Le royaume alaouite renforce sa sécurité à l'est alors que les tensions au Maghreb augmentent

Marruecos establece una zona militar en la frontera con Argelia

PHOTO/REUTERS - Deux soldats marocains avancent dans un véhicule blindé

Depuis que l'Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août, la rivalité régionale qui s'envenime a conduit à une escalade des tensions au Maghreb. La décision de l'Algérie a été précédée par l'escalade du conflit au Sahara occidental, et a été suivie par la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe. Dans le même temps, une course aux armements s'est engagée entre les deux pays pour renforcer leur sécurité dans un contexte de menace

Le royaume alaouite a annoncé cette semaine la création d'une nouvelle zone militarisée dans la région orientale afin de surveiller les manœuvres militaires algériennes à la frontière. Il s'agit de la première zone de sécurité entièrement gérée par les forces armées marocaines après l'inauguration en juin 2020 d'une base militaire à la périphérie de la ville de Jerada, dans la province d'Oujda. La base a été utilisée pour des activités logistiques. 

L'ancien Premier ministre marocain Saad Eddine El Othmani a facilité la construction de ce complexe militaire dans la région frontalière avec l'Algérie, bien que l'armée marocaine ait affirmé que ce terrain ne servirait pas de base, mais de caserne, dans le cadre de la nouvelle stratégie visant à éloigner ces centres des zones urbaines. Deux ans plus tard, en raison des tensions croissantes, Rabat redouble d'efforts et renforce encore sa défense

À partir de cette zone, le Maroc sera en mesure de contenir les menaces potentielles de l'Algérie et de garantir la sécurité. Ces derniers mois, l'armée algérienne de Saïd Chengriha a intensifié son activité à la frontière, lançant une série d'exercices militaires pour montrer ses muscles et réchauffer l'atmosphère.

Le général de division Mohamed Mekdad dirigera cette zone en tant que commandant de la région orientale du pays, qui comprend les provinces de Figuig et d'Oujda. Le général Darmi al-Farouk Belkhair, inspecteur des forces armées et commandant de la région sud du pays, a présidé la cérémonie d'inauguration. 

Cette nouvelle zone de sécurité est une réponse aux récentes tensions entre le Maroc et l'Algérie. La rupture des relations diplomatiques a été suivie de la fermeture totale de l'espace aérien algérien aux avions marocains, de la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe, qui a frappé les réserves énergétiques du royaume alaouite, et, en toile de fond, du soutien de l'Algérie au Front Polisario. 

Les analystes marocains l'interprètent également comme la recherche par l'Algérie d'une sortie vers l'Atlantique à travers le désert du Sahara. Cette hypothèse a servi de justification au royaume alaouite pour améliorer ses capacités de défense à grande échelle. Des sources du quotidien Al Arab soulignent que la zone militarisée marocaine est également destinée à freiner les incursions de "groupes terroristes ou de bandes de trafiquants de drogue" et, en définitive, à protéger le passage. 

La mort en novembre de trois camionneurs algériens dans un bombardement marocain alors qu'ils traversaient le Sahara occidental a fait monter la tension au plus haut niveau, bien qu'il n'y ait finalement pas eu de représailles de la part de l'Algérie. Cet épisode aurait pu être le déclencheur d'un affrontement à grande échelle entre les deux armées, mais le conflit se situe désormais au Sahara occidental, où le Front Polisario reçoit le soutien logistique et militaire de l'Algérie.