Dans le cas du Royaume, cette tendance est le résultat d'une décision nationale de dépasser la langue française et de la remplacer par d'autres langues, en particulier l'anglais

Le français perd de son importance au Maroc et en Algérie

PHOTO/ARCHIVO - Le Maroc et l'Algérie partagent des mesures pour développer l'utilisation de l'anglais dans le secteur de l'éducation

Un nouveau rapport auquel Hiba Press a eu accès met une fois de plus en évidence l'importance croissante de la langue anglaise au Maroc, au détriment du français. Cette progression de l'anglais par rapport au français a été renforcée par une série de transformations auxquelles le monde assiste, notamment au niveau de la communication, selon le rapport.

Il note également que le Maroc et l'Algérie, bien qu'ayant des points de vue très différents sur un certain nombre de questions, partagent les mêmes mesures visant à développer l'utilisation de l'anglais dans le secteur de l'éducation, ce qui a pour effet de dévaloriser le français. Le média marocain indique également que la décision algérienne est due à des désaccords et des tensions avec Paris, les relations bilatérales s'étant dégradées ces dernières années, et il en va de même entre le Maroc et la France aujourd'hui.

Ces derniers jours, Alger a annoncé sa décision de développer l'enseignement de l'anglais dans les écoles primaires, tandis que le ministre marocain de l'Industrie, Riad Mazour, a refusé de s'exprimer en français lors d'une conférence africaine à Marrakech fin septembre.

Selon Hiba Press, "le refus du ministre marocain de s'exprimer en français, préférant parler en arabe, en espagnol ou en anglais, est une indication claire qu'il existe une décision nationale au plus haut niveau visant à surmonter la langue française, qui a été pendant de nombreuses décennies la deuxième langue la plus utilisée au Maroc après l'arabe, et à la remplacer par d'autres langues, en particulier l'anglais". 

PHOTO/ARCHIVO - Le ministre marocain de l'Industrie, Riad Mazour

Outre le ministre de l'Industrie, d'autres hauts responsables marocains, comme le ministre délégué à l'Investissement, Mohcine Jazouli, ont choisi d'utiliser l'anglais pour réaffirmer cette nouvelle tendance. Toujours au niveau de l'éducation, le gouvernement d'Aziz Akhannouch a présenté en juin dernier une initiative éducative qui vise à appliquer l'anglais à 100 % des élèves des première, deuxième et troisième années de l'enseignement secondaire d'ici l'année académique 2025-2026.

En ce sens, Rabat espère que d'ici 2027, l'anglais sera la langue principale dans de nombreuses matières, tout comme le français l'est aujourd'hui.

Outre les autorités, les jeunes eux-mêmes considèrent l'anglais comme important. Selon un rapport du British Council datant de 2022, 40 % des jeunes Marocains considèrent l'anglais comme la langue la plus importante, contre 10 % pour le français, langue traditionnelle des élites du Royaume.

Cette tendance coïncide avec une période de tension entre le Maroc et la France. La rupture entre les deux pays - proches alliés dans le passé - est due à des questions telles que le rapprochement diplomatique entre la France et l'Algérie, le rejet par la France des demandes marocaines concernant le Sahara occidental, et les attaques françaises contre le Royaume, y compris de la part des institutions européennes.

D'autre part, cette crise diplomatique s'est particulièrement aggravée suite au tremblement de terre qui a secoué le Haut Atlas en septembre dernier. Suite à ce tremblement de terre dévastateur qui a fait des milliers de morts et de blessés, plusieurs médias français ont commencé à remettre en question les mesures prises par les autorités marocaines et à se demander si Rabat pouvait s'en sortir sans l'aide de la France.