Le royaume marocain se mobilise contre la pénurie d'eau comme défi majeur pour 2024. Le stress hydrique oblige le gouvernement à être en alerte et à repenser la politique de l'eau du pays

Les nouvelles inflexions de la politique de l'eau au Maroc

Barrage au Maroc - PHOTO/FILE

Confronté à des pénuries d'eau dues à des années successives de sécheresse et de faible pluviométrie, le Maroc est en état d'alerte à la recherche de solutions pour atténuer le stress hydrique que connaissent tous les territoires du pays, bien qu'à des niveaux différents.  

Le gouvernement marocain, suivant les directives royales, a présenté de nouvelles inflexions de la politique de l'eau qui peuvent aider à faire face aux répercussions économiques et sociales de la pénurie d'eau, à savoir l'inflation des prix des produits agricoles, les faibles rendements des cultures vivrières et l'exode rural, entre autres conséquences.  

  1. Telles sont les véritables orientations sur l'eau au Maroc 
  2. Le plan de gestion de l'eau du Maroc 
  3. Quelles sont les infrastructures hydrauliques du Maroc ?  
  4. Statistiques sur les apports d'eau  

La priorité absolue de cette nouvelle politique est la disponibilité de l'eau potable pour la population marocaine, étant donné la situation difficile des ressources en eau sur le territoire national.   

Il convient de rappeler que le Maroc consomme actuellement 1,6 milliard de mètres cubes d'eau potable par an, dont la majeure partie est fournie par l'Office national de l'eau et de l'électricité (ONEE), en plus d'autres sources telles que le dessalement de l'eau de mer existante et diverses autres nappes phréatiques.  

La priorité absolue de cette nouvelle politique est la disponibilité de l'eau potable pour la population marocaine - PHOTO/FILE

Avec l'évolution de la température moyenne annuelle nationale atteignant 1,8 degré Celsius, l'évaporation de l'eau s'accélère et les niveaux de sécheresse s'aggravent. Cela a conduit à prendre des mesures d'urgence en réponse aux faibles précipitations enregistrées au cours des cinq dernières années.  

Dans ce contexte, la demande en eau potable va augmenter pour atteindre 1,8 milliard de mètres cubes par an à partir de 2025 et près de 2 milliards de mètres cubes en 2030. La réalité de la situation hydrique sur l'ensemble du territoire marocain est sensible, avec une dotation actuelle de 606 m3/hab. Il s'agit d'un potentiel limité de ressources naturelles en eau par habitant avec une dotation inférieure à 1 000 m3/hab/an, reconnue comme un seuil de rareté de l'eau. 

Telles sont les véritables orientations sur l'eau au Maroc 

Dans son discours du 14 octobre 2022, le roi Mohammed VI a donné ses orientations stratégiques pour le développement du secteur de l'eau. Les principaux objectifs des instructions royales sont les suivants:   

  • Achever la construction des barrages prévus.    
  • Installer des interconnexions hydrauliques et construire des stations de dessalement d'eau de mer.  
  • Consolider l'économie de l'eau dans l'irrigation. 
  • Lancer des initiatives et des projets créatifs basés sur les nouvelles technologies dans le domaine de la réutilisation des eaux usées. 
  • Accorder une attention particulière à l'exploitation rationnelle des eaux souterraines et à la préservation des nappes phréatiques, en mettant fin au phénomène de pompage illégal et de forage de puits anarchiques. 
  • Comprendre la question de l'eau comme une préoccupation commune à de nombreux secteurs et non exclusive à un secteur particulier.  
  • Sensibiliser au coût réel de l'eau à chaque étape de la mobilisation de cette ressource vitale.  
  • - Accélérer la mise en œuvre des projets du Programme national de l'eau.  

Le plan de gestion de l'eau du Maroc 

D'un coût total actualisé de 143 milliards de dirhams, la Commission nationale de l'eau est chargée de la mise en œuvre du Programme national d'alimentation en eau potable et d'irrigation 2020-2027 (PNAEPI 20-27).  

Elle est composée du chef du gouvernement, du ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, du ministre de l'Equipement et de l'Eau, du ministre de l'Economie et des Finances et de l'ONEE.  

Nizar Lbraka, Ministre de l'Equipement et de l'Eau du Maroc - PHOTO/FILE

Le Programme national d'alimentation en eau potable et d'irrigation 2020-2027 s'articule autour de cinq axes essentiels :  

  • Le développement de l'offre. 
  • La gestion de la demande, l'économie et l'utilisation de l'eau. 
  • Le renforcement de l'eau potable en milieu rural. 
  • La réutilisation des eaux usées traitées. 
  • La communication et la sensibilisation. 

