“La Unión Europea está dispuesta a impulsar la cooperación con Marruecos”, asegura Borrell
En pleine crise migratoire à la frontière hispano-marocaine, provoquée par les tensions diplomatiques actuelles entre Madrid et Rabat, Josep Borrell a assuré à l'agence de presse EFE qu'il est "normal" que la rupture par un pays d'un accord d'association avec l'Union européenne ait des "conséquences". Toutefois, l'homme politique espagnol est disposé à resserrer les liens avec le Maroc en renforçant la coopération. "Mon rôle est de travailler à la reconstruction de bonnes relations", a déclaré M. Borrell. Toutefois, il a également souligné que "l'immigration doit être un processus réglementé et ordonné". Dans le but de rétablir les ponts entre le Maroc et l'Espagne, M. Borrell a rappelé dans une interview sur RTVE que "Bruxelles a accordé à Rabat 15 000 millions d'euros grâce à la médiation espagnole".
En ce qui concerne l'arrivée à Ceuta de milliers de personnes, pour la plupart des mineurs, en provenance du territoire marocain, M. Borrell a considéré qu'il s'agissait d'un "avertissement" de Rabat, et non d'une "menace". "Des relations diplomatiques tendues peuvent parfois déclencher des problèmes migratoires", a expliqué M. Borrell, faisant référence à la crise entre le Maroc et l'Espagne au sujet de l'affaire du Ghali. Le chef du Front Polisario est arrivé en Espagne en avril pour des raisons médicales après avoir contracté le coronavirus et présenté de graves problèmes respiratoires. Le gouvernement de Pedro Sánchez a soutenu l'hospitalisation de Ghali pour des raisons humanitaires. Le Maroc a reproché à l'Espagne son comportement, rappelant que le leader du Polisario est accusé de crimes contre l'humanité. Depuis avril, le Royaume a averti à de nombreuses reprises que le séjour de Ghali à Logroño aurait des conséquences jusqu'à ce que, finalement, entre lundi et mardi, plus de 8 000 personnes en situation irrégulière entrent sur le territoire espagnol avec l'approbation des autorités marocaines.
"Ceuta est la frontière européenne avec le Maroc. L'UE fera le nécessaire pour aider l'Espagne en ces temps difficiles", a expliqué M. Borrell, montrant ainsi son soutien à Madrid dans cette crise migratoire. Toutefois, il a également souligné que la priorité actuelle est de protéger la vie des personnes qui sont arrivées dans l'enclave espagnole et de rétablir la normalité à Ceuta. D'autre part, ce week-end, des centaines de personnes ont tenté de sauter la frontière de Melilla, où s'est rendu le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska.
La Haute représentante de l'UE a fait allusion à d'autres pays avec lesquels Bruxelles a conclu des accords de migration, comme la Turquie ou la Libye, dans le but de lutter contre les mafias et de stabiliser les flux migratoires. Bruxelles, qui partage des intérêts et des défis avec le Maroc, a besoin d'une coopération avec le Royaume sur des questions telles que le terrorisme et la sécurité. Paris a également déclaré récemment que ce partenariat était essentiel dans des endroits tels que le Sahel, qui connaît une augmentation inquiétante du terrorisme. Cette région doit être un point clé de la politique étrangère et de sécurité européenne, et la coopération avec les pays tiers est nécessaire pour surmonter les défis. Comme l'a souligné M. Borrell, "notre sécurité commence loin de nos frontières, et c'est pourquoi nous devons les impliquer militairement". Le chef de la diplomatie européenne estime également que "nous devrions avoir une vision plus géopolitique de notre avenir".
Malgré les déclarations des pays de l'UE et même de pays non membres de l'UE comme les États-Unis visant à réduire la tension entre Rabat et Madrid, les relations entre les pays voisins continuent de se refroidir. Par ailleurs, le Maroc attend toujours une réponse du gouvernement espagnol sur "l'affaire Ghali". Après les mises en garde du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et de l'ambassadrice en Espagne, Karima Benyaich, c'est au tour de Fouad Yazourh, directeur général des affaires politiques du ministère des Affaires étrangères. Yazourh a insisté sur le fait que l'Espagne doit mener une enquête, qu'elle espère "transparente", sur le cas de Ghali. Il a également fait état de "l'ingérence de quatre généraux d'un pays du Maghreb", faisant allusion à l'Algérie, principal allié du Front Polisario.