Le parlement libanais élit Joseph Aoun comme nouveau président
Le Parlement libanais a élu l'ancien chef de l'armée Joseph Aoun à la présidence du pays, mettant ainsi fin à des années d'impasse politique et à un vide présidentiel prolongé. M. Aoun, chrétien maronite, a été élu après 13 tentatives infructueuses depuis la fin du mandat de Michel Aoun en octobre 2022.
L'ancien chef de l'armée libanaise et candidat principal a été élu président après deux tours de scrutin, à la suite des efforts déployés par l'Arabie saoudite et les États-Unis pour rallier le soutien de M. Aoun, qui entretient des relations étroites avec Washington et Riyad. Ces deux pays joueront un rôle clé dans la reconstruction du Liban après 14 mois de guerre entre Israël et la milice chiite libanaise Hezbollah.
L'organisation soutenue par l'Iran a quant à elle exprimé son soutien à un autre candidat, Suleiman Frangieh, chef d'un petit parti chrétien du nord du Liban entretenant des liens étroits avec l'ancien président syrien Bashar Assad. Cependant, peu avant le vote, Frangieh a annoncé qu'il se retirait de la course à la présidence, exprimant son soutien à M. Aoun.
Parmi les autres candidats figuraient Jihad Azour, ancien ministre des finances et actuel directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international, et Elias Al-Baysari, directeur par intérim de la Sûreté générale du Liban.
Le système politique libanais, fondé sur le partage du pouvoir selon des critères sectaires, a tendance à stagner en raison d'obstacles politiques et procéduraux. Le pays des cèdres, enlisé dans une crise profonde, a connu plusieurs vacances présidentielles prolongées, la plus longue ayant duré près de deux ans et demi entre mai 2014 et octobre 2016, lorsque l'ancien président Michel Aoun a finalement été élu.
Après avoir été déclaré président, M. Aoun a démissionné de son rôle militaire et est arrivé au parlement pour prêter serment en civil. Au cours de son mandat, il sera confronté à d'énormes défis, qu'il s'agisse de mettre en œuvre l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah ou de trouver des fonds cruciaux pour la reconstruction du pays.
Bien que l'armée libanaise n'ait pas participé à la guerre ouverte contre Israël, elle joue un rôle crucial dans la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu, qui prévoit un déploiement militaire dans les zones du Sud-Liban contrôlées par le Hezbollah, à la frontière avec Israël, et le retrait des forces israéliennes du territoire libanais.
Depuis six ans, le Liban est plongé dans une crise économique et financière qui a dévasté sa monnaie et drainé les économies de milliers de Libanais. La compagnie nationale d'électricité, à court d'argent, ne peut fournir que quelques heures d'électricité par jour.
Dans le premier discours qu'il a prononcé après son élection, M. Aoun a déclaré qu'il n'autoriserait pas « l'ingérence dans le système judiciaire » ni « la contrebande ou les guerres », adressant ainsi un message clair au Hezbollah. Le nouveau président a également souligné que son rôle « est de défendre le droit de l'État à être le seul autorisé à porter des armes » et a promis de construire une « armée forte pour protéger les frontières ».
Peu après l'élection de M. Aoun, le ministre israélien des affaires étrangères, Gideon Sa'ar, a félicité le Liban pour l'élection d'un nouveau président « après une longue crise politique ». « J'espère que cette élection contribuera à la stabilité, à un meilleur avenir pour le Liban et son peuple et à de bonnes relations de voisinage », a-t-il ajouté.