Les signataires de l'accord nucléaire avec l'Iran attendent Joe Biden
Les ministres des affaires étrangères de l'Europe, de la Chine, de la Russie et de l'Iran se sont réunis lundi par vidéoconférence pour tenter de transmettre leur engagement à "préserver l'accord". Pas de conditions préalables ou de changements, pas besoin de modifier ce qui a été signé en 2015, en prévision de la nouvelle administration américaine, alors que l'Iran s'éloigne de plus en plus de ses engagements nucléaires.
Les signataires de l'accord nucléaire avec la République islamique d'Iran ont déclaré lundi qu'ils "veulent répondre positivement" à la "perspective d'un retour des Etats-Unis" autour de la table, les Européens exhortant l'Iran à ne pas "transiger" sur l'avenir.
Joe Biden s'est engagé à revenir à l'accord, dont les États-Unis se sont retirés en 2018. A un mois de l'arrivée de Biden à la Maison Blanche, cette étape est essentielle pour le soutenir dans son projet de revenir à un accord signé par Barack Obama et dont Donald Trump s'est retiré unilatéralement. Depuis lors, Washington a rétabli les sanctions contre les entreprises qui négocient avec Téhéran et, en contrepartie, l'Iran est revenu enrichir de l'uranium au-delà de ce que permet le pacte signé en 2015.
Selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la République islamique dispose de 2 449 kilos de réserves d'uranium enrichi, alors que le traité la limite à 300 kilos.
"Les ministres ont convenu de poursuivre le dialogue (...) et ont pris note de la perspective d'un retour des États-Unis, soulignant leur volonté de répondre positivement dans un effort commun", selon une déclaration commune. Le dossier iranien connaît de nouveaux bouleversements depuis l'assassinat fin novembre d'un physicien nucléaire iranien, Mohsen Fajrizadeh.
Suite à cette attaque attribuée à Israël, l'aile la plus dure de Téhéran a promis des représailles, ce qui affaiblira encore plus l'accord conclu à Vienne en 2015. Début décembre, Paris, Londres et Berlin ont exprimé leur "profonde inquiétude" concernant l'installation de trois nouvelles centrifugeuses avancées d'enrichissement de l'uranium à Natanz, dans le centre de l'Iran.
Selon les termes de l'accord nucléaire iranien signé en 2015 à Vienne (JCPOA), Paris, Berlin et Londres demandent à Téhéran de ne pas "compromettre l'importante opportunité de retour à la diplomatie que représente l'arrivée de la nouvelle administration américaine" sous la présidence de Joe Biden qui a exprimé sa volonté de réintégrer les Etats-Unis dans l'accord de Vienne.
Les trois pays ont également été alarmés par l'approbation par le Parlement iranien d'une loi controversée sur la question nucléaire qui, si elle était adoptée, signifierait probablement la mort de l'accord. La loi demande au gouvernement de renforcer considérablement le programme nucléaire et de mettre fin aux inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
"J'ai clairement indiqué que l'Iran ne doit pas mettre en œuvre les extensions récemment annoncées de son programme nucléaire", a écrit le ministre britannique des affaires étrangères lundi sur Twitter. "Une telle mesure compromettrait les possibilités de progrès que nous espérons voir en 2021", a ajouté Dominic Raab.
Son homologue allemande Heiko Maas a également appelé à "ne pas manquer la dernière chance" pour un nouveau président d'entrer en fonction à Washington par des "manœuvres tactiques". Le président iranien a déclaré jeudi qu'il était confiant que le président élu des Etats-Unis Joe Biden reprendrait les engagements des Etats-Unis dans le cadre de l'accord dont Donald Trump s'est retiré.
"Je ne doute pas que la persévérance du peuple iranien au cours des trois dernières années obligera la nouvelle administration américaine à céder et à reprendre ses engagements", a déclaré Hassan Rohani à la télévision. "Les sanctions seront alors levées", a-t-il ajouté. Biden, qui doit arriver à la Maison Blanche le 20 janvier, a confirmé sa volonté de revenir à l'Accord de Vienne.
Les ministres ont souligné le rôle important de l'AIEA en tant que seule organisation internationale impartiale et indépendante mandatée par le Conseil de sécurité des Nations unies pour surveiller et vérifier le respect des engagements de non-prolifération nucléaire pris dans le cadre de la JCPOA. Les ministres ont rappelé que le Programme commun de coopération en matière de sûreté nucléaire, tel qu'approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies, reste un élément clé de l'architecture mondiale de non-prolifération nucléaire et une réalisation importante de la diplomatie multilatérale contribuant à la sécurité régionale et internationale.