Une décision historique qui en vaut deux

pedro sanchez-mohammed vi

La crise sanitaire et la guerre en Ukraine transforment le monde à un rythme gigantesque, où la volatilité de la géopolitique oblige l'échiquier géostratégique à s'ajuster. La reconnaissance par l'Espagne de l'autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine ouvre une nouvelle ère dans les relations hispano-marocaines.

En effet, personne ne peut imaginer une république sahraouie présidée par des militaires et surveillée par la junte militaire algérienne au milieu d'une zone minée par les terroristes d'Aqmi, de Boko Haram, d'al-Chabab, etc. auxquels il faut ajouter les milices du Hezbollah sous les instructions de l'Algérie et de l'Iran.

Le Maroc est historiquement juste et en accord avec le droit international. C'est pourquoi les États-Unis, Trump et Biden, au-delà du rétablissement des relations entre le Maroc et Israël qui ont toujours existé et existeront toujours, tout comme le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne et la communauté internationale en général, ont admis la propriété marocaine du Sahara sur la base d'une lecture intelligente de la dynamique géopolitique qui prévaut dans la région.

Comme nous l'avons déjà dit, on attendait de l'Espagne qu'elle apporte un soutien sans équivoque à la R-2602 de l'ONU en faveur du plan d'autonomie des provinces du Sud sous souveraineté marocaine. La décision de l'Espagne réaffirme son engagement habituel envers les décisions de l'ONU comme cadre de référence. Et la décision de Sánchez s'inscrit dans cette logique.

L'Espagne a fait un pas historique en communiquant sa position au roi Mohammed VI, considérant la proposition marocaine d'autonomie pour le Sahara sous souveraineté marocaine comme "la base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour le règlement de ce différend". Cela soutient une question clé pour le Maroc, qui considérait qu'un retour au statu quo antérieur à l'accueil du Ghali du Polisario était inconcevable. Une étape historique que le peuple marocain attendait depuis longtemps. Car personne ne comprenait la position de l'Espagne vis-à-vis de son voisin historique, géographique et stratégique. La décision espagnole ne vaut pas seulement deux fois plus pour les deux voisins, elle vaut deux fois plus que la décision allemande, pour citer un exemple proche.

Le ministre Albares, chaque fois qu'on l'interrogeait sur les relations avec le Maroc, répondait que " l'Espagne agit pour défendre ses intérêts stratégiques ", mais il oubliait que ces intérêts sont communs, c'est-à-dire que ce sont les mêmes que défend et partage le Maroc. C'est pourquoi le principal défi consiste à façonner une nouvelle alliance hispano-marocaine en accord avec les nouvelles dynamiques géopolitiques de l'espace commun. L'Espagne et le Maroc doivent inaugurer des relations nouvelles et sans précédent, égales ou supérieures aux relations franco-marocaines.

En attendant, il est urgent d'agir avec une vision claire, conjointement, en jetant des ponts entre l'UE et l'UA pour consolider la coopération économique, migratoire, défensive et sécuritaire face aux défis posés par l'instabilité au Sahel que l'Algérie et le Polisario veulent fomenter.

L'Algérie et le Polisario sont de l'histoire, et les royaumes d'Espagne et du Maroc sont le présent et l'avenir.