Pourquoi Israël ne peut pas gagner au Liban

Ismael Haniyeh, líder del grupo militante palestino Hamás, llega a la toma de posesión del nuevo presidente iraní en el Parlamento de Teherán, el 30 de julio de 2024 – PHOTO/AFP
Ismael Haniyeh, chef du groupe militant palestinien Hamas, arrive à la cérémonie d'investiture du nouveau président iranien au Parlement de Téhéran, le 30 juillet 2024 - PHOTO/AFP
Qu'est-ce qui motive la dernière frappe aérienne israélienne sur Beyrouth et comment l'assassinat en Iran du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, va-t-il modifier le conflit ? Comment cela pourrait-il déboucher sur un conflit régional plus large ? Quels sont les moyens pour le monde de sortir de ce conflit s'il n'y a pas de débordement ? 

L'Iran a promis de riposter, d'autant plus que le chef du Hamas se trouvait en Iran pour la cérémonie d'investiture présidentielle. La réponse de l'Iran impliquera probablement un mélange de tactiques hybrides, y compris des actions du Hezbollah, des rebelles Houthi, des cyber-attaques, et peut-être une attaque à grande échelle similaire à l'assaut de 300 missiles et de drones contre Israël en avril. Bien que cette attaque ait été interceptée par les États-Unis, leurs alliés et le Dôme de fer israélien, sa défense a coûté plus d'un milliard de dollars. 

Une chose est sûre : l'Iran et le Hezbollah seront les grands gagnants si ce conflit s'intensifie, ce qui risque d'entraîner les États-Unis dans un conflit direct tout en défendant Israël. 

De l'attaque probable de Téhéran contre le chef du Hamas, Haniyeh, à la frappe aérienne israélienne de mardi dans la banlieue sud de Beyrouth visant un haut commandant du Hezbollah lié à une attaque meurtrière à la roquette contre un terrain de football sur les hauteurs du Golan, il est clair que le conflit s'intensifie. 

Ces actions devraient intensifier les hostilités entre Israël et le Hezbollah, ce qui renforcera encore l'Iran. Le président iranien a promis de faire regretter aux "occupants leur acte lâche" sur le sol iranien, ajoutant à l'embarras de l'Iran son incapacité à intercepter les missiles israéliens qui ont frappé le système de défense aérienne iranien le 19 avril, réponse d'Israël après les 300 missiles et drones lancés par l'Iran contre Israël, en réponse à l'assassinat par Israël d'un commandant militaire iranien en Syrie. Chaque attaque est une réponse à un événement antérieur, ce qui montre une escalade de la riposte. 

Dans un contexte de tensions croissantes, Israël renforce ses défenses et se prépare à de nouvelles représailles. Anticipant l'escalade, Israël cible d'autres commandants du Hezbollah et renforce ses forces en vue d'une éventuelle invasion terrestre. Israël a l'intention d'éliminer la menace du Hezbollah en le repoussant jusqu'au fleuve Litani, à 29 kilomètres au nord de la frontière israélo-libanaise. Simultanément, Israël renforce ses défenses aériennes en prévision d'un nouveau barrage coûteux de missiles iraniens. L'étendue des plans de représailles de l'Iran et d'Israël reste inconnue, mais le cabinet de sécurité israélien a autorisé une réponse militaire à la récente attaque, laissant les civils des deux côtés de la frontière et dans la région s'attendre à un nouveau conflit. 

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, influencé par ses partenaires de la coalition nationaliste, a adopté une position intransigeante à la suite de l'attaque, ce qui lui a permis de conserver le pouvoir malgré la fracture de la coalition. Les États-Unis ont pris la tête des efforts diplomatiques mondiaux pour dissuader Israël de mener de nouvelles attaques contre Beyrouth ou les infrastructures libanaises, afin d'éviter que la situation ne dégénère en un conflit à grande échelle. Toutefois, les efforts américains sont restés lettre morte jusqu'à présent. Malgré ces efforts, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a souligné mardi que les États-Unis espéraient une résolution diplomatique, mais qu'ils défendraient Israël si le Hezbollah attaquait à partir du Liban ou si l'Iran attaquait à nouveau. Cette déclaration encourage Israël à agir, tout en mettant en danger les diplomates et les stations militaires américains dans tout le Moyen-Orient contre les autres mandataires de l'Iran. 

Israël ne peut pas gagner une guerre contre le Hezbollah au Liban, et toutes les parties devraient le savoir. Toute escalade pourrait être plus meurtrière que les affrontements précédents, car le Hezbollah est désormais mieux entraîné et équipé que le Hamas à Gaza, où Israël continue de lutter et de subir des pertes. Le soutien croissant et manifeste de l'Iran ajoute à la complexité et augmente le risque d'un conflit plus large, qui pourrait déboucher sur un nouvel échange de missiles entre l'Iran et Israël. 

Les analystes militaires indiquent que l'arsenal du Hezbollah comprend entre 120 000 et 200 000 missiles balistiques guidés à courte portée, des missiles balistiques non guidés à courte et moyenne portée et des drones capables de cibler les troupes israéliennes et de submerger les systèmes de défense d'Israël. Cette importante capacité militaire est renforcée par le soutien potentiel de l'Iran, de l'Irak, de la Syrie et du Yémen, qui ont proposé d'envoyer des dizaines de milliers de combattants pour aider le Hezbollah. Le coût humain du conflit est déjà élevé : plus de 300 combattants du Hezbollah et de nombreux civils ont été tués par des attaques israéliennes, et plus de deux douzaines de soldats et de civils israéliens ont été tués par des attaques du Hezbollah. Ces attaques ont également provoqué des dizaines de milliers de déplacements dans les deux camps. 

L'Iran tire profit de ce conflit en déstabilisant davantage Israël grâce à son soutien au Hezbollah, tandis que le monde entier attend la prochaine action de l'Iran. Le nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, qui a prêté serment mardi, est confronté à un défi complexe : trouver un équilibre entre une approche modérée pour réduire les sanctions occidentales et faire face à l'agression israélienne, tout en reconnaissant que le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, conserve l'autorité suprême. 

Au-delà des frappes directes de missiles contre Israël, l'Iran pourrait renforcer les Houthis soutenus par l'Iran au Yémen en intensifiant les attaques contre les navires en mer Rouge. L'Iran pourrait également menacer ou tenter de bloquer le détroit d'Ormuz, perturbant ainsi l'approvisionnement mondial en pétrole et en GNL. De telles actions provoqueraient probablement une réponse unifiée et énergique de la part des États-Unis, les deux principaux partis politiques américains étant favorables à une position ferme à l'égard de l'Iran.