Cet incident risque d'aggraver les relations entre les deux pays voisins et d'impliquer la France, qui a déjà ouvert une enquête pour éclaircir les faits

Des centaines de Marocains réclament justice après la mort de deux jeunes hommes aux mains de garde-côtes algériens

Des centaines de Marocains ont manifesté devant le Parlement à Rabat pour demander justice et dénoncer "la mort par balles de deux personnes par des garde-côtes algériens". La semaine dernière, deux touristes franco-marocains sont morts après avoir été abattus par des garde-côtes algériens alors qu'ils effectuaient une excursion en jet ski à Saïdia, près de la frontière algérienne.

Le ministère algérien de la Défense a reconnu avoir tiré sur les deux victimes et trois autres hommes qui voyageaient avec elles après "plusieurs avertissements verbaux leur demandant de s'arrêter".

Le Maroc, pour sa part, a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances d'un "incident violent en mer". Cependant, cela ne semble pas suffire à de nombreux citoyens marocains, qui réclament justice et des mesures plus sévères à l'encontre d'Alger. Comme le rapporte Euronews, les manifestants accusent Rabat de ne pas en faire assez pour défier les autorités algériennes.

Au contraire, les médias locaux ont critiqué et condamné l'action des garde-côtes algériens, donnant la parole aux familles des victimes qui ont même été victimes de chantage de la part du régime d'Alger. De même, les organisations et militants des droits de l'homme se sont tournés vers les victimes, réclamant justice et condamnant la violence de l'Algérie.  

De nombreuses associations telles que la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'homme, le Conseil national marocain des droits de l'homme et la Ligue amazighe des droits de l'homme se sont exprimées, dénonçant le crime et exhortant les autorités à agir. La Ligue amazighe des droits de l'homme a même demandé aux Nations unies d'ouvrir une enquête sur l'incident, car cet événement "constitue un crime contre l'humanité".

D'autre part, la mort des deux jeunes franco-marocains a mis en lumière la violence du régime d'Alger. Driss Al-Sedraoui, président national de la Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l'homme, rappelle qu'Alger commet également de "véritables crimes" contre ses propres ressortissants, soulignant par exemple le cas de la région de Kabylie. "L'Algérie viole largement les droits de l'homme", a-t-il ajouté.

L'année dernière, le pays d'Afrique du Nord a subi une répression importante contre les dissidents politiques, les journalistes indépendants et les activistes liés au mouvement de protestation Hirak. Les autorités algériennes ont même tenté de réduire au silence des opposants en exil dans des pays tels que la France.

En ce qui concerne leurs actions contre le Maroc, les militants et les organisations soulignent que ce n'est pas la première fois qu'un événement comme celui de Saïdia se produit. En 2014, un soldat algérien a tiré sur des citoyens marocains, tandis qu'en 2011, un soldat marocain a été tué à la frontière près de la ville de Jerada. 

Cet incident pourrait tendre davantage les relations entre les deux pays voisins, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis août 2021. De même, cet événement pourrait également concerner la France, les deux victimes ayant la double nationalité française et marocaine. C'est pourquoi le parquet français a décidé d'ouvrir une enquête pour éclaircir les faits.