Le chef du Kremlin semble en meilleure position qu'il y a un an, lorsque ses troupes battaient en retraite de manière humiliante dans le sud et le nord-est de l'Ukraine

Poutine met en garde les pays occidentaux contre un risque "réel" de guerre nucléaire

Sur cette photo de groupe diffusée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine prononce son discours annuel sur l'état de la nation au centre de conférences Gostiny Dvor, dans le centre de Moscou, le 29 février 2024 - PHOTO/Gavriil GRIGOROV/POOL/AFP

Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde jeudi les puissances occidentales contre le risque "réel" d'une guerre nucléaire en cas d'escalade du conflit en Ukraine, dans son discours à la nation exposant les priorités du pays à deux semaines d'une élection présidentielle incontestée.

  1. Des capacités militaires "multipliées"
  2. Silence sur Navalni

M. Poutine s'est félicité de l'avancée de ses troupes sur le front ukrainien et a mis en garde contre les "conséquences tragiques" si des pays occidentaux envoyaient des soldats à Kiev, après que le président français Emmanuel Macron a évoqué cette possibilité la semaine dernière.

Ces pays "ont évoqué la possibilité d'envoyer des contingents militaires occidentaux en Ukraine (...) Mais les conséquences de telles interventions seraient vraiment tragiques", a déclaré M. Poutine à l'élite politique russe au Gostiny Dvor, un palais des congrès situé près de la place Rouge de Moscou.

"Ils devraient se rendre compte que nous disposons également d'armes capables d'atteindre des cibles sur leur territoire. Tout ce qu'ils inventent actuellement, en plus d'effrayer le monde, constitue une menace réelle de conflit dans lequel des armes nucléaires sont utilisées, ce qui signifie la destruction de la civilisation", a-t-il déclaré.

Des capacités militaires "multipliées"

Le chef du Kremlin semblait en meilleure position qu'il y a un an, lorsque ses troupes battaient en retraite de manière humiliante dans le sud et le nord-est de l'Ukraine après une tentative ratée de prise de Kiev au printemps 2022.

Mais depuis, la contre-offensive estivale de l'Ukraine a échoué et ses forces sont désormais sur la défensive, à court de munitions, et dépassées en nombre et en armement par des soldats russes plus nombreux et mieux armés.

À la mi-février, les forces de Moscou se sont emparées de la ville fortifiée d'Avdiivka sur le front oriental et poursuivent leur offensive dans ce secteur.

"Les capacités militaires des forces armées (russes) se sont multipliées. Elles progressent régulièrement dans plusieurs zones" du front, a déclaré M. Poutine jeudi, ajoutant que "la majorité absolue du peuple russe" soutenait la campagne militaire en Ukraine.

Il a également salué la "flexibilité et la résilience" de l'économie russe qui, malgré l'assaut des sanctions occidentales, résiste et se concentre sur la machine de guerre et le marché asiatique.

Silence sur Navalni

Dans ses discours à la nation, Poutine a l'habitude de faire le bilan de l'année écoulée et de fixer les orientations stratégiques du pays.

Comme à son habitude, il a utilisé jeudi cette tribune pour s'en prendre à l'Occident, présenté comme l'ennemi dépravé des "valeurs traditionnelles" officiellement défendues par le Kremlin.

"Une famille avec beaucoup d'enfants doit être la norme", a-t-il déclaré, sur fond de graves problèmes démographiques dans le pays, accentués par l'agression contre l'Ukraine et la fuite à l'étranger de centaines de milliers de personnes.

M. Poutine a également assuré que la lutte contre la pauvreté en Russie était l'une de ses priorités et s'est félicité de la réduction de la "consommation d'alcool" dans le pays.

Ce discours intervient à la veille des funérailles à Moscou de son principal opposant, le militant anti-corruption Alexeï Navalni, décédé en prison dans des circonstances opaques le 16 février dernier.

M. Poutine, qui ne prononce jamais le nom de M. Navalni, n'a pas encore commenté son décès, qui a suscité une vive émotion dans le pays et à l'étranger.

En pleine campagne présidentielle pour les élections du 15 au 17 mars, Vladimir Poutine a multiplié les apparitions médiatiques depuis le début de l'année : on l'a vu récemment distribuer des médailles ou à bord d'un bombardier de la force de dissuasion nucléaire russe.