant été accusé d'avoir détourné l'aide destinée aux civils.
L'organisation islamiste a demandé que ces déclarations se traduisent par des actions concrètes pour faire pression sur Israël et « mettre fin à la catastrophe humanitaire ». Pour Israël, cette réaction est précisément la preuve que les critiques internationales disproportionnées renforcent le refus du Hamas de parvenir à un accord et contribuent à la prolongation du conflit.
L'UE durcit le ton contre Israël tout en levant les sanctions contre la Syrie
Tout en réexaminant et en gelant ses relations commerciales avec Israël, l'Union européenne a surpris par une autre décision lourde de conséquences : la suspension des sanctions économiques restantes contre la Syrie.
Dans ce que beaucoup qualifient de tournant géopolitique majeur, les ministres des Affaires étrangères du bloc ont convenu de lever les restrictions afin de « faciliter la reprise économique » du pays après la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024.
Cette décision a toutefois suscité inquiétude et vives critiques. Les nouvelles autorités syriennes, dirigées par Al-Sharaa, ancien chef d'Al-Qaïda en Syrie, ont déjà été accusées d'avoir commis des massacres contre des minorités du pays, notamment les alaouites, les chrétiens et les druzes. Malgré ces allégations de violations systématiques des droits de l'homme, Bruxelles a choisi d'ouvrir la porte à une normalisation des relations avec le nouveau régime, ce qui contraste radicalement avec son approche envers Israël.