La Russie et la Chine mesurent leur influence en Asie centrale

Malgré la forte alliance stratégique entre les deux puissances, Moscou et Pékin restent des rivaux historiques pour l'influence dans la région, traditionnellement proche de la Russie mais clé pour l'initiative chinoise de la Ceinture et de la Route 
El presidente de Rusia, Vladimir Putin, y el presidente de China, Xi Jinping - AFP/ALEXANDER RYUMIN
Les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping se rencontreront lors du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) - AFP/ALEXANDER RYUMIN 
  1. L'OCS, un pilier du "nouvel ordre mondial"
  2. Rivalités en Asie centrale 

Les présidents russe et chinois, Vladimir Poutine et Xi Jinping, ont atterri au Kazakhstan pour participer au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), une alliance considérée comme un contrepoids aux États-Unis et à leurs alliés.   

Le bloc régional dirigé par Pékin vise à promouvoir des approches communes face aux menaces sécuritaires communes telles que le trafic de drogue et le terrorisme, à contrer toute instabilité intérieure et à renforcer les partenariats économiques.  

<p>Delegaciones encabezadas por el presidente de Kazajstán, Kassym-Jomart Tokayev, y el presidente de China, Xi Jinping, mantienen conversaciones en Astana, Kazajstán, el 3 de julio de 2024 - PHOTO/Servicio de Prensa del Presidente de Kazajstán via REUTERS </p>
Des délégations conduites par le président kazakh Kassym-Jomart Tokayev et le président chinois Xi Jinping s'entretiennent à Astana, Kazakhstan, le 3 juillet 2024 - PHOTO/Kazakhstan President's Press Service via REUTERS 

Lors de ce sommet de deux jours, les dirigeants des OCS devraient discuter de l'état actuel de l'organisation et des perspectives d'"approfondissement de la coopération multiforme au sein de l'organisation et d'amélioration de ses activités", a déclaré le Kremlin dans un communiqué.  

À l'issue de la réunion, la déclaration d'Astana et d'autres documents conjoints seront signés. Lors du sommet virtuel de l'année dernière, l'OCS a publié une déclaration finale soulignant l'impact négatif de "l'expansion unilatérale et sans restriction des systèmes mondiaux de défense antimissile par certains pays ou groupes de pays", sans faire directement référence à l'expansion de l'OTAN et à l'assistance militaire occidentale à l'Ukraine.  

<p>El presidente ruso, Vladimir Putin, es recibido por el primer ministro kazajo, Olzhas Bektenov, durante una ceremonia de bienvenida a su llegada a un aeropuerto en Astaná, Kazajstán, el 3 de julio de 2024 - SPUTNIK/GAVRILL GRIGOROV via REUTERS </p>
Le président russe Vladimir Poutine est accueilli par le Premier ministre kazakh Olzhas Bektenov lors d'une cérémonie de bienvenue à son arrivée à l'aéroport d'Astana, au Kazakhstan, le 3 juillet 2024 - SPUTNIK/GAVRILL GRIGOROV via REUTERS 

L'organisation, créée en 2001, est composée de la Chine, de la Russie, de l'Inde, de l'Iran, du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Pakistan, du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan. La Biélorussie, qui a le statut d'observateur depuis 2015, participera au sommet pour la première fois en tant que membre à part entière de l'alliance.  

Parmi les autres pays participant aux négociations avec le groupe figurent la Turquie, le Bahreïn, le Cambodge, l'Égypte, le Koweït, le Myanmar, le Népal, le Qatar, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, devrait également se rendre à Astana pour participer au sommet.  

<p>El presidente ruso, Vladimir Putin, y el presidente turco, Tayyip Erdogan, asisten a una reunión en el marco de la cumbre de la Organización de Cooperación de Shanghái (OCS) en Samarcanda, Uzbekistán, el 16 de septiembre de 2022 - SPUTNIK/ALEXANDER DEMYANCHUK via REUTERS </p>
Le président russe Vladimir Poutine et le président turc Tayyip Erdogan participent à une réunion en marge du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Samarkand, en Ouzbékistan, le 16 septembre 2022 - SPUTNIK/ALEXANDER DEMYANCHUK via REUTERS

L'OCS, un pilier du "nouvel ordre mondial"

L'OCS, ainsi que les BRICS, sont un élément clé pour la Russie et la Chine dans leur stratégie visant à changer l'ordre mondial actuel et à contrer l'"hégémonie" des États-Unis sur la scène internationale. En ce sens, Yuri Ushakov, conseiller du Kremlin, a souligné que ces deux alliances "sont les principaux piliers du nouvel ordre mondial, une locomotive dans le contexte de l'établissement d'un multilatéralisme total dans les affaires mondiales".  

La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré que le sommet de l'OCS "contribuerait à renforcer le consensus entre toutes les parties et à promouvoir la sécurité, la stabilité et le développement des pays membres", tout en faisant progresser "la paix durable et la prospérité commune dans le monde".

Moscou et Pékin ont tous deux souligné à plusieurs reprises la nécessité de promouvoir un nouvel ordre mondial "plus juste", fondé sur la multipolarité. Pour les États-Unis et leurs alliés internationaux, cependant, l'idée d'un monde "multipolaire" avancée par la Chine et la Russie sera basée sur les propres règles de Moscou et de Pékin, ce qui leur permettrait de s'imposer à Taïwan et à l'Ukraine.

Le Kremlin a déjà annoncé que Poutine rencontrerait plusieurs dirigeants régionaux en marge du sommet, notamment le président chinois Xi Jinging, le président turc Tayyip Erdogan et les présidents de l'Azerbaïdjan, de la Mongolie et du Pakistan, avant un dîner informel organisé par le président kazakh Kassym Khomart Tokayev.  

Le Premier ministre indien Narendra Modi ne participera pas au sommet et enverra son ministre des affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, au Kazakhstan. En revanche, Modi se rendra à Moscou à la fin du mois. 

<p>El presidente de Kazajstán, Kassym-Jomart Tokayev, y el presidente de China, Xi Jinping, participan en una ceremonia de bienvenida antes de sus conversaciones en Astana, Kazajstán, el 3 de julio de 2024 - PHOTO/Servicio de Prensa del Presidente de Kazajstán via REUTERS </p>
Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, et le président chinois, Xi Jinping, participent à une cérémonie de bienvenue avant leur entretien à Astana, Kazakhstan, le 3 juillet 2024 - PHOTO/Kazakhstan President's Press Service via REUTERS 

Rivalités en Asie centrale 

En plus de contrer les alliances occidentales, Xi et Poutine considèrent l'OCS comme un outil clé pour développer leurs intérêts stratégiques dans la région. 

La Chine et la Russie ont annoncé un partenariat bilatéral "sans limites" en février 2022 lors de la visite de M. Poutine à Pékin, peu avant que Moscou ne lance son invasion de l'Ukraine. Depuis lors, les deux puissances ont approfondi leur coopération dans un certain nombre de domaines.   

Malgré cette alliance stratégique solide, la Russie et la Chine restent des rivales historiques pour l'influence en Asie centrale. 

Les cinq pays de la région - le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan - sont d'anciennes républiques soviétiques et ont donc des liens culturels, linguistiques et économiques historiques avec la Russie. 

Toutefois, le développement économique et commercial croissant de la Chine et ses nombreux investissements dans la région ont remis en question l'influence traditionnelle de la Russie. Pour le géant asiatique, la région est au cœur de son projet international de développement des infrastructures, l'initiative "la Ceinture et la Route". L'Asie centrale est également riche en ressources naturelles et joue un rôle clé dans le transport terrestre de marchandises entre la Chine et l'Europe.