Des ONG dénoncent « les souffrances immenses et la mort de milliers de personnes » causées par la réduction de 90 % de l'aide humanitaire américaine

À l'occasion de la Journée mondiale des ONG, les ONG Entreculturas et Alboan, qui font partie du secteur social de la Compagnie de Jésus en Espagne, dénoncent dans un communiqué sévère l'impact dévastateur que la suspension des projets d'aide humanitaire par les États-Unis a sur la vie de millions de personnes. Les entités soulignent que la décision prise par Donald Trump le 29 janvier dernier a laissé de nombreux projets sans ressources dans plus de 130 pays.
« L'arrêt soudain et imprévu de toutes ces activités est source d'une immense souffrance humaine et entraînera sans aucun doute la mort de milliers de personnes qui se retrouveront sans l'aide humanitaire indispensable », n'est qu'une des nombreuses phrases percutantes que l'on peut trouver dans un communiqué qui vise à aborder la confusion et l'incertitude dans lesquelles le système international de coopération au développement a été plongé.
Le gel de ces fonds pendant 90 jours jusqu'à nouvel ordre a non seulement eu des conséquences immédiates, affectant gravement les communautés vulnérables dans des domaines clés tels que l'éducation, la santé et l'aide humanitaire, mais a également représenté un recul par rapport à des décennies de progrès dans le développement international.
Une position réaffirmée hier par l'administration Trump qui a fait part au juge de son intention de mettre fin à 9 900 projets, ce qui représente une réduction de 90 % par rapport aux initiatives financées en 2023, et qui affecte à la fois l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et le Département d'État (y compris le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations).
Cette décision représente un revirement à 180° du rôle de l'aide humanitaire américaine dans le monde. En effet, avec un budget annuel de plus de 40 milliards de dollars, ces interventions faisaient des États-Unis le principal donateur mondial d'aide internationale, même s'ils n'y consacraient que 1 % de leur budget fédéral. Cependant, la récente politique de « vérification dollar par dollar » imposée par l'administration américaine a entraîné la paralysie de projets essentiels de nombreuses organisations.
C'est le cas de la Fédération internationale de Fe y Alegría, la suspension des fonds affectant plus de 16 300 participants à des programmes éducatifs et près de 300 enseignants. De son côté, le Service jésuite des réfugiés (JRS) a été contraint d'interrompre des projets dans neuf pays, ce qui a des répercussions sur la vie de plus de 100 000 réfugiés et personnes déplacées.
Au-delà du coup porté : l'avenir de la coopération internationale en jeu
La suspension des fonds américains n'affecte pas seulement certaines ONG, mais affaiblit l'ensemble du système de coopération internationale, remettant en question des fondements établis depuis la Seconde Guerre mondiale, indique le communiqué. Malgré le débat historique sur l'efficacité de l'aide et la tension entre sa vocation humanitaire et la protection des intérêts nationaux, il y a toujours eu un consensus sur son importance, que ce soit pour des raisons éthiques ou stratégiques. « Un accord qui est maintenant rompu », déclare l'ONG.
Par conséquent, pour le secteur social de la Compagnie de Jésus en Espagne, « la suspension des projets d'aide humanitaire n'est pas seulement une question d'ajustement budgétaire », mais elle est symptomatique du contexte actuel de polarisation, dans lequel « même la défense des valeurs d'égalité, de solidarité et de dignité humaine est remise en question ». C'est pourquoi, à l'occasion de la Journée mondiale des ONG, ils soulignent qu'il est « plus que jamais nécessaire que ceux d'entre nous qui croient en ces valeurs, et en particulier au sein de la société civile organisée, continuent à se battre pour maintenir cet héritage en vie. Parce qu'en fin de compte, la vie de nombreuses personnes, les plus vulnérables, est en jeu ».