La Turquie arrête trois députés européens sous l'inculpation de délits de sécurité et de terrorisme
Trois députés turcs de l'opposition progressiste ont été arrêtés après avoir perdu leur statut parlementaire jeudi, après avoir été condamnés pour des crimes liés à la sécurité nationale et au terrorisme. L'un d'entre eux, Enis Berberoglu, appartient au Parti républicain populaire social-démocrate (CHP), le plus grand parti d'opposition. Les deux autres, Leyla Güven et Musa Farisogullari, sont membres du Parti démocratique du peuple (HDP), la formation de gauche pro-kurde qui est la troisième force la plus importante de la Chambre.
Berberoglu a été condamné par la Cour suprême à cinq ans et dix mois de prison pour avoir « révélé des documents d'État » dans une affaire qui a démontré un trafic d'armes officiellement soutenu de la Turquie vers la Syrie. Güven et Farisogullari ont été condamnés à six et neuf ans respectivement pour leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le mouvement de guérilla kurde considéré comme terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'Union européenne. La loi turque prévoit la perte du statut de député en cas de condamnation incompatible avec la qualité de candidat, une fois que l'ordonnance a été officiellement lue au Parlement, ce qui s'est produit jeudi.
Deux des arrestations ont eu lieu après que le bureau du procureur général de Diyarbakır ait ordonné l'arrestation de fonctionnaires kurdes de l'opposition. « Je suis arrêtée », a écrit la législatrice Hakkari Leyla Guven du Parti démocratique du peuple pro-kurde (HDP) sur son compte Twitter jeudi soir, comme le rapporte digital Kurdistan24. « La résistance, c'est la vie », a-t-elle ajouté, un slogan révolutionnaire du mouvement kurde en Turquie.
Enis Berberoglu, un parlementaire d'Istanbul du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), et un autre membre du HDP de Diyarbakir, Musa Farisogullari, ont également été arrêtés. « Le Parlement turc a retiré à notre députée Leyla Güven et Farisoğulları leur statut de membres du Parlement dans un geste illégal », a-t-elle déclaré jeudi sur le compte Twitter officiel du HDP. « Güven et Farisoğulları représentent la volonté de millions de personnes. La révocation de leurs sièges parlementaires ne nous intimidera pas, ni notre peuple ! »
La police turque a procédé à de nouvelles arrestations ce vendredi. Au moins 68 personnes ont été arrêtées en raison de leurs liens avec l'ecclésiastique Fethullah Gülen, que les autorités accusent d'être derrière le coup d'Etat de 2016, rapporte l'agence de presse Anadolu.
Ces arrestations surviennent après que le bureau du procureur général d'Izmir a émis des mandats d'arrêt à l'encontre de 31 personnes après avoir découvert qu'elles utilisaient ByLock, l'application de messagerie cryptée pour smartphones. 37 autres personnes ont été arrêtées pour leur implication avec Gülen dans une enquête du ministère public d'Ankara. La Turquie accuse les partisans de Gülen d'être à l'origine d'une longue campagne visant à renverser l'État en infiltrant les institutions turques, en particulier l'armée, la police et le système judiciaire.