Tebboune entame son mandat en reportant la crise gouvernementale promise et sans programme politique clair
L'absence de dialogue national et les graves problèmes de l'économie algérienne sont les principales questions non résolues du second mandat du président algérien
Le début du second mandat du président algérien nouvellement réélu, Abdelmajid Tebboune, semble aussi décevant que les observateurs internationaux et l'opposition le craignaient.
- Pas de crise gouvernementale
- Priorités du gouvernement
- Crise diplomatique
- Absence de dialogue national
En effet, l'espoir d'un changement de cap à la tête du gouvernement algérien était mince après une élection contestée, remportée massivement par le président sortant, sans opposition représentative et avec une série de candidats disqualifiés pour diverses raisons au cours des mois précédant les élections.
Pas de crise gouvernementale
Tout d'abord, Tebboune est revenu sur l'un des engagements pris pendant la campagne électorale : le 17 septembre, un communiqué de la présidence algérienne indiquait que le Premier ministre Nadhir Arbawi avait démissionné du gouvernement complet. Cette démission a été rejetée par Tebboune lui-même, qui a fait valoir qu'il était nécessaire que les ministres continuent à travailler sur les différents dossiers urgents qu'ils ont dans leurs départements et qui nécessitent une connaissance de la situation.
Cette décision n'a pas surpris les analystes politiques qui suivent de près la politique algérienne et qui n'espèrent guère que le nouveau mandat de Tebboune apporte un changement substantiel par rapport aux cinq dernières années.
Lors de sa prestation de serment au Palais du peuple à Alger pour son deuxième et dernier mandat, M. Tebboune a déclaré : « J'assume ce mandat grâce à vous en cette période sensible caractérisée par des défis aux niveaux national, régional et international », laissant derrière lui une Algérie « trahie, épuisée et corrompue », en référence au mandat du précédent président, Abdelaziz Bouteflika.
Priorités du gouvernement
Lors de son discours, le président élu a rappelé les principaux points de son programme électoral, largement critiqué pour son manque de détails concrets et de politique globale visant à assurer la relance économique du pays.
Ainsi, Tebboune a fait allusion à la nécessité d'atteindre l'autosuffisance totale en céréales telles que le blé dur, l'orge et le maïs, et d'étendre les zones irriguées à un million d'hectares.
En matière d'emploi, le président élu a déclaré dans son discours que « nous travaillerons à la création d'emplois, et je m'engage devant vous à créer 450 000 emplois pour nos jeunes et 20 000 nouvelles entreprises d'ici la fin du second mandat, ainsi que 20 000 nouveaux projets d'investissement et à ce que la contribution de l'industrie à la production atteigne 12 % ».
Des paroles que les opposants et les observateurs ont qualifiées de vides, étant donné que Tebboune lui-même n'a pas encore présenté aux deux chambres du Parlement un bilan et des comptes pour les cinq années de son premier mandat, comme il l'avait publiquement promis, ni les détails des politiques qu'il mettra en œuvre au cours de ce second mandat.
Crise diplomatique
Le problème est qu'il n'y a pas d'opposition effective à Tebboune au parlement, qui est dominé par des partis indépendants fidèles au président réélu. Les observateurs internationaux s'accordent à dire que la situation économique du pays nécessite une mobilisation des ressources de l'Algérie, une vision stratégique pour lutter contre le chômage, fournir des services de santé et d'éducation, et promouvoir le développement et l'économie.
Sur le plan international, la politique étrangère agressive qui a caractérisé le premier mandat de Tebboune a conduit à de nombreuses crises avec les pays voisins, le reste de la région et même le monde. Le Maroc, les pays du Golfe, l'Espagne, la France et même la Russie ont été la cible des foudres du gouvernement Tebboune, qui s'est retrouvé de plus en plus isolé sur la scène internationale, alors que la situation compliquée des pays du Sahel plaide en faveur d'une politique de recherche d'alliés.
Absence de dialogue national
Sur le plan intérieur, outre l'absence de politiques économiques et sociales concrètes, il est reproché à Tebboune de ne pas avoir respecté son engagement d'ouvrir un dialogue national avec le reste des acteurs politiques afin d'instaurer une véritable démocratie.
La seule référence de Tebboune à ce dialogue national lors de son discours d'investiture a été de déclarer son intention « d'ouvrir un dialogue politique national qui inclut toutes les énergies politiques et de jeunesse vitales », encore une fois sans préciser quels types de contacts et avec quelles organisations politiques.
Tout porte à croire que le dialogue national restera une question pendante pour le gouvernement de Tebboune qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2019, s'est entouré de partis politiques loyaux et a exclu les partis d'opposition, les empêchant même de se présenter aux dernières élections présidentielles.
L'opposition exige que le président réélu, s'il veut être crédible dans ses aspirations à mener un dialogue national, comme le demandent le Parti des travailleurs, le Rassemblement pour la culture et la démocratie et le Front des forces socialistes, offre des garanties telles que la levée des restrictions politiques et de la censure des médias, ainsi que la libération des prisonniers politiques.