La Jordanie enregistre son plus grand nombre d'infections depuis le début de la pandémie
La Jordanie enregistre un nombre record de cas de COVID-19 avec plus de 10 000 nouvelles infections, suscitant des manifestations dans la capitale Amman. Pour la deuxième nuit consécutive de protestations, quelque 400 personnes, principalement des jeunes, ont défilé dans le centre-ville avant d'être retenues par les forces de sécurité.
Les manifestants, qui scandaient A bas la loi d'urgence, La Jordanie n'est pas pour les corrompus et A bas le gouvernement, nous n'avons pas peur du coronavirus, ont mis le feu à des pneus et à des poubelles, puis ont jeté des pierres sur la police, qui a répondu en leur lançant des grenades lacrymogènes.
Des manifestations ont également eu lieu dans le sud d'Amman, à Madaba et dans le nord, à Irbid, comme le montrent les vidéos postées par les manifestants. La population a réagi dans un contexte de tensions dans le royaume et après que neuf patients du COVID-19 soient décédés samedi en soins intensifs dans un hôpital près d'Amman par manque d'oxygène.
Les manifestants sont également mécontents du couvre-feu de 19 heures comme mesure de lutte contre la pandémie. Ils affirment que cela paralyse l'activité économique et met de nombreux travailleurs journaliers au chômage.
Lundi, le roi Abdallah II a dénoncé la perte négligente de vies humaines comme étant inacceptable, a rapporté le Palais royal. Il a également ordonné au directeur de l'hôpital de démissionner dans une vidéo qui est devenue virale. Il a également renvoyé le ministre de la santé quelques jours après avoir remplacé les ministres de l'intérieur et de la justice pour avoir enfreint les restrictions sanitaires. Toutefois, malgré une mise en garde contre les troubles civils, il a indiqué qu'il ne changerait pas le gouvernement qu'il a formé en octobre.
Il a également ajouté, dans ses premiers commentaires après les décès, que les responsables gouvernementaux devaient être conscients et mettre un frein à la corruption. Fermons les portes du conflit civil que je vois dans mon pays, a-t-il déclaré à la télévision d'État. Je demande à chacun de transmettre un message de droit aux citoyens jordaniens et de ne pas laisser les gens à l'intérieur, et certains à l'extérieur, être mal à l'aise avec la position politique de la Jordanie.
Le gouvernement n'a pas fait de commentaire immédiat, mais Mazen al-Faraya, le ministre de l'intérieur, a déclaré lundi à la télévision d'État qu'il s'agissait d'une farce et que les manifestants ne respectaient pas le couvre-feu à cause du virus et mettaient en danger la santé publique. Le gouvernement surveille le reste des hôpitaux pour s'assurer que la même chose ne se reproduise pas.
L'économie jordanienne a été particulièrement touchée par les fermetures pour contenir le virus, le chômage ayant augmenté de 24 %. Sans compter une pauvreté et une dégradation du niveau de vie qui avaient déjà contribué aux manifestations de 2018 impliquant principalement des citoyens de la classe moyenne.
Dimanche, la Jordanie a enregistré 9 417 nouveaux cas d'infection et 82 décès, soit la plus forte augmentation quotidienne officielle depuis le début de la pandémie.