L'objectif est d'accélérer le rythme de mise en œuvre des projets de mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles en coordonnant les programmes entre les secteurs concernés. 

Quelles sont les infrastructures hydrauliques du Maroc ?  

Le Maroc compte 153 grands barrages d'une capacité totale de 20 milliards de m3 et 141 moyens et petits barrages qui complètent le paysage de l'infrastructure hydrique en termes de barrages.  

Face à la situation de stress hydrique du pays, le Maroc a envisagé le dessalement de l'eau de mer comme solution pour assurer la disponibilité de l'eau potable. La politique du Maroc est basée sur 15 stations de dessalement d'eau de mer avec une capacité de production de 192 millions de m3.  

Le Maroc a envisagé le dessalement de l'eau de mer comme solution pour assurer la disponibilité de l'eau potable - PHOTO/FILE

Dans ce contexte, le Maroc a lancé plusieurs travaux de transfert pour améliorer le taux d'accès à l'eau potable en milieu rural et le porter à 98,6%, ainsi que pour irriguer plus de 2 millions d'hectares (publics et privés).  

Malgré la diminution des réserves d'eau dans les barrages, le Maroc reste en mesure de satisfaire les besoins en eau potable grâce au dessalement de l'eau de mer, notamment à Agadir, Al Hoceima, Safi et El Jadida, et au renforcement de l'approvisionnement des nappes phréatiques. 

Toutes ces mesures prises par les autorités marocaines donnent la priorité à l'eau potable en fonction de la réserve d'eau disponible, en déterminant des programmes d'approvisionnement en eau d'irrigation en coordination avec le Ministère de l'Agriculture.   

Il est à noter que la période 2018-2023 a été marquée par une succession d'années sèches, avec des taux de déficit annuel enregistrés estimés respectivement à 54, 71, 59, 85 et 66% par rapport à la moyenne annuelle des apports en eau. 

Le Maroc est encore en mesure de répondre à ses besoins en eau potable grâce au dessalement de l'eau de mer - PHOTO/FILE

Statistiques sur les apports d'eau  

Après une analyse de l'évolution des apports d'eau aux barrages depuis 1979, la période 2019-2023 est celle où le niveau enregistré est le plus bas. Aussi, la moyenne des apports d'eau de 1945 à 2023 est de 11,5 milliards de m3, alors que celle des dix dernières années est de 7,2 % lorsque la période 2017-2023 tombe à 5,2 milliards de m3. Ce total est affecté par la surexploitation des ressources en eaux souterraines.  

Sur l'année hydrologique allant de septembre 2022 à août 2023, la plupart des réverbérations d'eau ont enregistré une baisse, en raison des baisses les plus importantes enregistrées dans les réservoirs de Tadla (-5), Beni Amir (-4), Sus (-4) et Chtouka (-1,5).  

Les apports enregistrés par bassin entre le 1er septembre 2023 et le 30 janvier 2024 ont connu une baisse considérable, atteignant un apport total de 669 millions de m3 avec une baisse de -85% de la normale et de 70% par rapport à l'année précédente.  

Après une analyse de l'évolution des apports d'eau aux barrages depuis 1979, la période 2019-2023 est celle où le niveau est le plus bas - PHOTO/FILE

A cet égard, le bassin du Loukkos a enregistré des apports de 35 millions de m3 avec un écart par rapport à la normale de -94%, alors que la Moulouya a enregistré 125 millions de m3 (-71%), le Sebou 128 millions de m3 (-92%), Bouregreg Chaouia 23 millions de m3 (-92%), Oum Erbia 255 millions de m3 avec (-77%), Tensift 56 millions de m3 (-64%), Sus Massa 16 millions de m3 (-94%), Draa Oued Nun 8 millions de m3 avec (-96%), Guir Ziz Rheris 21 millions de m3 (-68%). 

Les réserves disponibles au 30 janvier sont de 3,73 milliards de m3. Pour les seuls deux premiers mois de l'année 2024, les barrages ont perdu 8,6 points, atteignant un taux de remplissage de 23,2%.   

Compte tenu de la baisse des précipitations, le taux de remplissage des barrages du Loukkos est de 38,8%, de la Moulouya de 24%, de Sebou de 35,6%, de Bouregreg Chaouia de 21%, d'Oum Rbia de 4,8%, de Tensift de 48,7%, de Sus Massa de 11,4%, de Draa Oued Nun de 20,9%, et de Guir Ziz Rheris de 26,6%.