Le 15 août dernier, l'association a publié un communiqué de presse sur la loi 04-20 relative à la carte nationale d'identité électronique

La Asociación Democrática de Mujeres de Marruecos insta a revisar la Ley 04-20 claramente discriminatoria hacia las mujeres

Mujeres Marruecos

Le 15 août dernier, un communiqué a été publié par l'Association démocratique des femmes marocaines sur la loi 04-20 relative à la carte d'identité nationale électronique, autre loi relative à la discrimination à l'égard des femmes au Royaume du Maroc. Après avoir examiné la loi 04-20 relative à la carte d'identité nationale électronique (CINE), publiée au Journal officiel n° 6907 du 10 août 2020, et bien que l'Association se félicite des mesures positives introduites par cette nouvelle génération de documents d'identité nationaux électroniques, elle considère néanmoins que les lacunes de cette loi sont déplorables, notamment l'absence de la langue amazighe, langue officielle du Maroc, et d'autres caractéristiques clairement discriminatoires et préjudiciables pour les femmes.

Par ailleurs, en ce qui concerne son domaine d'intervention, notamment le contrôle de la conformité et de l'harmonisation des lois et des politiques publiques avec les engagements constitutionnels et internationaux du Maroc en matière d'égalité entre les hommes et les femmes, l'ADFM exprime sa profonde préoccupation quant aux dispositions discriminatoires contenues dans la loi n° 04-20. Il s'agit notamment des éléments suivants : 

Le dernier paragraphe de l'article 4, concernant la possibilité d'inclure leur état matrimonial dans la CINE, ne concerne que les femmes et exempte les hommes, sauf s'ils sont veufs, dans la mesure où cet article indique la possibilité d'inclure l'expression facultative « épouse », « veuve » ou « veuf » dans la CINE en omettant de mentionner le nom « mari ».

Manifiesto

L'article 5, paragraphe 2, relatif aux « informations sur la micropuce » et l'article 13 relatif aux « cas nécessitant le renouvellement de la CINE » reprennent la même formulation, ce qui dispense les hommes mariés de la possibilité de faire inclure leur état civil dans la CINE dans les mêmes conditions que les femmes mariées.  

L'ADFM regrette donc l'adoption des dispositions susmentionnées et exprime la nécessité de dénoncer la discrimination implicite dans la loi, car ces dispositions perpétuent la discrimination sexuelle et institutionnalisent les inégalités.  Ce texte exempte les hommes, sauf s'ils sont veufs, de déclarer leur situation familiale, mais pas les femmes.   

De la part de l'ADFM et de nombreuses féministes marocaines, nous nous demandons : cette disposition vise-t-elle à favoriser la polygamie ? La réalité est qu'en matière juridique, l'article 19 de la Constitution prévoit l'égalité de tous les droits entre les femmes et les hommes, mais l'ajout de « femme » et non de « conjoint » dans les informations demandées distingue clairement entre les citoyens masculins et féminins, promeut des principes discriminatoires typiques d'une société patriarcale et consolide le concept de « kiwama – tutelle », si paternaliste au détriment des femmes, en les infantilisant au point de supposer qu'elles doivent être protégées par un homme. Il semblait assez discriminatoire qu'à part notre parent féminin dans notre CINE, seuls nos grands-parents masculins soient mentionnés comme étant les parents de nos parents, sans mentionner le nom de nos grands-mères, et en sachant qu'au Maroc nous n'avons droit qu'à un seul nom de famille, celui de notre père.  

Le document national électronique fait référence à l'identité de la personne, quelle que soit sa situation familiale, qui est dûment consignée dans d'autres documents, y compris le livret d'état civil. Si la nouvelle CINE vise à faciliter les procédures administratives des citoyens en les dispensant de l'obligation de présenter des certificats de naissance, de résidence, de vie et de nationalité, l'ajout d'informations sur l'état civil compliquerait ces procédures et entraînerait des coûts financiers supplémentaires, notamment pour les femmes qui changent d'état civil.

Mujeres

 

Les mesures ci-dessus encourageront le service à exiger des femmes qui souhaitent obtenir une CINE qu'elles fournissent des preuves de leur situation familiale, mais pas des hommes. L'adoption de cette loi par les deux Chambres, malgré les dispositions discriminatoires directes et explicites à l'égard des femmes, est un indicateur du faible niveau d'appropriation par les représentants de la nation et les parties prenantes du principe d'égalité prôné par la Constitution marocaine.

Par conséquent, l'ADFM considère que les dispositions contenues dans la loi 04-20 sont une violation des dispositions de la Constitution et des acquis que les femmes ont réalisés avec la réforme du Code de la famille pour mettre fin à l'ère de la tutelle que les femmes ont endurée pendant des siècles. Cela incite l'Association démocratique des femmes marocaines, ADFM, à demander « une révision de la loi 04-20 par le législateur en vue de la mettre en conformité avec les dispositions constitutionnelles relatives à la lutte contre la discrimination fondée sur le sexe ».