Le parquet français ouvre une enquête après l'incident de Saïdia
Le parquet français a ouvert une enquête sur la mort de deux touristes franco-marocains lors d'une excursion en jet ski dans la ville côtière de Saïdia, près de la frontière entre le Maroc et l'Algérie. Les deux victimes, Bilal Kissi et Abdelali Mechouar, ont été abattues par des garde-côtes algériens, qui ont également ouvert le feu sur deux autres touristes qui naviguaient avec les défunts.
Comme l'a précisé le parquet français, cette enquête, "en miroir" de celle menée par les autorités judiciaires à Oujda, a été ouverte pour "homicide volontaire et confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris", selon l'AFP.
Cette enquête intervient après que les avocats des familles des deux victimes ont déposé dimanche une plainte à Paris pour "homicide aggravé, tentative d'homicide aggravé, détournement de bateau et non-assistance à personne en danger".
Ces derniers jours, le ministère algérien de la Défense a également donné sa version des faits, admettant que les garde-côtes ont tiré sur les jet-skis "après plusieurs sommations verbales de s'arrêter".
Les organisations marocaines de défense des droits de l'homme ont manifesté à Rabat pour condamner l'incident. Driss Al-Sedraoui, président national de la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'homme, a déclaré aux médias locaux Febrayer que l'incident était "un acte organisé, planifié par les chefs de l'armée algérienne", qui commet également de "véritables crimes" contre les citoyens algériens, en particulier dans la région de Kabylie, selon Al-Sedraoui.
"L'Algérie tente d'exporter ses crises internes en semant la discorde dans la région", a ajouté le président de l'organisation marocaine, qui a également rappelé que l'Algérie "viole largement les droits de l'homme".
Quant aux mesures qu'ils prendront après la mort des deux Franco-Marocains, Al-Sedraoui a assuré qu'ils enverront une lettre au Secrétaire général de l'ONU et adopteront des "procédures contre l'Algérie". Le militant a également tenu à réaffirmer sa solidarité avec les deux jeunes hommes décédés, soulignant la nécessité d'"attirer l'attention de l'opinion publique nationale et internationale sur la série de crimes que le régime algérien a l'habitude de commettre".
D'autres organisations ou organismes tels que le Conseil national marocain des droits de l'homme ou la Ligue amazighe des droits de l'homme ont condamné ce qui s'est passé. Cette dernière association a même demandé à l'ONU "l'ouverture d'une enquête internationale impartiale et exhaustive" sur l'incident. "Ce crime atroce constitue un véritable crime contre l'humanité au sens du Statut de Rome de la Cour pénale internationale", a affirmé la Ligue, rappelant qu'il s'agit d'une attaque des autorités militaires algériennes contre des civils marocains.
L'organisation a également souligné que ce n'est pas la première fois qu'un événement similaire se produit. En 2014, un soldat algérien a tiré sur des citoyens marocains, tandis qu'en 2011, un soldat marocain a été tué à la frontière adjacente à la ville de Jerada.
L'Algérie fait chanter la famille de l'une des personnes décédées
Selon le média Telexpresse, le régime algérien a tenté de faire chanter la famille d'une des victimes de l'incident au sujet de la remise du corps, localisé par les garde-côtes algériens. Selon le média, le père du défunt a "catégoriquement rejeté" la demande des autorités algériennes de ne pas parler de l'incident aux médias. "Sinon, il ne recevrait pas le corps de la victime", a déclaré Telexpresse.
La famille a également refusé de signer un document attestant que leur fils s'est noyé. À cet égard, le père a demandé aux autorités algériennes comment elles pouvaient affirmer qu'il s'était noyé alors que le corps portait "deux balles, une dans le dos et une dans la tête".
Le gouvernement britannique met en garde les citoyens contre l'armée algérienne
Le ministère britannique des Affaires étrangères a publié un communiqué mettant en garde ses ressortissants à la suite de l'incident survenu à Saïdia. Comme le souligne la note du ministère, "la frontière terrestre entre l'Algérie et le Maroc est fermée, ne tentez pas de la franchir".
"La frontière s'étend jusqu'à la mer. Si vous êtes sur un bateau ou si vous louez un jet ski, assurez-vous de connaître les frontières maritimes et de rester clairement dans les eaux territoriales marocaines", ajoute le ministère. Dans leur communiqué, les autorités britanniques demandent également à leurs ressortissants de s'assurer qu'ils ont "suffisamment de carburant pour regagner la côte".