Le ministre algérien de la Communication dénonce une campagne médiatique internationale contre son pays

Le ministre algérien de la communication Mohamed Meziane - PHOTO/RESEAUX SOCIAUX
Mohamed Meziane a affirmé qu'il existe une « armée de 9 000 journalistes du monde entier » qui travaillent à déformer l'image de l'Algérie
  1. Mécontentement médiatique
  2. Loi sur les médias de 2012

Le ministre algérien de la Communication, Mohamed Meziane, a fait des déclarations controversées dans lesquelles il a censuré la liberté d'expression, en affirmant, sans fournir de preuves, qu'il existe une armée de plus de 9 000 journalistes dans le monde entier qui consacrent leur travail à ternir l'image de l'Algérie, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. 

Les commentaires du ministre ont suscité de vives critiques, une fois de plus, contre le régime d'Abdelmadjid Tebboune, président de l'Algérie. 

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune - PHOTO/RESEAUX SOCIAUX

Le discours de Meziane suit la tendance habituelle de l'exécutif algérien à rejeter la responsabilité du manque de crédibilité et des résultats du gouvernement sur des facteurs externes, afin de ne pas faire d'autocritique et de reconnaître les différences internes qui existent au sein de l'administration. En outre, le ministre a particulièrement critiqué le rôle de la presse française, approfondissant ainsi la confrontation avec le gouvernement français, avec lequel l'exécutif de Tebboune a rompu ses relations diplomatiques. 

Cette nouvelle polémique survient une semaine après que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a limogé deux de ses ministres sans fournir d'explications : le ministre des Finances, Lamine Faid, et le ministre délégué auprès du ministre de l'Industrie, chargé de la production pharmaceutique, Fouad Haji

Aujourd'hui, le ministre de la Communication remet l'Algérie au centre de la polémique. 

Mécontentement médiatique

La presse indépendante a remis en question la responsabilité du gouvernement dans la crise médiatique. Selon le journaliste algérien Ahmida Al-Ayashi, « la vraie question n'est pas de savoir quels sont les 9 000 journalistes qui travaillent contre nous, mais plutôt ce que nous avons fait pour avoir une presse professionnelle, forte, diverse et pluraliste ». 

Dans le même ordre d'idées, Mohamed Iwanogan, un autre journaliste algérien, a déclaré que « lorsque le ministre de la Communication annonce que 9 000 journalistes dans le monde travaillent à déformer l'image de l'Algérie, cela ne signifie pas que l'Algérie a raison et que le monde a tort, ou que l'Algérie est le pays que tout le monde envie ». 

Citoyen algérien lisant les unes des principaux journaux nationaux - PHOTO/FILE

Cette réaction de certains des journalistes les plus prestigieux et les plus influents suggère que le problème réside dans l'intention du gouvernement de contrôler la presse, dans ce qu'ils ont identifié comme une attaque frontale contre la liberté d'expression. 

Une thèse que soutient également Najib Belhimer, journaliste algérien. « La déclaration du ministre de la Communication sur la présence de 9 000 journalistes dans le monde entier travaillant à déformer l'image de l'Algérie est une contribution importante à la déformation de l'image de l'Algérie qui peut dépasser tout ce que ces 9 000 journalistes pourraient faire, s'ils existaient », a-t-il déclaré.

Ce que la presse algérienne critique, c'est le manque de fondement du ministre face à l'absence d'une stratégie claire pour améliorer la réputation internationale du pays. Pour de nombreux communicateurs, ces déclarations ont été contre-productives, car elles n'ont fait qu'attiser les critiques et augmenter les preuves qui existent depuis l'arrivée de Tebboune au pouvoir, sur les défauts de la communication gouvernementale. 

Abdelmadjid Tebboune, président de l'Algérie, lors d'une interview à la télévision algérienne - PHOTO/FILE

Loi sur les médias de 2012

La réforme de la loi sur les médias de 2012 a entraîné des changements majeurs en matière de sanctions, notamment avec l'abolition de la peine de prison pour les journalistes, ce qui a sans aucun doute marqué une avancée majeure vers la protection de la liberté d'expression et de la presse. 

Cependant, cette proposition a augmenté les amendes à un point tel que de nombreux médias ont dû censurer une partie de leurs informations par crainte de ne pas pouvoir faire face à ces sanctions. 

En ce qui concerne le contrôle de l'État, la loi garantit en théorie le respect des droits et des valeurs nationales, de sorte que la liberté éditoriale des médias et l'influence du gouvernement restent latentes dans les rédactions des médias publics et privés. À tel point que la loi établit également des réglementations et des restrictions pour les médias internationaux qui travaillent sur le territoire algérien. 

Bien que la presse ait subi des réformes qui, en apparence, étaient positives, le pouvoir exécutif continue de limiter en grande partie la liberté de la presse des médias algériens en recourant à des pratiques restrictives, notamment en imposant des amendes très élevées qui, pour la plupart des médias, sont impossibles à payer. 

C'est l'une des principales critiques des journalistes, qui affirment que le gouvernement se contredit, car les réformes et leurs prétendues intentions ne correspondent pas à la réalité d'un pays où la censure de la presse est imposée.