La Turquie contrôle déjà les ports de Tripoli, Misrata et Al-Khums
Les forces turques intervenant en Libye, soutenues par le Qatar militairement et financièrement, contrôlent déjà les ports de Tripoli, Misrata et Al-Khums, a confirmé Ahmed Al-Mesmari, porte-parole de l'armée libyenne commandée par le maréchal Khalifa Haftar, dans une conférence de presse via Facebook ce mercredi qui inclut la version numérique de la chaîne Al-Arabiya. Al-Mesmari a déclaré que l'armée libyenne est prête au combat et a assuré que ses forces résisteront à « l'ennemi ».
La Libye est un État en faillite, victime du chaos et de la guerre civile, puisqu'en 2011, l'OTAN a contribué militairement à la victoire des différents groupes rebelles sur la tyrannie de Mouammar Kadhafi. Depuis 2015, le pays dispose de deux exécutifs : celui qui est sous la tutelle de Haftar à l'est et celui appelé le gouvernement d'accord national soutenu par l'ONU à Tripoli (GNA, par son acronyme en anglais).
Al-Mesmari a également rapporté lors de la conférence de presse de mercredi que le commandant de l'armée libyenne, Khalifa Haftar, a autorisé la réouverture des ports pétroliers dans le golfe de Syrte contesté et la reprise de la production de pétrole et de gaz après plus de six mois de blocus. Selon le chef de la milice des Gardiens des installations pétrolières, Nayib al Maghribi, la mesure vise à « mettre fin aux problèmes dont souffrent des milliers de Libyens dans différentes régions du pays et à protéger cette infrastructure vitale pour la survie du pays ». En particulier, pour mettre en service les centrales électriques dans l'ouest du pays et garantir l'approvisionnement en électricité, qui a été interrompu dans de nombreuses villes, y compris la capitale.
Al-Mesmari a également souligné lors de son discours que Syrte et Al-Jufrah ne sont pas des zones démilitarisées et a signalé que la Turquie a fait de Misrata une base administrative turque pour la formation et le stockage d'armes, et que la Turquie s'est étendue au port de Khums, où se trouve la plus grande base navale. Ce responsable militaire a souligné que ses forces ne se retireront pas d'un pouce de la ville de Syrte et continueront à se préparer pour défendre cette zone.
Al-Mesmari considère la rencontre entre les ministres de la défense turc et qatari avec Fayez Sarraj, président du gouvernement de Tripoli, qui a eu lieu cette semaine, comme une « déclaration » de guerre contre la Libye. Ce militaire a assuré que le Qatar et la Turquie s'efforcent de recruter davantage de mercenaires et de les envoyer en Libye. Le gouvernement de Tripoli, dont les forces militaires sont déployées dans les environs de Syrte, a expliqué que la réouverture des ports est une étape insuffisante et que les forces de Haftar doivent quitter Syrte et Jufrah.
Ces avertissements surviennent à un moment où les États-Unis et l'Allemagne tentent de servir de médiateurs pour que les parties libyennes établissent Syrte et Soufrah comme zone démilitarisée afin de séparer les deux parties belligérantes pour éviter une confrontation militaire dans la région. Au cours de la dernière année, la guerre fratricide qui secoue le pays depuis 2015 s'est transformée en un affrontement armé multinational, complètement privatisé, sans armée régulière, mené par des milices locales et des mercenaires étrangers.
Le GNA est soutenue par le Qatar, l'Italie et la Turquie - qui a commencé à installer des bases militaires en Libye - tandis que Haftar est soutenu par la France, la Jordanie, l'Égypte, le Soudan, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Russie, ces derniers pays lui fournissant leurs propres mercenaires et armes, malgré l'embargo sur les armes décrété par l'ONU depuis 2011. Avant la révolution, le pays produisait environ 1,8 million de barils de pétrole par jour, un chiffre qui est tombé à moins de 100 000 depuis que Haftar a ordonné le blocus des installations dans le golfe de Syrte, le cœur de l'industrie pétrolière libyenne.
Depuis trois mois, les forces militaires des deux gouvernements, soutenues par des milliers de mercenaires étrangers, se déploient dans ce golfe, dont le contrôle est vital pour l'avenir du pays, au milieu d'une intense activité diplomatique internationale pour tenter d'éviter une nouvelle confrontation armée.