Le Maroc accueille l'Aïd al-Adha 2025 avec des mesures exceptionnelles : les sacrifices d'animaux sont suspendus par décret royal

Cette décision historique vise à protéger le bétail national et à alléger le fardeau économique des familles dans une année marquée par la sécheresse et l'inflation 
Un hombre carga una oveja antes de celebrar la festividad musulmana del Eid-al-Adha en el mercado de Khouribga, en Khouribga, Marruecos central - AP/ ABDEIJAIL BOUNHAR
Un homme porte un mouton avant de célébrer l'Aïd el-Adha au marché de Khouribga, au centre du Maroc - AP/ABDEIJAIL BOUNHAR
  1. Qu'est-ce que l'Aïd al-Adha et pourquoi est-il si important ? 

Dans un revirement sans précédent, le Maroc célébrera cette année l'Aïd al-Adha sans le sacrifice traditionnel massif d'animaux. Cette décision a été prise par le roi Mohammed VI qui, préoccupé par la réduction alarmante du cheptel national et les difficultés économiques de la population, a publié une directive exhortant les citoyens à s'abstenir de pratiquer ce rituel. 

L'ordre royal a eu des effets immédiats : les autorités marocaines ont lancé une campagne nationale pour fermer les marchés aux bestiaux dans tout le pays. Les gouverneurs et les fonctionnaires locaux ont reçu pour instruction d'interdire la vente et l'abattage d'animaux, de fermer temporairement les abattoirs municipaux et, dans certaines zones, de restreindre même la vente d'ustensiles associés au rituel du sacrifice. 

Cette décision répond à une réalité critique : depuis 2016, le Maroc a perdu 38 % de son cheptel ovin, passant de 11 millions de femelles reproductrices à 8,7 millions en 2024. Les sécheresses prolongées, la pandémie de COVID-19 et l'inflation des produits carnés ont mis en péril la viabilité du secteur. Au cours des années précédentes, entre 5,5 et 6 millions de têtes de bétail étaient abattues pendant cette fête, un chiffre insoutenable dans les conditions climatiques et économiques actuelles. 

El Eid-al-Adha, o Fiesta del Sacrificio, conmemora lo que los musulmanes creen que fue la disposición del profeta Abraham a sacrificar a su hijo - AP/ ABDEIJAIL BOUNHAR
L'Aïd el-Adha, ou fête du Sacrifice, commémore ce que les musulmans considèrent comme la volonté du prophète Abraham de sacrifier son fils - AP/ABDEIJAIL BOUNHAR

Conscient de la portée religieuse et symbolique de cette date, le monarque a décidé de procéder personnellement à un sacrifice au nom de tous les Marocains, évoquant ainsi l'exemple de Mahomet, qui avait également sacrifié au nom des croyants qui ne pouvaient le faire. 

Malgré l'absence du rituel, l'Aïd al-Adha reste une occasion sacrée. Le gouvernement a déclaré le lundi 9 juin jour férié exceptionnel afin de permettre aux familles marocaines de prolonger les célébrations, qui auront officiellement lieu le samedi 7 juin (10 Dhu al-Hijjah 1446 H). 

De nombreux Marocains ont accueilli cette décision avec respect, mais elle n'est pas sans conséquences : les vendeurs ambulants, les commerçants et les travailleurs saisonniers qui dépendent de l'activité économique de cette période verront leurs revenus affectés. Pour atténuer l'impact, l'État a mis en place un programme d'aide d'un montant de 3 milliards de dirhams, avec une injection supplémentaire prévue de 3,2 milliards d'ici 2026, axé sur la reconstitution du cheptel femelle reproducteur. 

Qu'est-ce que l'Aïd al-Adha et pourquoi est-il si important ? 

L'Aïd al-Adha (en arabe, « fête du sacrifice ») est l'une des deux fêtes les plus importantes de l'islam, avec l'Aïd al-Fitr. Elle est célébrée le 10e jour du mois de Dhu al-Hijjah, après la fin du Hajj, le pèlerinage annuel à La Mecque. 

Cette fête commémore l'histoire du prophète Ibrahim (Abraham) qui, par obéissance à Dieu, était prêt à sacrifier son fils. Au dernier moment, Dieu a remplacé l'enfant par un mouton, reconnaissant ainsi sa foi. Depuis lors, les musulmans qui en ont les moyens sacrifient un animal, généralement un mouton, une chèvre, une vache ou un chameau, en signe de dévouement, d'humilité et de solidarité. La viande est divisée en trois parts : une pour la famille, une pour les amis et les voisins, et une troisième pour les nécessiteux. 

Fotografia de archivo, la gente se reúne para comprar ovejas para la próxima festividad islámica de Eid al-Adha en un mercado en las afueras de Rabat, Marruecos - AP/MOSAAB ELSHAMY
Photo d'archives : Des gens se rassemblent pour acheter des moutons pour la prochaine fête musulmane de l'Aïd el-Adha sur un marché de la banlieue de Rabat, au Maroc - AP/MOSAAB ELSHAMY

Cependant, l'Aïd al-Adha est bien plus qu'un simple rituel. C'est un moment d'introspection, de communauté et de générosité. Dans les jours qui précèdent, les fidèles réfléchissent à leur volonté d'abandonner leurs désirs égoïstes et leurs habitudes néfastes, à la recherche d'une connexion plus profonde avec Dieu et avec les autres.