Le cessez-le-feu humanitaire dans la région n'a pas été respecté et l'Azerbaïdjan retire des terres à l'armée arménienne

Poutine appelle Erdogan à faire pression pour une désescalade dans le Haut-Karabagh

AP/KAREN MIRZOYAN - Des recrues arméniennes volontaires se rassemblent dans un centre où elles reçoivent leurs uniformes et leurs armes avant d'être envoyées au front près de Hadrut, la République autoproclamée du Haut-Karabakh, en Azerbaïdjan, le mardi 29 septembre 2020

Le conflit régional caucasien suscite l'intérêt du monde entier. Le Haut-Karabakh était inconnu de beaucoup il y a un mois, mais le conflit dont nous entendons parler aujourd'hui est actif depuis un siècle. L'intervention de la Turquie pour soutenir les Azéris a incité le président russe à demander son aide pour mettre fin à l'escalade.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan se battent pour plusieurs enclaves territoriales qui n'ont pas été officiellement délimitées. Plus précisément, la région du Haut-Karabakh, qui est devenue indépendante sous le nom de République d'Artsakh en 1991. Après avoir attendu 26 ans une résolution pacifique internationale, les parties en présence ont repris les armes pour régler le conflit par elles-mêmes. 

Hier, le président russe Vladimir Poutine a demandé à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, lors d'une conversation téléphonique, de contribuer à réduire la tension dans la région du Haut-Karabakh, qui est sous la souveraineté de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan depuis des décennies. 

« L'espoir a été exprimé que la Turquie, en tant que membre du groupe de Minsk de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), contribuera de manière constructive à une désescalade du conflit dans la région », a déclaré le Kremlin dans un communiqué de presse.

Le Groupe de Minsk a été créé en 1992 pour trouver une solution à ce conflit territorial. Les coprésidents du Groupe de Minsk sont la Russie, la France et les États-Unis. En outre, le groupe se compose du Belarus, de l'Allemagne, de l'Italie, de la Suède, de la Finlande et de la Turquie, ainsi que de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie. 

Mais ce groupe n'a encore fait aucun progrès et, de la part de ses propres membres, il reçoit des critiques très dures sur la gestion de ce conflit territorial oublié.  

La Turquie elle-même a ouvertement critiqué l'inefficacité de cet organe qui, selon elle, étant dirigé par la Russie, « a paralysé le conflit plutôt que de le régler », a dénoncé Erdogan dans les médias turcs il y a deux semaines.  

L'intervention directe de la Turquie dans le conflit en soutenant les Azéris fait la une des journaux. Les milices turques dans le nord de la Libye et en Syrie et l'utilisation d'armes militaires turques mettent la communauté internationale mal à l'aise. Le dirigeant russe a exprimé son inquiétude quant à l'implication des « combattants du Moyen-Orient dans les actions militaires qui se déroulent dans la région », selon l'agence de presse Spoutnik.

À cet égard, il a souligné la nécessité d'efforts conjoints pour « mettre fin à l'effusion de sang et assurer une solution pacifique au problème ». Poutine et Erdogan ont ainsi réaffirmé l'importance de respecter la trêve humanitaire convenue le 10 octobre à Moscou et ont appelé à un processus politique. 

Le cessez-le-feu a échoué et les accusations pleuvent sur les parties adverses

Après deux semaines de combats intenses, la communauté internationale a été soulagée samedi de voir l'annonce du cessez-le-feu humanitaire dans le Haut-Karabakh. Cette décision, parrainée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), visait à permettre à la population civile de partir, de disposer de ressources de base et de pouvoir rendre visite à ses familles et aux morts. En outre, la trêve prévoyait l'échange de prisonniers de guerre, de personnes détenues et de cadavres entre les deux parties belligérantes. 

Cependant, quelques heures après le cessez-le-feu, les coups de feu et les tirs de canons ont recommencé à se faire entendre. Les communiqués de presse ont fait état de blessés, de morts et de personnes déplacées. C'était le contraire de ce que la communauté internationale attendait du cessez-le-feu.

Au moins 438 membres des forces de défense du Haut-Karabakh et 41 civils azéris ont été tués dans les combats au cours des deux dernières semaines, selon les chiffres publiés par les autorités respectives dimanche. Le ministère de la défense du Karabakh a ajouté 25 soldats supplémentaires à son bilan ces dernières heures, ce qui porte à 438 le nombre total de victimes en deux semaines de combat. 

Du côté azerbaïdjanais, qui n'a pas donné de chiffres officiels concernant les pertes humaines parmi ses militaires depuis des jours, l'escalade des combats a fait au moins 41 morts et 200 blessés parmi les civils, selon le bureau du procureur général azerbaïdjanais, cité par l'agence russe Spoutnik. Les attaques ont également causé des dommages à 1 165 maisons privées, 57 bâtiments résidentiels et 146 installations civiles. 

La guerre s'est poursuivie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie s'accusant mutuellement de violer le cessez-le-feu. « Le matin du 12 octobre, les forces armées arméniennes ont bombardé la région d'Agdam », selon une déclaration du ministère azerbaïdjanais de la défense. Selon la partie azerbaïdjanaise, les troupes arméniennes ont tenté de reprendre leurs positions au sud du Haut-Karabakh, mais ont été repoussées.

Le cessez-le-feu prévoyait un échange de prisonniers de guerre et le retrait des corps des victimes du conflit avec l'aide du CICR, mais ces deux processus n'ont pas pu être menés à bien. 

L'Azerbaïdjan soutient que la solution au conflit avec l'Arménie passe nécessairement par la libération des territoires occupés, une exigence qui a été soutenue par plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. L'Arménie, cependant, soutient le droit à l'autodétermination du Haut-Karabakh et préconise la participation des représentants du territoire séparatiste aux négociations sur le règlement du conflit.