Coronavirus : gérer l’urgence oui mais laquelle ?

Mezquita coronavirus

Face au coronavirus nous sommes tous égaux. La peur, la panique, la psychose sont le propre de l’homme. Bien sûr, il y a des pays où les habitants sont plus disciplinés qu’ailleurs mais cette partie incombe non pas à la nature humaine mais plutôt aux systèmes de gouvernance et surtout de surveillance.  

A l’heure où la Chine a vaincu la plus grave crise sanitaire de notre siècle, le monde s’enflamme et nous nous rendons compte que nos systèmes de santé sont vulnérables et s’écroulent comme des châteaux de carte bien plus vite qu’on le pensait. Aujourd’hui nous payons le prix de nos politiques de santé qui ont détruit nos services publics. Alors qu’allons-nous faire ? 

En Algérie, on attend souvent que l’Etat prenne des décisions pour suivre les recommandations annoncées même si nos propres vies en dépendent. Comme si nous n’étions pas suffisamment responsables et adultes pour comprendre qu’aller prier à la mosquée et être confiné dans un espace clos est très dangereux pour notre santé et celles de nos proches. Cela revient également à notre système de gouvernance qui infantilise le citoyen et ne lui laisse jamais de marge de manœuvre. 

Cette crise sanitaire est une halte dans nos vies et permet de constater de comportements humains étonnants. A titre d’exemple, dans le monde musulman, la question qui a cristallisé les débats était complètement inattendu : doit-on ou pas fermer les mosquées ? Finalement les salles de prière ont fini par être closes. Les pays les plus rigoristes comme l’Iran avaient appliqué cette mesure dans l’espoir d’endiguer le phénomène. On a même vu sur le net des photos de quelques irréductibles fanatiques rassemblés devant le lieu de culte pour continuer à prier et clamer leur droit à la prière malgré le danger que ça peut occasionner. Pourtant distanciation sociale ne signifie pas distanciation religieuse et il faudrait peut-être que les Musulmans réussissent à rencontrer Dieu en dehors des mosquées ! 

Dans un pays où la religiosité est très importante comme l’Algérie, on garde son humour malgré une situation sanitaire difficile : « Prions pour ne pas mourir », ironisent les Algériens en regardant la grande mosquée construire par l’ex président Bouteflika et qui a coûté la bagatelle de 1,5 milliards de dollars. Une folie démesurée qui nous coûte aujourd’hui en santé.  Par ailleurs, les Algériens étaient stupéfaits après la déclaration faite par le ministre de la santé qui avançait le chiffre de 400 lits de réanimation. Deux jours plus tard le président Tebboune a corrigé le tir en annonçant 2500 lits. Mais quel est le chiffre exact ? Comme nous n’aurons pas de réponse fiable, l’anticipation reste la meilleure prévention…

Pour faire face au coronavirus, cette petite bête qui nous embête et qui se fait de plus en plus de place dans nos vies, des pays vivant du tourisme comme la Tunisie et l’Egypte ont tout de même pris des mesures draconiennes assez rapidement fermant leur ciel à l’Europe et mettant à mal un secteur déjà aux abois. A titre d’exemple, en Egypte ces pertes sont estimées à 1 milliard de dollars mensuellement. 

A royaume chérifien, le Roi du Maroc Mohamed VI a débloqué plus de 900 millions d’euros pour soutenir le dispositif médical et l’économie du pays. Un Maroc déjà mis à mal par une année de sécheresse et qui pénalise l’agriculture, un secteur levier de son économie. Par ailleurs, dans quelques semaines, ce sera le début du Ramadan. Un mois qui s’accompagne d’un ralentissement de l’économie et d’une flambée des prix des fruits et légumes. Le fond débloqué par le Roi suffira-t-il à faire face à ses nombreux défis ? 

Le coronavirus est-il ce mal nécessaire qui permettra de repenser nos priorités ? Les experts le prédisent. Du changement il y en aura certainement oui mais lequel ? 

En prémisse, les tours opérateurs essuient des annulations en chaîne. Même le grand pèlerinage a été annulé cette année et la photo de la Kaaba vide a choqué les fidèles. Toutefois les petits pèlerinages avaient déjà commencé et les retours ont été porteurs de virus.

En Turquie plusieurs cas ont été enregistrés et une partie des pèlerins ont été testés positifs. Dans le pays d’Erdogan les mesures de fermetures des écoles sont arrivées très vite et cela dès l’annonce du premier cas de contamination. Les rues et les mosquées ont été très vite désinfectées mais ces mesures n’étaient pas suffisantes. Dans la nuit du 16 mars, les restaurants et les cafés ont été fermés. Les rues d’Istanbul sont méconnaissables sans les bars à chicha et les animations de rue. La joyeuse ville est dépeuplée et les bords du Bosphore sont bien tristes. 

Mais la situation est exceptionnelle et les mesures doivent l’être également.  Et puis surtout, n’oublions pas qu’ici de longues frontières avec l’Iran (l’un des pays les plus touchés au monde) en font un pays particulièrement exposé au virus. 

En effet les Mollah, n’arrivent plus à contenir la maladie qui paralyse les secteurs vitaux et met à mal un pays déjà sous embargo. L’Iran tire la sonnette d’alarme mais personne ne veut l’écouter.  (J’éviterai dans cet article de donner les chiffres des malades et des morts parce qu’ils ne font qu’augmenter au fil des heures et que cet exercice s’avère dangereux !). 

L’Iran donc a exhorté le FMI pour lui débloquer cinq milliards de dollars pour lutter contre la propagation de la maladie. Mais Washington bloque et Téhéran crie au complot. Trump ne semble toujours pas comprendre qu’il est de l’intérêt de tous de combatte le virus. 

Pendant que les ennemis se disputent et en dehors de ces Etats structurés, il y a les réfugiés. Leur situation s’empire au fil des jours. Après avoir fait la Une des journaux, aujourd’hui le sujet ne semble plus intéresser grand monde ! Ils sont non seulement confrontés à une situation humanitaire des plus graves mais également aux risques de contamination au Covid-19. Les ONG alertent contre une situation qui peut être irréversible, on dit que des enfants se suicident…