La Russie accuse l’Ukraine d’avoir orchestré une attaque de drones sur Moscou

Le ministère russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a déclaré lundi matin avoir déjoué une attaque de drone ukrainien contre Moscou. Dans la nuit du 23 au 24 juillet 2023, un drone ukrainien a attaqué la capitale russe, tandis que deux autres drones ont été interceptés et détruits. Selon l’agence de presse russe TASS, l’un des drones est tombé sur Komsomolsky Prospekt, située à quelques pas du ministère russe de la Défense, tandis que l’autre a frappé un centre d’affaires situé rue Likhacheva, près de l’un des principaux boulevards périphériques de Moscou.
Les attaques ont également été confirmées par le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, qui a déclaré sur sa chaîne Telegram : « Aujourd'hui, vers quatre heures du matin, des frappes de drones sur deux bâtiments non résidentiels ont été enregistrées. Il n'y a pas de dégâts ni de victimes graves ». Selon BBC, bien que Sobianine ait utilisé l’expression « frappe sur des bâtiments », le ministère de la Défense a précisé que les drones s’étaient en réalité « écrasés ». Au total, le département militaire a annoncé que les deux drones ont été « supprimés » au moyen de la guerre électronique.

Le choix du lieu de l’attaque n’est pas anodin. En effet, dans un tweet, le journaliste d’investigation Khristo Grozev, a affirmé que la maison du 17 Komsomolsky Prospekt, où l'épave du deuxième drone a été retrouvée, se situe non seulement en face d’une fanfare militaire, mais également à proximité du quartier général des cybertroupes du GRU (le service de renseignements de l'État-Major des Forces armées de la Fédération de Russie), dont le groupe de hackers Fancy Bear, supposément actif depuis 2004. Aujourd’hui, Grozev est déclaré « agent de l’étranger » par les autorités russes et son projet Bellingcat, une ONG regroupant des enquêteurs en ligne spécialisés dans la vérification des faits et le renseignement d'origine source ouverte, est considérée comme une organisation indésirable.
Selon BBC News, d’autres complexes militaires se trouvent à proximité des lieux de l’attaque comme l’Université militaire Alexandre Nevsky, prince de Novgorod et héros national russe. Historiquement, ce quartier était connu sous le nom de « caserne de Khamovniki », où « plusieurs autres installations top secrètes du GRU » pourraient être localisées. En outre, le 17 Komsomolsky Prospekt est situé « à moins de 200 mètres » du Centre de contrôle de la défense nationale du ministère de la Défense, selon Rob Lee, chercheur principal à l’Institut d’étude de politique étrangère basé aux États-Unis.

Il s’agit de la troisième attaque de drone contre Moscou depuis début mai. Pour rappel, la capitale russe avait subi dans la nuit du 3 mai 2023 une attaque de drones qui avaient explosé au-dessus du dôme du palais du Sénat. Vingt-sept jours plus tard, dans une attaque plus massive, des drones se sont écrasés dans des immeubles résidentiels de la perspective Leninsky, de la rue Profsoyuznaya et de la rue Atlasova à New Moscow sans causer de graves dommages. Enfin, le 4 juillet 2023, les autorités russes ont signalé la démolition de cinq drones à l’approche de Moscou. Selon BBC news, les officiels n'ont pas expliqué pourquoi ils ont réussi à faire dévier les drones de leur trajectoire uniquement à Moscou cette fois-ci, et non lorsque ceux-ci s’approchaient de la capitale, comme ce fut le cas au début du mois.
Russian media report that a drone attacked buildings near Komsomolsky prospect 17 in Moscow; traffic down this avenue has been closed. What is interesting is that this address is just across from the headquarters of GRU's cyber offense (incl. FancyBear), among other mil. units pic.twitter.com/WtdxBPg5od
— Christo Grozev (@christogrozev) July 24, 2023
Pour l’instant, Kiev ne s’est pas officiellement prononcée sur cette nouvelle attaque de drones sur Moscou. Généralement, l’Ukraine nie toute implication dans les attaques sur le territoire russe, bien que ses responsables y fassent souvent allusion. Cependant, le ministre de la Transformation numérique de l'Ukraine, Mykhailo Fedorov, a déclaré ce matin sur sa chaîne Telegram : « la nuit dernière, des drones ont attaqué la capitale de l'orque et la Crimée. La guerre électronique et la défense aérienne sont de moins en moins capables de protéger le ciel des occupants. Quoi qu'il arrive, il y en aura d'autres ».
Cet événement s’est produit dans un contexte de reprise de frappes russes massives sur Odessa. Le centre historique de la ville, alors sous protection de l’UNESCO, a été la cible de tirs de roquette la veille de l’attaque de drones ukrainiens ainsi que d’autres bâtiments historiques comme la cathédrale de la Transfiguration du Sauveur. En outre, les infrastructures portuaires de la région d’Odessa ont également subi des attaques de drones, une semaine après que Moscou ait pris la décision de se retirer de l’accord sur les céréales.