La population du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est moins protégée contre le coronavirus

La crise des coronavirus continue de progresser sur la planète, laissant de graves conséquences. Outre le nombre de décès, qui dépasse déjà les 150 000 dans le monde, les conséquences économiques du virus se font également sentir au niveau international, en raison des mesures de confinement et de fermeture d'entreprises que différents gouvernements mettent en œuvre pour arrêter la propagation de la pandémie. Ces prescriptions, bien que nécessaires, sont plus contraignantes dans les pays moins développés et leurs populations sont confrontées à un double problème : le manque de ressources sanitaires d'une part et l'asphyxie économique d'autre part. Dans toute cette région, le nombre de personnes touchées par le coronavirus dépasse les 100 000 et le nombre de décès s'élève à près de 6 000 avec la Turquie et l'Iran comme principaux foyers.
Le nouveau rapport, produit par la Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie occidentale (ESCWA), montre que les régions d'Asie occidentale et d'Afrique du Nord seront fortement touchées par COVID-19 en raison du manque de ressources sanitaires et d'hygiène de base qui prévaut dans ces régions. Un acte aussi simple et nécessaire pour minimiser le risque de propagation du virus que de se laver les mains avec du savon plusieurs fois par jour devient très difficile dans les pays de ces régions car une grande partie de la population ne dispose pas d'installations d'hygiène de base à la maison.
Outre le manque de toilettes dans de nombreux foyers, l'accès à l'eau potable est également rare. Quelque 86 millions de personnes dans ces régions ne disposent pas d'une telle ressource chez elles, ce qui oblige les femmes et les jeunes filles (principalement) à se déplacer et à se procurer de l'eau potable auprès de sources publiques. Ces sorties forcées, presque tous les jours, augmentent l'exposition et le risque de contracter le virus pour les familles qui, comme nous l'avons déjà mentionné, n'ont pas les moyens chez elles de se laver et de se désinfecter à leur retour.
L'eau est un bien fondamental en tout temps, mais en temps de crise comme celle-ci, avec une pandémie mondiale, il est essentiel d'assurer l'approvisionnement de la population, en particulier dans les zones les plus vulnérables de la planète. C'est pourquoi l´ESCAW demande instamment à tous les gouvernements de garantir l'approvisionnement car « l'accès à l'eau potable et aux services d'hygiène est urgent » dans toutes les régions du monde.
Elle a souligné de manière positive les actions de certains gouvernements qui ont retiré les frais d'approvisionnement à l'heure actuelle afin que les ménages qui sont dans une situation de pauvreté et ne peuvent pas se le permettre aient de l'eau disponible pour minimiser le risque de contagion. Ce sont des mesures de solidarité, qui sont nécessaires et qui, comme le reflète son rapport, « devraient être imitées dans tous les pays arabes ».

Le rapport fait une mention spéciale des réfugiés et des zones de conflit où, souligne-t-il, quelque 26 millions de personnes sont menacées par le manque d'eau et de produits d'hygiène de base.
La bande de Gaza, les camps de réfugiés dans diverses parties du monde ou les zones de conflit comme la Syrie, sont quelques-uns des endroits où le manque d'approvisionnement devient maintenant plus meurtrier et dangereux. Pour éviter d'autres problèmes, l´ESCAW demande que « l'eau ne soit pas utilisée comme arme de guerre » et appelle à une trêve humanitaire en raison du coronavirus.
L'UNICEF a averti que si aucune mesure n'est prise et si les gouvernements ne travaillent pas ensemble, plus de 4 millions d'enfants en Afrique du Nord et au Moyen-Orient seront poussés dans la pauvreté extrême. Pour éviter la catastrophe, l'organisation exhorte la communauté internationale à verser 93 millions de dollars.
Les experts économiques de la zone des Nations unies estiment que cette crise va détruire plus de 1,7 million d'emplois dans ces régions, ce qui entraînera une augmentation de la pauvreté pour 8 millions de personnes, dont environ la moitié sont des enfants.
Les données de l´ESCAW indiquent que 100 millions de personnes vivent déjà dans la pauvreté dans ces régions, dont 25 millions d'enfants, selon l'UNICEF. Les frontières, l'espace aérien et la plupart des entreprises locales étant fermés, l'UNICEF a travaillé en étroite collaboration avec les gouvernements des régions vulnérables pour distribuer 1,6 million de kits de santé afin d'aider à lutter et à se protéger contre le coronavirus.
Ils doivent continuer à se battre et à aider tous les acteurs (locaux et étatiques) dans ces zones pour que la population dispose de ressources de base et pour minimiser autant que possible les conséquences du coronavirus. Afin de continuer à travailler en première ligne dans chacun de ces domaines, l'UNICEF a lancé un appel mondial de 85 millions d'euros.