Le retour à l'accord nucléaire continue de s'éterniser
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a exprimé son "malaise" à la suite de l'annonce faite par l'Iran de ne pas reprendre les discussions à Vienne sur un retour à l'accord nucléaire tant que le président nouvellement élu, Ebrahim Raisi, n'aura pas prêté serment et formé un gouvernement.
Les pourparlers de Vienne, parrainés par l'UE, ont maintenant connu six cycles de négociations. La dernière session a eu lieu en juin dernier, et bien que l'administration Biden ait exprimé à plusieurs reprises son intention de revenir à l'accord nucléaire de 2015, dans la pratique, ce n'est pas si facile. L'Iran, sous la présidence de Hasan Rohani, et les États-Unis, sous l'administration Obama avec l'actuel président américain Joe Biden comme vice-président, ont conclu un accord nucléaire en 2015 qui limitait le programme nucléaire iranien en échange d'un allègement des sanctions économiques.
En 2018, l'administration de Donald Trump a décidé de se retirer unilatéralement de cet accord et de réimposer des sanctions à la République islamique, imposant une "politique d'étouffement" au pays perse. De nombreux pays européens ont critiqué cette décision, tandis que des pays comme Israël, grand ennemi de l'Iran, ont applaudi la réimposition des sanctions. Depuis que les États-Unis se sont retirés du JCPOA, l'Iran a contourné l'accord nucléaire en enrichissant une petite quantité d'uranium à 60 %, alors que l'accord nucléaire limitait le programme de Téhéran à un enrichissement allant jusqu'à 3,67 %, soit suffisamment pour alimenter un réacteur nucléaire civil.
Le directeur de l'AIEA, Rafael Grossi, a déclaré dans une interview qu'"il y a un certain nombre de questions, des questions que nous essayons de clarifier avec l'Iran et nous devrons attendre de reprendre [les discussions] à nouveau avec la prochaine équipe dirigeante". M. Grossi a ajouté que "cela nous met dans une situation plutôt délicate", mais a précisé qu'il faisait référence à "l'AIEA, je ne sais pas pour les autres [participants aux négociations], mais je suppose qu'ils préfèrent négocier qu'attendre".
M. Grossi a souligné à nouveau que l'organisation "navigue à l'aveuglette". "Mais nous devons être optimistes, professionnellement optimistes, et dire : nous devons attendre et recommencer dès que possible, dès que le nouveau gouvernement sera en place", a-t-il déclaré. Fin juin, un accord entre l'AIEA et la République islamique, en vertu duquel l'AIEA pouvait effectuer des inspections et des vérifications du programme atomique iranien, a pris fin. Cet accord a pris fin le 24 juin et, selon M. Grossi lui-même, il n'a pas été possible de parvenir à un nouvel accord.
De son côté, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a une nouvelle fois souligné que les pourparlers de Vienne sur la réactivation de l'accord nucléaire de 2015 reprendront sous le nouveau gouvernement de Téhéran. Lors d'une conférence de presse avec les médias locaux, M. Khatibzadeh a également fait référence à la controverse sur un éventuel échange de prisonniers entre l'Iran et les États-Unis, que ces derniers nient. La République islamique a annoncé dimanche dernier qu'un accord avait été conclu avec les États-Unis pour qu'un tel échange ait lieu, mais Washington a démenti cette information.
Khatibzadeh a qualifié l'attitude des États-Unis de "scandaleuse". "Outre les discussions du JCPOA à Vienne, nous avons eu des discussions parallèles mais séparées avec les États-Unis indirectement et avec le Royaume-Uni sur cette question humanitaire. Ce que font les États-Unis, c'est lier une question humaine à des questions politiques", a déclaré le porte-parole iranien des affaires étrangères.