Le Mali, en proie à des troubles en 2012 en raison d'insurrections séparatistes et salafistes dans le nord, a vu cette semaine les hostilités reprises par des groupes armés majoritairement touaregs

Le Mali cesse les célébrations de l'indépendance et envisage de mobiliser les réservistes

PHOTO/AFP/OUSMANE MAKAVELI - Un partisan du président intérimaire du Mali, Assimi Goita, tient sa photo lors d'un rassemblement en faveur de la junte et de la Russie à Bamako, le 13 mai 2022

La Junte au pouvoir au Mali a suspendu les festivités prévues la semaine prochaine pour marquer l'anniversaire de l'indépendance et envisage de mobiliser des réservistes face à la montée des tensions dans le nord. 

Suite à la décision prise par le chef de la junte Assimi Goita, l'anniversaire sera "célébré dans la sobriété et dans l'esprit de la renaissance nationale", a indiqué le Conseil des ministres dans un communiqué mercredi en fin de journée. 

Le Mali, ancienne colonie française, est devenu une république indépendante le 22 septembre 1960. La Junte, qui a pris le pouvoir après les coups d'État de 2020 et 2021, avait initialement déclaré qu'elle célébrerait l'anniversaire en grande pompe.

AP/BABA AHMED - Le colonel malien Assimi Goita

Mais Goita a ordonné au gouvernement d'utiliser les fonds réservés pour aider les victimes d'une série d'attaques récentes et leurs familles, a déclaré le Conseil. 

Le Mali, qui a été plongé dans la tourmente en 2012 par des insurrections séparatistes et salafistes dans le nord, a connu cette semaine une reprise des hostilités par des groupes armés à prédominance touareg. 

Cette reprise des hostilités pourrait mettre à l'épreuve une armée déjà débordée, ainsi que les affirmations de la junte selon lesquelles elle est parvenue à redresser une situation sécuritaire grave. 

Mardi, des groupes séparatistes ont lancé une offensive contre les positions de l'armée dans la ville de garnison de Bourem, que l'armée a affirmé avoir repoussée. 

Les deux parties ont donné des informations contradictoires sur les événements, mais toutes deux ont fait état de dizaines de morts.

Le regain d'activité militaire des Touaregs a coïncidé avec une succession d'attaques attribuées principalement à l'alliance djihadiste liée à Al-Qaïda, le Groupe pour le soutien de l'islam et des musulmans (GSIM). 

Elle coïncide également avec le retrait en cours de la mission de stabilisation des Nations unies, la MINUSMA, que la junte est en train d'expulser après dix ans de déploiement. 

Plusieurs attaques récentes revendiquées par le GSIM ont tué plusieurs soldats, notamment dans la ville de Bamba le 7 septembre et dans la ville de Gao le 8 septembre. 

Une attaque contre un bateau de passagers sur le fleuve Niger, attribuée à des djihadistes, a fait des dizaines de morts parmi les civils la semaine dernière.

Profonde angoisse

Goita a exprimé sa "profonde angoisse" face aux pertes causées par "l'attaque sauvage et barbare du bateau (et) les assauts contre les camps dans les villes de Bamba, Gao et Bourem", selon le Conseil des ministres. 

Il s'agissait de ses premières déclarations publiques sur l'attaque du bateau. 

Des supporters de l'équipe de football du Mali ont brandi une photo du colonel Assimi Goita, leader du coup d'État, avant un récent match de la Coupe d'Afrique des Nations

Mercredi, le Conseil des ministres a déclaré avoir discuté de la possibilité de mobiliser des réservistes. 

Il a adopté un projet de décret qui "déterminera le statut des réservistes et les conditions de leur mobilisation", selon le communiqué. 

Les réservistes doivent assurer "le renforcement du capital en cas de crise, de catastrophe naturelle ou de guerre", ajoute le communiqué. 

Le Conseil a expulsé la force anti-djihadiste française en 2022 et la mission de maintien de la paix de l'ONU, la MINUSMA, en 2023. On pense qu'elle travaille avec la société paramilitaire russe Wagner, bien qu'elle l'ait nié.

Le retrait progressif de la MINUSMA d'ici au 31 décembre aurait contribué à l'escalade des tensions dans le nord. 

Les soldats de la paix ont remis leurs camps aux autorités maliennes, mais les séparatistes exigent qu'ils reviennent sous leur contrôle. 

Les tensions devraient encore s'aggraver lorsque la force quittera son camp de Kidal, bastion touareg. 

"Les bases de Tessalit, Aguelhok et Kidal, nous les prendrons", a promis le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga à la télévision publique mercredi soir.