L'Espagne s'apprête à payer une facture astronomique pour les inondations

Il est encore difficile à quantifier en raison de l'ampleur des dégâts 
<p>Coches apilados tras las inundaciones mortales en Sedavi, al sur de Valencia, este de España, el 30 de octubre de 2024 - AFP/ JOSE JORDAN</p>
Des voitures s'empilent après des inondations meurtrières à Sedavi, dans le sud de Valence, dans l'est de l'Espagne, le 30 octobre 2024 - AFP/ JOSE JORDAN
  1. « Des conséquences incalculables »
  2. 400 experts sur le terrain

Le coût des inondations qui ont dévasté le sud-est de l'Espagne promet d'être astronomique, bien qu'il soit encore compliqué à quantifier en raison de l'ampleur des dégâts, un défi pour l'État et les assureurs. 

Les torrents d'eau et de boue qui ont frappé principalement la région de Valence ont laissé des bâtiments pulvérisés, des milliers de voitures entassées sur les routes, des ponts et des voies ferrées à reconstruire et de nombreuses entreprises en ruine, notamment dans le secteur agricole. 

Au vu des « images » de « désolation totale », « nous allons devoir faire face au sinistre météorologique le plus important que nous ayons jamais connu en Espagne », déclare Mirenchu del Valle, présidente de la Fédération des compagnies d'assurance, l'Unespa. 

« Il est encore trop tôt pour faire des estimations », mais « au fur et à mesure que nous voyons des images, nous savons qu'en termes économiques, le coût sera certainement très élevé », a déclaré Celedonio Villamayor, directeur de l'organisme chargé de verser les indemnisations en cas de catastrophe naturelle, la CCS, à la chaîne de télévision publique TVE. 

Les inondations de juillet 2021 qui ont touché l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Autriche et les Pays-Bas, et qui ont fait plus de 200 morts, ont coûté 43 milliards de dollars, selon le réassureur Swiss Re.

<p>Residentes junto a coches amontonados en una calle cubierta de barro tras las inundaciones en Picanya, cerca de Valencia, este de España, el 30 de octubre de 2024 - AFP/ JOSE JORDAN</p>
Des habitants se tiennent à côté de voitures empilées dans une rue couverte de boue après des inondations à Picanya, près de Valence, dans l'est de l'Espagne, le 30 octobre 2024 - AFP/JOSE JORDAN

« Des conséquences incalculables »

Quel que soit le coût final, les inondations pèseront sur les finances de l'État et de la région de Valence, la plus touchée par les pluies torrentielles, qui ont fait au moins 218 morts. 

Le gouvernement régional a déjà annoncé une aide d'urgence de 250 millions d'euros (270 millions de dollars), des allègements fiscaux et des compensations pour les entreprises. 

En collaboration avec l'État central, il financera les opérations de nettoyage et les travaux de reconstruction. 

Mardi, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé une première enveloppe de 10,6 milliards d'euros (11,55 milliards de dollars) pour aider les personnes touchées et reconstruire les zones dévastées par les inondations. 

A l'issue d'une réunion avec les acteurs de terrain lundi après-midi, le ministère des transports a estimé à 2,6 milliards d'euros (2,83 milliards de dollars) les « investissements nécessaires » pour restaurer le réseau de transport, une évaluation « provisoire », a-t-il précisé. 

Mais la plus grande partie de la facture incombera au secteur des assurances, qui devra indemniser les entreprises et les particuliers. 

Selon une première estimation de la Chambre de commerce de Valence, 4 500 entreprises ayant pignon sur rue pourraient avoir été touchées. Des dizaines de centres commerciaux et de zones industrielles ont également été touchés, tandis que les transporteurs de la région ont perdu de nombreux camions. 

Pour les campagnes, les dégâts sont également énormes, notamment dans le secteur des agrumes, dont la région de Valence est l'un des principaux exportateurs. Selon l'association agricole régionale La Unión, 50 000 hectares de cultures auraient été touchés. 

Le coût pour le secteur pourrait atteindre 150 millions d'euros (163 millions de dollars), selon une première estimation d'Agroseguro, qui gère les assurances agricoles. 

Les pertes sont « catastrophiques » et les « conséquences incalculables », a déclaré le syndicat Asaja.

<p>Los habitantes de Paiporta gritan enfadados durante la visita del rey Felipe VI de España a esta localidad, en la región de Valencia, este de España, el 3 de noviembre de 2024 - AFP/MANAURE QUINTERO </p>
Des habitants de Paiporta crient leur colère lors de la visite du roi Felipe VI d'Espagne dans cette ville de la région de Valence, dans l'est de l'Espagne, le 3 novembre 2024 - AFP/MANAURE QUINTERO

400 experts sur le terrain

Le ministre de l'Économie, Carlos Cuerpo, a annoncé que « 400 experts » évaluaient les dégâts sur le terrain. Il a également indiqué que 46 000 demandes d'indemnisation avaient été reçues, un niveau sans précédent. 

En cas de catastrophe naturelle, les assureurs espagnols disposent d'un fonds de garantie commun, financé par une partie des polices d'assurance conventionnelles. 

Ce fonds est géré par la CCS, qui est rattachée au ministère de l'Économie, l'organisme qui prendra en charge la majeure partie des indemnisations. 

La CCS pourra-t-elle couvrir tous les dommages ? Devra-t-elle augmenter le montant des polices d'assurance ? 

Elle « dispose de réserves suffisantes » pour le faire, selon la source du secteur de l'assurance. 

Un message similaire à celui du président de l'Unespa : le système est « parfaitement équipé pour faire face à ce type de situation ».