L'Algérie sur le chemin de la Syrie

Le président algérien Abdelmajid Tebboune - PHOTO/RÉSEAUX SOCIAUX
Le régime de Bachar Al-Assad a été renversé par la force meurtrière des groupes rebelles qui ont fini par s'emparer de Damas et du palais présidentiel

Une chute qui met fin au printemps arabe en Syrie 13 ans après, clôturant ainsi un chapitre sanglant et en ouvrant un autre, celui de la réconciliation de ce grand pays, de par son histoire et sa culture, vers la normalité.

Depuis 50 ans, la famille Al-Assad s'est toujours appuyée sur la Russie par principe, puis sur l'Iran après la révolution chiite par connivence ; un chemin que l'Algérie est en train de suivre, mais avec des paramètres de départ moins bons.

En effet, la chute de Bachar était prévisible, comme le laissait présager la santé politique et militaire de ses partenaires. La Russie et l'Iran n'ont pas résisté à l'usure de leurs combats en Ukraine et à ceux du Hezbollah au Liban et à Gaza, respectivement. Conscient de cela, Benjamin Netanyahu a rompu unilatéralement l'accord de désengagement avec la Syrie, envahissant son territoire et menaçant sa transition. 

D'autre part, la chute d'Al-Assad trouve son origine dans ses partenaires, la Russie et l'Iran. Poutine a eu de sérieuses difficultés à recruter du personnel militaire, sans compter le manque de munitions et la difficulté à en trouver en raison de l'embargo qui a diminué ses capacités de production de guerre. Au-delà des menaces nucléaires, la Russie est consciente de ces limites face à tant de fronts ouverts et coûteux qui mettent en péril sa propre survie.

De son côté, l'Iran n'a pas été en mesure de fournir à son partenaire russe les drones et les roquettes dont il avait besoin pour lui-même et pour la lutte du Hezbollah contre son ennemi Israël. En fait, les plus de 10 000 roquettes lancées dans le ciel israélien ont été interceptées en vol par le Dôme de fer, à quelques exceptions près qui n'ont pas causé de dégâts matériels ou personnels significatifs par rapport aux plus de 60 000 victimes et personnes disparues à Gaza et au Liban.

La Russie et l'Iran ont soutenu Al-Assad autant qu'ils le pouvaient, sans sacrifier plus que ce qui est soutenable face au refus de Bachar de négocier la paix et la réconciliation, de rétablir l'ordre en réunissant les différentes factions au sein d'une junte constituante afin d'instaurer la confiance, de créer un climat propice à des élections présidentielles, sur un pied d'égalité, sous l'égide de l'ONU.

Ainsi, les premiers perdants de la guerre en Syrie sont la Russie et l'Iran ; ils ont laissé tomber Al-Assad par impuissance, contraints de se replier sur leurs propres combats. Dans le même temps, ils ont montré leurs faiblesses manifestes dans leurs relations internationales pour maintenir leur influence dans la région.

La chute du régime d'Al-Assad, juste avec l'arrivée de Trump à la Maison Blanche, marquera une étape historique qui transformera le Moyen-Orient ; elle changera sans aucun doute la géopolitique de la région et au-delà. En effet, l'Iran est déjà en état d'alerte sur le plan intérieur. Il met également en échec la Tunisie, berceau du printemps arabe, où le président plénipotentiaire Kais Saeid a ramené la dictature de Ben Ali dans le pays, et l'Algérie pour sa dérive militariste et son alignement sur l'Iran et le Hezbollah.

Deux dictatures en Afrique du Nord et en Europe du Sud, l'Algérie et la Tunisie, deux dictatures fanfaronnes dont les dirigeants ressemblent à des tigres du Bengale craintifs, mais qui sont en réalité des lâches lorsqu'il s'agit de faire face à leurs responsabilités politiques, et qui choisiraient sans aucun doute de s'enfuir, comme Bachar Al-Assad, la queue entre les jambes à Moscou.

L'Algérie partage avec la Syrie l'esprit militariste, l'absence de libertés, la répression de la presse, des opposants, l'injustice sociale et l'absence de projet d'État ; mais le pire pour la junte militaire algérienne, c'est le sous-développement de l'économie et des institutions d'un pays exportateur d'hydrocarbures, son instabilité politique et sociale qui constitue une menace permanente pour le régime et le discrédit mondial dont jouit le pays, qui en fait une proie facile ; tout cela constitue un terreau idéal pour une implosion.

La junte militaire algérienne et son président fantoche Abdelmadjid Tebboune sont sur la voie syrienne. Il est bon de rappeler que le problème algérien est beaucoup plus grave ; un pays encore prisonnier des principes révolutionnaires d'un communisme dépassé et illusoire, dont les berceaux, la Russie et la Chine, ne le pratiquent même pas. Du communisme, il ne reste plus que l'autoritarisme et ses complots, que l'Algérie pratique avec maestria.

Et, tout comme l'Iran parraine des groupes armés, l'Algérie joue à déstabiliser la région en abritant, nourrissant et armant des factions au Sahel et en lançant des milices du Polisario contre le Maroc à des fins expansionnistes, consacrant à cette fin un énorme budget de guerre qui a appauvri et détruit un pays déjà improductif.

Les alliés de l'Algérie, comme la Syrie, sont la Russie, fournisseur d'armes, et l'Iran, démagogue et, depuis peu, également soutien religieux en raison de la prolifération du chiisme dans le pays. Poutine pourrait tenter de retrouver une certaine hégémonie en Afrique du Nord, comme à l'époque soviétique, et l'Iran pourrait faire de même en retrouvant son djihadisme, les deux se repliant sur l'Algérie et leur conflit particulier avec le Maroc, ainsi que sur le Sahel.

Le renversement d'Al-Assad a montré le long processus de lutte pour la démocratie et les droits de l'homme au sein des régimes dictatoriaux que les sociétés d'aujourd'hui, à l'ère de l'intelligence artificielle du XXIe siècle, sont prêtes à entreprendre.

Par conséquent, les similitudes entre l'Algérie et la Syrie sont indéniables et la chute d'Al-Assad devrait être une leçon de dialogue politique, de coopération, de progrès économique et social des peuples et entre les peuples, c'est-à-dire ce dont l'Algérie a besoin pour sortir du bourbier dans lequel elle s'est enlisée et éviter ainsi une fin similaire.