Lors d’une session à la Chambre des représentants, le ministre de l'Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, a indiqué que le ministère réduira de près d’un tiers le taux de décrochage scolaire pour cette nouvelle année

Le Maroc met en place une nouvelle stratégie pour lutter contre le décrochage scolaire

PHOTO/Manuel Cohen vía AFP
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Problématique majeure du système éducatif marocain, le décrochage scolaire constitue un défi capital pour les autorités marocaines. Sur l’année scolaire 2021-2022, plus de 300 000 élèves ont abandonné les bancs de l’école. Parmi ces élèves, les statistiques en dégagent trois catégories différentes. Tout d’abord, les abandons en cours d’année scolaire, qui représentaient 15 % de l’effectif global pour l’année 2021-2022. Ensuite, 30,4 % de l’effectif global concerne les non-inscrits, qu’ils aient été admis ou qu’ils soient redoublants. Enfin, la part la plus importante de déscolarisation concerne ceux ayant abandonné l’école suite aux décisions du conseil de classe à la fin de l’année scolaire (54,6% de l’effectif global). 

C’est au niveau de l’enseignement secondaire collégiale que l’on recense le plus haut nombre de décrocheurs (183 893), bien que les autres niveaux d’enseignements connaissent également un nombre important de décrochages scolaires. En 2021-2022, l’enseignement primaire comptait 76 233 décrocheurs, tandis que l’enseignement secondaire qualifiant en dénombrait 74 538.

Selon Maroc diplomatique, cette situation soulève de nombreuses interrogations quant aux causes contribuant à l’accentuation de ce fléau. La pauvreté demeure évidemment parmi les premiers facteurs, mais elle n’est pas le seul élément catalyseur. L’environnement socio-économique est également un paramètre crucial à prendre en compte, comme les expériences scolaires négatives, le contexte territorial difficile ainsi que le contexte scolaire défavorable. Le journal L’Observateur note également le mariage précoce et le travail des enfants comme une cause importante de l’abandon scolaire. 

PHOTO/FILE
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En mai 2023, lors d’une réunion à la Chambre des Représentants, le Groupe Haraki avait appelé le gouvernement à adopter une véritable politique publique dédiée à la jeunesse. Il avait affirmé qu’aucun pays ne peut réaliser le développement sans s’appuyer sur les énergies vives de la jeunesse et ce, à travers la garantie de l’emploi et de la dignité aux jeunes qui représentent le tiers de la société. 

Ce lundi 24 juillet 2023, lors d’une nouvelle séance à la Chambre des Représentants, le ministre Chakib Benmoussa a affirmé que le ministère s'emploie à réduire de près d'un tiers le taux de décrochage scolaire d'ici 2026. Pour cela, la nouvelle stratégie du ministère préconise un élargissement de l'offre scolaire, à travers les écoles communales et les services de soutien social comme le transport scolaire. 

En 2022-2023, le ministère a pu récupérer 65 944 élèves, réduisant de manière significative le taux d’abandon scolaire. Ces résultats ont pu être obtenus par l’élargissement des complexes scolaires, qui s’élèvent aujourd’hui à 11 909, dont 6 595 en milieu rural, répartis entre 8 280 écoles primaires, 2 185 écoles secondaires collégiales et 1 444 écoles secondaires qualifiantes. En outre, le nombre total d’enseignant a connu une augmentation notable à l’échelle nationale, atteignant 269 015 enseignantes et enseignants actifs, soit une augmentation de 2,7 % par rapport à l’année scolaire 2021-2022. Le nombre des unités d’enseignement se situe entre 4 000 et 5 000 dont environ 2 000 sont réalisées par l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Enfin, l’augmentation du soutien social a permis à 1 270 078 élèves de bénéficier du programme de repas scolaires, 126 116 élèves des services des internats, 570 748 du transport scolaire et 4 401 328 élèves de l’initiative royale « Un million de cartables ».

PHOTO/FILE - Chakib Benmoussa
PHOTO/FILE - Chakib Benmoussa

Cependant, le décrochage scolaire est un phénomène qui touche principalement les milieux ruraux. En 2021-2022, les abandons scolaires en milieu rural ont atteint 129 594, soit environ 4 % du total. L’accès à l’école demeure également difficile pour les filles, dont le taux d’abandon est estimé à 5,6 %, soit environ 76 000 écolières en 2020-2021. À ce titre, le ministère cherche à faire la promotion de l’enseignement dans le monde rural. Il prévoit l’ouverture de 203 établissements scolaires supplémentaires dans les prochaines années, dont 130 en milieu rural. En développant de nouveaux complexes éducatifs dans les milieux ruraux, Rabat favorise l’accès à l’école aux enfants habitants dans des villages enclavés ou éloignés. 

L’enveloppe budgétaire du ministère de l'Éducation nationale, du préscolaire et des sports s’élève cette année à 1,5 milliards de dirhams. Il prévoit également d’augmenter le nombre de centres de deuxième chance et de fournir le soutien éducatif nécessaire pour réduire le taux d’abandon scolaire.