Le Maroc renforce sa lutte contre le blanchiment d'argent avec un nombre record de condamnations
Le Maroc a fait un pas décisif dans sa lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, en consolidant son système national avec des mécanismes de surveillance et de sensibilisation plus importants. C'est ce que reflète le rapport annuel de la présidence du ministère public, qui souligne un nombre record de condamnations dans ce domaine, avec 134 décisions rendues au cours de l'année dernière.
Le ministère public a fait de la lutte contre le blanchiment d'argent l'une de ses priorités stratégiques dans le cadre de la politique pénale du pays, reconnaissant la gravité de ce crime et son impact dévastateur sur l'économie et la société. Dans cette optique, l'approche adoptée vise non seulement à traduire en justice les responsables, mais aussi à les empêcher de tirer profit de ces crimes et à protéger la stabilité économique du Royaume.
Le blanchiment d'argent, caractérisé par sa complexité et la tentative de dissimuler l'origine illicite des fonds, a été un défi constant pour les autorités. La réponse marocaine a été de renforcer la coordination interinstitutionnelle et de développer des outils d'enquête spécifiques.
La collaboration entre la Banque Al-Maghrib et le ministère public, qui permet depuis 2022 un échange rapide d'informations grâce à un système informatique spécialisé, en est la preuve. Grâce à cette coopération, 341 demandes d'informations ont été traitées dans des affaires de blanchiment d'argent, toutes ayant reçu une réponse précise dans des délais raisonnables, ce qui a facilité l'efficacité des enquêtes judiciaires.
Sur la scène internationale, Rabat a franchi une étape importante en sortant de la « liste grise » du Groupe d'action financière internationale (GAFI) en février 2023. Cette reconnaissance valide l'efficacité du système marocain dans la lutte contre le blanchiment d'argent et représente l'aboutissement des efforts de divers secteurs nationaux. La décision a été prise lors de la réunion générale de la FATF à Paris, après l'évaluation positive des progrès réalisés par le Royaume dans l'adaptation de sa réglementation aux normes internationales.
Sensibilisation et renforcement du cadre juridique
L'engagement du Maroc en faveur de la prévention du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme s'est également traduit dans le domaine de la sensibilisation. Dans ce contexte, la Banque Al-Maghrib, en collaboration avec d'autres institutions nationales, a publié un guide destiné à informer les acteurs économiques et financiers sur les risques de ces délits. Le document détaille les procédures légales et les sanctions applicables, en soulignant les conséquences que le non-respect des normes internationales peut entraîner, telles que des restrictions d'accès au financement mondial.
Sherifa Lamoir, chercheuse en sciences politiques, souligne l'importance d'aligner la législation marocaine sur les réglementations internationales afin de garantir la transparence des investissements et de favoriser la croissance économique. Dans le même ordre d'idées, Rachid Sari, directeur du Centre africain d'études stratégiques et de numérisation, met en garde contre l'impact négatif du blanchiment d'argent sur le développement du pays, en soulignant son lien avec la croissance du secteur informel et la création de sociétés fictives utilisées pour le blanchiment d'argent illicite.
Contrôle dans les secteurs clés
Dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la criminalité financière, le ministère de l'Intérieur a intensifié la surveillance des secteurs susceptibles d'être utilisés pour le blanchiment d'argent. Entre avril et septembre 2024, en coordination avec le ministère de l'Économie et des Finances, la Direction générale de la sécurité nationale et la Casa de Cambios, sept missions de surveillance ont été menées pour évaluer la prestation de services dans ce domaine et détecter d'éventuelles vulnérabilités. Ces opérations visent à identifier les risques et à renforcer les mesures de contrôle dans le secteur financier et commercial.
Avec un long chemin à parcourir, le Maroc se positionne comme une référence dans la lutte contre le blanchiment d'argent dans la région, en renforçant son cadre juridique et ses capacités institutionnelles. L'engagement du Royaume dans cette cause répond non seulement aux exigences internationales, mais protège également sa stabilité économique et sociale face aux menaces des flux financiers illicites.