Les Nations unies annoncent un nouveau gouvernement intérimaire en Libye
Stephanie Williams, l'envoyée intérimaire des Nations Unies pour la Libye, a annoncé la liste qui a remporté le second tour de scrutin tenu aujourd'hui, pour élire les quatre personnes qui dirigeront le gouvernement de transition, l'une sera premier ministre et les trois autres formeront ce qu'on appelle le Conseil de la présidence.
Lors du premier tour de scrutin, aucune des quatre listes qui ont été votées n'a obtenu la majorité, la troisième, dirigée par Aguila Salé, a obtenu 25 voix alors que celle d'Abdul Hamid Mohammed Dbeibah en a obtenu 20. Les deux listes sont passées au second tour, où la seconde l'a finalement emporté avec 39 voix, soit une de plus que le nombre nécessaire pour obtenir une majorité simple. Ainsi, Abdul Hamid Mohammed Dbeibah, un homme d'affaires de Misrata très attaché à la Turquie et au profil très islamiste, sera le nouveau Premier ministre du pays, avec Mohammad Younes Menfi, un diplomate libyen, qui dirigera le Conseil de la présidence. Il sera accompagné par Mossa Al-Koni et Abdullah Hussein Al-Lafi.
L'absence d'accord dans les premiers jours des sessions pour élire les quatre personnalités qui dirigeront le pays dans la prochaine étape de transition, a obligé à changer le format de vote dans le cadre des réunions du Forum de dialogue politique libyen qui se déroulent à Genève. L'objectif de ces sessions est d'élire le Premier ministre et les trois personnes qui feront partie du Conseil de présidence, une pour chacune des régions impliquées dans le conflit : Tripoli, Cyrénaïque et Fezzan.
Étant donné qu'au cours des premiers jours, aucun candidat n'a pu dépasser le seuil imposé pour opter pour l'un des postes, le système a été modifié, en plus de décider de l'origine des deux postes les plus importants. Les 75 représentants qui composent le LPDF, ainsi que la présence de représentants des Nations Unies, ont décidé que la figure du premier ministre, à la tête du gouvernement, devait correspondre à un candidat proposé par Tripoli. De même, il a été prévu que le président du Conseil sera un représentant de la région de Cyrénaïque, les deux autres membres du Conseil étant de Tripoli et des tribus du sud.
Ainsi, au cours des dernières heures, des alliances politiques ont dû être conclues entre tous les partis pour réunir les représentants de chaque partie. Cela a permis d'observer la proximité et l'harmonie qui existent entre les factions, au-delà du réductionnisme du conflit à une "simple" confrontation entre les forces de la GNA et de la LNA. Au sein de ces factions, il existe également des frictions politiques ou de bonnes relations avec certains représentants de l'autre côté de la ligne de front.
Grâce à ce mécanisme, quatre listes de candidats ont été mises au vote, l'une d'entre elles devant obtenir plus de 60 % des voix. Si cela n'était pas le cas, comme cela s'est produit, un deuxième tour de scrutin serait organisé entre les deux listes les plus votées.
La première liste avait Mohammad Hasan Al-Bargathi à la tête du Conseil et Khaled Ghweil à la tête du gouvernement. Ali Abu Al-Hojob et Idriss Al-Qaed complètent le trio de candidats au Conseil. Al-Bargathi, candidat pour la Cyrénaïque, est un diplomate, tandis qu'Al-Ghweil est un politicien bien connu du côté de l'AGN, qui était déjà à la tête du gouvernement de salut national après les élections de 2014.
Le second, a proposé la candidature d'Al-Sharif Al-Wafi à la présidence du Conseil. Al-Wafi est également un homme politique et un homme d'affaires bien connu, ayant des liens avec l'ancien régime Kadhafi et qui a occupé une place importante pendant la crise politique qui a suivi la chute du leader libyen. Mohammed Abdul-Lateef Al-Montaser, était candidat au poste de Premier ministre. Abdul Rahman Al-Balazi et Omar Mahdi Aboushrida ont clôturé la liste des candidats au Conseil.
Enfin, en plus de la troisième liste qui a finalement été élue, il y avait peut-être la liste qui avait le plus d'options. Ce n'est pas en vain, c'est celui qui a mené au premier tour. Cette liste comprenait l'homme à la tête du Parlement de Tobrouk, Aguila Salé, en tant qu'homme à la tête du Conseil de la présidence. Salé est l'une des figures les plus représentatives de la partie orientale du pays, avec Haftar. En outre, le ministre de l'intérieur de l'AGN, Fathi Bashgha, avec qui Fayez al-Sarraj n'a pas les meilleures relations, a été proposé comme premier ministre. Abdul Majeed Ghaith Seif Al-Nasr, également une figure importante des tribus de la région méridionale du Fezzan, a formé, avec Usama Al-Juwaili, la paire de candidats qui complètent les sièges du Conseil.
L'enjeu est de taille pour la Libye à Genève, car les quatre personnes élues doivent mener le pays vers des élections qui décideront de la direction du pays et du nouveau gouvernement. Ils se sont tous engagés à ne pas prendre part au processus électoral auquel ils doivent céder, mais il serait faux de penser que l'élection d'aujourd'hui n'aura pas de conséquences sur la période de transition et sur le résultat des prochaines élections. Il reste maintenant à voir si cet événement, que Stephanie Williams a qualifié d'"historique", conduira le pays vers la stabilité, et si l'énorme fossé social et politique qui existe va se résorber.
Parallèlement à ce qui se passe à Genève, le Conseil de sécurité a approuvé l'envoi d'une mission en Libye pour surveiller le cessez-le-feu convenu l'automne dernier entre les deux parties. L'objectif de l'équipe est de se déployer rapidement et en urgence dans et autour de la ville de Syrte.
Cette mission fait suite à la demande des deux parties, la GNA et la LNA, qui ont demandé que l'équipe soit composée à la fois de Libyens et de membres des Nations unies pour surveiller et contrôler la validité de ce qui a été convenu par le Comité militaire 5+5.
Les Nations unies sont également préoccupées par la présence de mercenaires, une présence qui a été demandée à plusieurs reprises et dont on a tenté de retirer le mandat, et qui est également discutée cette semaine. L'ONU estime que 20 000 soldats étrangers étaient présents dans le pays en décembre, et rien n'indique que ce nombre ait été réduit récemment.