20 ans après l'attentat contre les Nations unies en Irak, les travailleurs humanitaires continuent de risquer leur vie pour sauver celle des autres
Les Nations unies ont prévenu que 2023 serait une nouvelle année marquée par un nombre élevé de victimes parmi les travailleurs humanitaires. Cette annonce intervient à la veille de la Journée mondiale de l'aide humanitaire, célébrée chaque 19 août pour rendre hommage à ceux qui, dans le monde entier, s'engagent à aider les communautés qu'ils servent en se rendant dans les régions touchées par des catastrophes et sur les lignes de front des conflits.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) rappelle que les travailleurs humanitaires n'ont d'autre but que de sauver et de protéger des vies, et d'aider les personnes touchées en répondant à leurs besoins vitaux. Ils travaillent aux côtés des communautés qu'ils servent et leur apportent quotidiennement de l'espoir.
Pourtant, depuis le début de l'année, 62 travailleurs humanitaires ont perdu la vie dans des crises à travers le monde, 84 ont été blessés et 34 ont été enlevés, selon les données provisoires de l'équipe de recherche de la base de données sur la sécurité humanitaire, un projet de Humanitarian Outcome Consultants. L'année dernière, le bilan annuel était de 116 morts.
Attaques contre les travailleurs humanitaires en Afrique
Le Sud-Soudan est en tête de liste des pays où l'insécurité est la plus forte depuis plusieurs années. Au 10 août, 40 attaques contre des travailleurs humanitaires et 22 décès avaient été enregistrés.
Le Soudan arrive en deuxième position, avec 17 attaques contre des travailleurs humanitaires et 19 décès depuis le début de l'année. Ces chiffres dépassent ceux enregistrés depuis le pic du conflit au Darfour, entre 2006 et 2009. Des victimes parmi les travailleurs humanitaires ont également été signalées en République centrafricaine, au Mali, en Somalie et en Ukraine.
Quelque 444 travailleurs humanitaires ont été attaqués l'année dernière. L'année précédente, 460 humanitaires avaient été attaqués, faisant 141 morts.
20 ans après l'attentat suicide de Bagdad
Cette année, la Journée mondiale de l'aide humanitaire marque également le vingtième anniversaire de l'attentat suicide perpétré en 2003 contre le siège des Nations unies à l'hôtel Canal de Bagdad, en Irak, qui a coûté la vie à 22 membres du personnel de l'ONU. Quelque 150 autres membres du personnel humanitaire local et international participant à la reconstruction de l'Irak ont également été blessés ce jour-là.
"La Journée mondiale de l'aide humanitaire et l'attentat à la bombe de l'hôtel Canal resteront toujours, pour moi et pour beaucoup d'autres, une occasion d'émotions mitigées et encore vives", a déclaré le chef des opérations humanitaires de l'ONU.
Martin Griffiths a ajouté : "Chaque année, près de six fois plus de travailleurs humanitaires sont tués dans l'exercice de leurs fonctions que ceux qui sont morts en ce jour sombre à Bagdad, et la grande majorité d'entre eux sont des travailleurs humanitaires locaux. L'impunité pour ces crimes est une cicatrice sur notre conscience collective. Il est temps que nous soyons à la hauteur de ce que nous disons en défendant le droit humanitaire international et que nous nous opposions à l'impunité des violations".
Campagne "Nous sommes ici"
Face à la montée en flèche des besoins humanitaires, les Nations unies et leurs partenaires s'efforcent d'aider près de 250 millions de personnes en situation de crise dans le monde, soit dix fois plus qu'en 2003.
Malgré les problèmes de sécurité et d'accès, les travailleurs humanitaires partagent la mission de sauver et de protéger des vies dans le monde entier. Sous la devise "Nous sommes ici", ils renouvellent en 2023 leur engagement à aider les communautés qu'ils servent, peu importe qui, peu importe où.