Les femmes entrepreneurs dans les États fragiles

L'esprit d'entreprise est essentiel pour stimuler l'inclusion économique des femmes, en particulier dans le sud de la Méditerranée et en Afrique, et surtout dans les États fragiles.
Les inégalités qui touchent les femmes dans le secteur des affaires ont des racines profondes, allant de facteurs culturels à un soutien insuffisant aux entreprises dirigées par des femmes, en passant par l'absence de cadres politiques permettant de s'attaquer à l'écart entre les sexes et le défi de promouvoir la conciliation travail-famille, entre autres.
L'intégration des femmes dans l'économie, dans la région méditerranéenne et sur le continent africain, reste un chantier inachevé, malgré les progrès réalisés dans certains pays. Malheureusement, le revenu par habitant reste parmi les plus bas du monde, la pauvreté continue de toucher de larges pans de la population et la situation économique internationale n'est pas aussi favorable que par le passé.
Des mesures sérieuses sont donc nécessaires pour créer des économies inclusives et des emplois féminins. Dans cette mission, les gouvernements ont un rôle clé à jouer en facilitant un cadre juridique qui favorise la création d'entreprises, ouvre la voie au secteur privé et réoriente les investissements publics vers des éléments immatériels, tels que l'éducation, la santé, la R&D et l'innovation.
En outre, il convient de promouvoir l'entrepreneuriat féminin et d'augmenter le nombre de femmes chefs d'entreprise, car cela favorisera non seulement la croissance économique, mais contribuera également à accélérer l'égalité et à réduire l'écart salarial. Il s'agit d'inclure et de promouvoir l'égalité.
D'ici 2030, près de 60 % de la population mondiale appauvrie, notamment en Afrique, vivra dans des États fragiles, encore affectés par des expériences de violence passées et luttant pour offrir à leurs populations les formes de gouvernance les plus élémentaires. Les liens entre fragilité et inégalité ont été au cœur de nombreux accords internationaux, notamment le programme de développement durable à l'horizon 2030, qui trace la voie vers des sociétés plus équitables et pacifiques. L'égalité des sexes et, plus particulièrement, l'autonomisation des femmes sont des éléments essentiels pour atteindre ces objectifs.
C'est pourquoi nous devons faciliter l'échange d'expériences et de bonnes pratiques, et identifier les mesures permettant d'améliorer le soutien aux micro et PME dirigées par des femmes dans les régions déchirées par des conflits. L'expérience émouvante de nombreuses femmes entrepreneurs dans certains pays méditerranéens et africains démontre l'importance de soutenir les femmes en tant que propriétaires d'entreprises, même dans les circonstances les plus difficiles, lorsque la sécurité et de nombreux besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits, ou lorsque les femmes résistent et insistent pour maintenir les entreprises existantes et en créer de nouvelles pour soutenir leurs communautés locales.
Il est important de se concentrer sur les programmes visant à renforcer la résilience des PME de femmes dans des contextes fragiles, en tant que moteurs potentiels de l'innovation, de l'emploi et de l'amélioration de la qualité de vie. C'est-à-dire : promouvoir ces entreprises afin d'accroître leurs opportunités en facilitant les investissements directs et indirects, ainsi qu'en améliorant leur écosystème entrepreneurial, leur formation et leur croissance par le biais du renforcement des capacités entrepreneuriales, des programmes de subventions de contrepartie et du soutien au mentorat économique.
Les entreprises sont dans une position unique pour abattre les murs et les contraintes liés au genre et à la culture en abordant l'inégalité comme l'un des aspects essentiels des ODD et ainsi faciliter l'accès au marché du travail tout en améliorant le maintien des femmes dans l'emploi. Les entreprises peuvent répondre beaucoup plus efficacement aux besoins des femmes touchées par la guerre et les conflits.
Mais les pratiques commerciales inclusives peuvent ne pas suffire à éliminer les inégalités structurelles qui touchent les femmes. Un changement systémique s'impose, en s'attaquant aux nombreux problèmes qui font obstacle. Par exemple, sans identité légale, il est impossible pour les femmes d'accéder à la terre et de la posséder dans certains pays, ce qui est pourtant essentiel. En outre, il est nécessaire d'apporter des changements au système financier afin de soutenir l'autonomisation des femmes et d'établir des incitations à l'investissement en fournissant des actifs qui peuvent être mis à profit pour le développement des entreprises et fournir une base solide pour la stabilité financière.
L'Afrique affiche l'un des taux les plus élevés au monde, avec 7,5 millions de microentreprises et de PME travaillant dans le secteur formel et dirigées par des femmes, et quatre fois plus dans le secteur informel. Les femmes peuvent jouer un rôle clé lorsque les efforts visent à combler et à financer les écarts économiques. Nombre d'entre elles dominent des secteurs clés de l'économie. Les femmes chefs d'entreprise qui réussissent guident les autres et contribuent par leur exemple à réduire les obstacles qui créent des écarts entre les sexes lorsqu'il s'agit d'accéder à des opportunités.
Il y a aussi des histoires de courage et d'ambition de femmes entrepreneurs en Méditerranée. Des initiatives innovantes, ayant un grand impact sur leur communauté et qui font évoluer les mentalités. Bien que le nombre de femmes entrepreneurs dans le sud de la Méditerranée et en Afrique soit en hausse avec une part de 22%, ce pourcentage est loin de la moyenne mondiale de 33%. En définitive, des progrès supplémentaires sont nécessaires pour promouvoir l'inclusion économique des femmes dans l'économie formelle et pour améliorer leurs revenus. Après tout, leur participation à l'économie accroît la classe moyenne et réduit les inégalités.