L'égalité des sexes, une priorité pour le Maroc
Ces dernières années, les autorités marocaines ont progressé sur la voie de l'égalité entre les hommes et les femmes dans des secteurs clés tels que l'éducation et l'emploi. Au cours de l'année 2023, plusieurs décisions pertinentes ont été prises à cet égard, comme la mise en œuvre du troisième plan pour l'égalité, annoncé par le Premier ministre marocain Aziz Akhannouch devant la Chambre des représentants en juillet. En outre, grâce à la réforme du code de la famille promue par le roi Mohammed VI, des mesures plus énergiques pour parvenir à l'égalité des sexes ont été mises sur la table.
Pour remédier à cette situation, l'ambassade de Suède au Maroc a organisé une réunion cette semaine à Rabat. Lors de cet événement, des experts ont discuté de la mise en œuvre des recommandations d'un récent rapport de l'OCDE sur l'égalité dans l'éducation, l'emploi et l'entreprenariat au Royaume.
Comme l'a reconnu Carlos Conde, chef de la division Moyen-Orient et Afrique de l'OCDE, à Morocco World News, "il existe encore des obstacles à la pleine participation des femmes marocaines au marché du travail".
Malgré ces défis, Conde souligne l'importance de l'intégration des femmes dans l'économie. Selon lui, l'autonomisation économique au Maroc fait partie d'une stratégie gouvernementale visant à améliorer la productivité nationale et la compétitivité du pays et à faciliter les conditions d'une croissance économique capable de créer davantage d'emplois.
À cet égard, dans le cadre des plans de développement socio-économique de Rabat, la nation nord-africaine s'est fixé pour objectif de porter la participation des femmes au marché du travail à 45 % de la main-d'œuvre totale. Cependant, d'après les données officielles de l'année dernière, le Maroc est encore loin d'atteindre cet objectif.
Comme le rappelle Morocco World News, en 2022, la participation des femmes au marché du travail n'était que de 20 %, soit encore moins que l'année précédente, où elle était de 22 %. La Banque mondiale, consciente de ce déclin, avertit que le Maroc est le seul pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord à avoir connu une baisse constante de la main-d'œuvre féminine.
D'autre part, un rapport du Haut Commissariat au Plan (HCP) du Maroc montre que d'ici 2022, 73 % des 15 millions de personnes actives en dehors de la population active sont des femmes. Les données du HCP indiquent en outre que 80 % de la population féminine marocaine en âge de travailler est en dehors du marché du travail.
En ce qui concerne ce problème, Conde souligne que le Maroc est confronté à des problèmes d'emploi plus larges dus à la croissance démographique. "Le système économique n'a pas la capacité de créer les emplois nécessaires pour absorber la population jeune", a-t-il expliqué lors de la réunion.
Le chef de la division Moyen-Orient et Afrique de l'OCDE a souligné que le Royaume a une structure démographique "extrêmement jeune", ce qui signifie que chaque année le marché du travail doit offrir plus d'emplois et plus d'opportunités. Malgré ce panorama, "les taux de croissance sont insuffisants pour promouvoir, pour faciliter cet accès à l'emploi", a-t-il déploré.
Les femmes, en plus de souffrir de problèmes liés à l'économie en général, sont confrontées à d'autres défis liés aux normes sociales. La représentante d'ONU Femmes au Maroc, Leila Rhiwi, souligne à Morocco World News le poids du travail domestique et des responsabilités de soins. Ces deux aspects incombent aux femmes, ce qui rend la charge de travail "disproportionnée" par rapport à celle des hommes. "C'est un obstacle à l'entrée sur le marché du travail", ajoute Rhiwi.
La représentante d'ONU Femmes au Maroc évoque également le problème de la violence, un fléau auquel toute femme, où qu'elle soit dans le monde, peut être confrontée dans le cadre familial, sur le lieu de travail et dans les espaces publics.
Toutefois, malgré les nombreux défis, Rhiwi s'est montrée optimiste quant aux efforts déployés actuellement par l'État pour atteindre la parité hommes-femmes, le gouvernement marocain disposant d'une feuille de route alignée sur celle de l'OCDE.
Conde s'est exprimée dans le même sens, soulignant sa satisfaction quant aux projets du gouvernement visant à faire de la participation des femmes au marché du travail une priorité.
"Nous sommes très heureux que le gouvernement marocain en ait fait une priorité importante. Et nous sommes très heureux de collaborer à cet objectif", a-t-il conclu.
