La nouvelle route des Indes
La nouvelle route commerciale parrainée par un groupe de pays dirigé par les États-Unis reliera l'Inde au Moyen-Orient et à l'Europe.
L'auteur explique le projet IMEC qui vise à créer une ceinture commerciale entre l'Inde et l'Europe pour concurrencer la nouvelle route de la soie que la Chine développe depuis une dizaine d'années.
Une nouvelle initiative visant à développer un corridor ferroviaire et maritime reliant l'Inde à l'Europe via l'Est a été lancée lors du sommet du G20 le 9 septembre. Ce projet multinational est soutenu par l'Allemagne, l'Arabie saoudite, les États-Unis, les Émirats arabes unis, la France, l'Inde, l'Italie et l'Union européenne. La Maison Blanche est le principal instigateur de cette initiative, qui constitue assurément un défi aux ambitions économiques de la Chine et contrebalancera son influence croissante au Moyen-Orient et en Europe.
Le corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC) n'est pas une idée nouvelle. Il y a deux mille ans, par cette route, les commerçants indiens fournissaient à Rome des marchandises d'une valeur de plus d'un milliard de sesterces par an, soit plus que ce qui était nécessaire pour soutenir l'Empire.
Le plan semble rivaliser avec l'initiative chinoise de la Ceinture et de la Nouvelle Route de la Soie, annoncée en 2013, qui vise à relier l'Asie, l'Afrique et l'Europe. L'administration Biden a l'intention de compléter son offensive diplomatique au Moyen-Orient par un grand accord avec l'Arabie saoudite, qui comprend la normalisation des relations entre le royaume et Israël, afin de contribuer à faire du Moyen-Orient une région plus prospère, plus stable et plus intégrée.
Outre l'aspect géopolitique, l'IMEC est important du point de vue des infrastructures et de la connectivité. Le projet comprendra deux corridors distincts : le corridor oriental, qui reliera l'Inde au golfe Persique, et le corridor septentrional, qui reliera le golfe à l'Europe.
Le long de la voie ferrée, des câbles seront posés pour l'électricité, les données à haut débit et les pipelines d'énergie, en particulier l'hydrogène propre. Il complétera et renforcera les itinéraires maritimes et routiers existants ainsi que les chaînes d'approvisionnement régionales, dans le but d'accroître l'efficacité, de créer des emplois, de réduire les émissions et d'améliorer les échanges commerciaux.
S'il est bien exécuté, il peut contribuer à unir les pays de la région et à faire de celle-ci un pôle d'activité économique plutôt qu'une région de conflits et de crises permanentes, comme c'est le cas aujourd'hui.
En termes géopolitiques, l'IMEC est présenté comme un contrepoids à la Route de la soie chinoise, bien que l'échelle et la portée de cette dernière aient été bien plus importantes depuis son lancement. Néanmoins, il s'agit d'une alternative viable et ses partisans peuvent susciter une certaine inquiétude à Pékin.
L'amélioration de la connectivité entre toutes les régions doit être une priorité, car il s'agit non seulement d'un moyen d'accroître le commerce mondial, mais aussi de renforcer la confiance mutuelle. Dans le monde entier, il faut faire davantage pour libérer le potentiel des économies émergentes et garantir des opportunités économiques équitables. L'exploration et l'expansion des routes et des réseaux commerciaux peuvent contribuer à la croissance économique et au développement de solutions plus durables et plus efficaces.