L'Algérie déclare la guerre aux incendies de forêt sur terre et dans l'espace

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a décidé de renforcer la guerre menée par les institutions publiques contre le fléau des incendies qui dévastent chaque année le pays d'Afrique du Nord et qui, en 2019, ravageront plus de 21 000 hectares. Pour renforcer la protection des zones forestières et lutter contre l'extension de la désertification, le Président et son cabinet ont pris plusieurs mesures importantes qui viennent d'être mises en œuvre suite à l'activation le 1er juin dernier de la campagne de lutte contre les incendies de 2020.
Elles s'appuient sur trois lignes d'action qui consistent, dans les grandes lignes, à accroître l'utilisation des satellites d'observation, à augmenter la fourniture de moyens terrestres mobiles et à promouvoir la coopération internationale en matière de prévention des incendies.

Dans le secteur spatial, l'Agence spatiale algérienne (ASAL) et la Direction générale des forêts ont conclu un accord pour préserver et restaurer les écosystèmes terrestres. L'objectif est non seulement de localiser, délimiter et aider à contrôler les sources d'incendie et leur propagation, mais aussi de mesurer la dégradation que les terres brûlées ont subie et d'étudier l'évolution de leur productivité au cours des dix prochaines années.
Pour ce faire, l'ASAL dispose d'au moins deux satellites d'observation en service, dont un satellite à haute résolution - AlSat-2B, en orbite depuis le 26 septembre 2016 - et un second, moins puissant mais aussi très utile pour les travaux, comme AlSat-1B, lancé dans l'espace à la même date et dans la même fusée.

Les deux plates-formes spatiales sont utilisées principalement pour observer l'évolution de l'agriculture et des ressources en eau, ainsi que pour la prévention et la surveillance des incendies de forêt, des infestations acridiennes et de la progression de la désertification, ainsi que pour le contrôle des grands projets d'infrastructure, la protection de l'environnement et la cartographie.
Sur le terrain, la Direction générale des forêts du ministère de l'Agriculture et du Développement rural dirigée par Chérif Omari vient de recevoir 80 nouvelles unités de véhicules tout-terrain Mercedes Benz de fabrication nationale largement équipés de réservoirs d'eau. L'objectif est de permettre aux équipes d'intervention d'accéder rapidement aux sources des incendies afin de stopper leur propagation, notamment le désert et les montagnes du Sahara algérien.

Pour étendre la préservation et la protection du patrimoine forestier et renforcer sa capacité de gestion face aux incendies de forêt, le président Abdelmadjid Tebboune compte également sur l'assistance technique du Japon et l'aide de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Mais le principal combattant technologique dans la lutte contre les feux de forêt est le satellite d'observation AlSat-2B, qui a été placé dans l'espace à une altitude de 670 kilomètres et dont les capteurs fournissent des images en noir et blanc (panchromatiques) avec une résolution de 2,5 mètres et 10 mètres en mode couleur (multispectral) des zones dévastées par l'incendie.
Pesant 117 kilos, en près de 4 ans en orbite, AlSat-2B a effectué plus de 21 000 orbites autour de la terre, soit environ 900 millions de kilomètres. Le satellite a fourni plus de 73 000 images, dont près de la moitié étaient destinées à promouvoir le développement national durable et celui du continent africain, ce qui représente une couverture de plus de 10 878 millions de km² et le téléchargement d'un volume d'environ 8,73 téraoctets.

L'AlSat-2B est un jumeau de l'AlSat-2A et tous deux ont été contractés par le gouvernement algérien à Airbus Space Systems France en février 2006. Conçu pour une durée de vie de 5 ans, AlSat-2A a été placé dans l'espace le 12 juillet 2010 également par un lanceur PSLV indien. On sait qu'il était encore en service en février 2019, mais on ne sait pas s'il est encore en plein état de fonctionnement aujourd'hui.
L'AlSat-1B est également situé à une altitude de 670 kilomètres, mais ses performances sont inférieures, offrant une résolution de 12 mètres en noir et blanc et de 24 mètres en couleur. Plus petit et plus lourd (103 kilos) que l'AlSat-2, il a été commandé en juillet 2014 et fabriqué au Royaume-Uni par Surrey Satellite Technology Ltd. Il fait partie d'une constellation internationale à laquelle appartient le gouvernement d'Alger et fournit des images et des données sur les catastrophes naturelles (DMC) depuis novembre 2005.
Avant AlSat-1B, il y avait AlSat-1, le premier satellite d'observation algérien. Fabriqué par le Surrey et pesant 92 kilos, il a été envoyé dans l'espace à bord d'une fusée russe Kosmos-3M le 28 novembre 2002 et se trouve à 700 kilomètres au-dessus de la Terre. Il a terminé sa vie opérationnelle le 15 août 2010.

Le gouvernement d'Alger a réussi à déterminer que les incendies détruisent environ 1 % de la surface forestière totale chaque année et que 6 % des incendies de forêt sont causés par des incendies criminels. 5 % sont liés à des activités agricoles, d'élevage et de loisirs, 3 % se trouvent autour des mines de charbon et 1 % sont causés par des étincelles provenant de lignes électriques et de voies ferrées. Cependant, 85 % sont produits par des causes inconnues, un pourcentage qui est destiné à être réduit à l'aide de données et d'images satellitaires.
Bien que l'Algérie soit la plus grande nation du continent africain et que la superficie brûlée l'année dernière ne représente qu'une infime partie de ses 2,3 millions de kilomètres carrés, la superficie détruite représente un quart de la superficie perdue par l'Espagne cette même année - 83 962 hectares - à la différence que seule la partie nord de l'Algérie compte des forêts importantes.