Redonner à l'Europe sa grandeur

- 1. Cohésion et solidarité européenne
- 2 Sécurité et migration
- 3. Transition verte et numérique
- 4. Compétitivité et croissance économique
- 5. Relations extérieures et politique d'élargissement de l'UE
- 6. Droits fondamentaux et État de droit
- 7. Différends
- Conclusion
La Hongrie, dirigée par le Premier ministre Viktor Orbán, a succédé à la Belgique et assumé la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne, qui durera du 1er juillet au 31 décembre 2024. Durant cette période, le gouvernement hongrois sera chargé de coordonner les politiques et les activités de l'UE, de faciliter le dialogue et les négociations entre les États membres.
Les priorités de la présidence hongroise reflètent à la fois les défis actuels de l'UE et les ambitions nationales de la Hongrie d'influencer l'orientation future de l'Union. La Hongrie doit se présenter comme un partenaire loyal et un facilitateur d'accords et honorer les engagements de son trio de présidences tournantes, à savoir l'Espagne, la Belgique et la Hongrie. Cette présidence devrait revêtir une grande importance au vu des défis actuels et de la situation géopolitique après une présidence espagnole avec des gouvernements en place en Espagne et en Belgique, deux pays plongés dans des processus électoraux. De même, une présidence qui signifie une nouvelle législature de 5 ans après les élections au Parlement européen le 12 juin 2024.
La devise de la présidence magyare est « Make Europe great again », clairement inspirée du message de Donald Trump lors des dernières élections présidentielles : « Make America great again ».
Les points clés de la présidence hongroise sont au nombre de sept : améliorer la compétitivité de l'Union européenne ; renforcer sa politique de défense ; réaliser une politique d'élargissement cohérente et fondée sur le mérite ; prévenir l'immigration irrégulière ; façonner la future politique de cohésion ; développer une politique européenne qui prenne en compte les agriculteurs ; et s'attaquer courageusement aux défis démographiques.
1. Cohésion et solidarité européenne
L'un des piliers de la présidence hongroise sera le renforcement de la cohésion et de la solidarité entre les États membres. La Hongrie cherchera à promouvoir des politiques qui réduisent les disparités économiques et sociales au sein de l'UE, en soutenant le développement régional et l'inclusion sociale. Il s'agit notamment d'encourager les investissements dans les infrastructures et les projets de développement durable dans les régions les moins développées, ainsi que de garantir une distribution juste et équitable des fonds de l'UE.
2 Sécurité et migration
La gestion des migrations et la sécurité des frontières seront des questions clés pendant la présidence hongroise. La Hongrie promouvra une approche forte de la protection des frontières extérieures de l'UE et de la lutte contre l'immigration illégale.
Budapest devrait plaider en faveur d'une réforme du système d'asile européen, en trouvant un équilibre entre la responsabilité partagée et la souveraineté nationale dans la gestion des flux migratoires. En outre, la coopération dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé sera une priorité pour assurer la sécurité intérieure de l'UE.
3. Transition verte et numérique
La présidence hongroise s'attachera également à faire progresser les agendas de l'UE en matière de transition verte et numérique. La Hongrie soutiendra la mise en œuvre du Pacte vert européen, en promouvant des politiques qui favorisent la durabilité environnementale et la lutte contre le changement climatique. Dans le domaine numérique, la présidence hongroise encouragera l'innovation technologique et la numérisation des économies européennes, en accordant la priorité au développement de l'infrastructure numérique et de la cybersécurité.
4. Compétitivité et croissance économique
La promotion de la compétitivité et de la croissance économique au sein de l'UE sera un autre objectif clé. La Hongrie cherchera à prendre des mesures pour renforcer le marché unique et améliorer l'environnement des entreprises, en facilitant le commerce et l'investissement. La présidence hongroise s'attachera à soutenir les petites et moyennes entreprises (PME), à stimuler l'innovation et la création d'emplois. En outre, l'accent devrait être mis sur la politique industrielle et l'autonomie stratégique de l'UE dans des secteurs clés tels que l'énergie et la technologie.
5. Relations extérieures et politique d'élargissement de l'UE
En ce qui concerne les relations extérieures, la présidence hongroise s'efforcera de renforcer la position de l'UE sur la scène mondiale. Cela inclut la promotion d'une politique étrangère cohérente et unifiée, ainsi que le soutien aux pays voisins et aux partenaires stratégiques. La Hongrie fera également avancer le processus d'élargissement de l'UE, en prônant l'intégration des Balkans occidentaux et en soutenant les pays candidats dans leurs efforts pour satisfaire aux critères d'adhésion.
6. Droits fondamentaux et État de droit
Enfin, bien que cela soit quelque peu controversé, la présidence hongroise abordera les questions liées aux droits fondamentaux et à l'État de droit au sein de l'UE. La Hongrie s'engagera à favoriser le dialogue sur ces questions, en recherchant un équilibre entre le respect des valeurs fondamentales de l'UE et la souveraineté des États membres. La présidence hongroise s'efforcera de servir de médiateur dans les débats difficiles et de promouvoir la coopération et la compréhension mutuelle entre les États membres.
7. Différends
La Hongrie est dirigée par un gouvernement qualifié par les experts d'ultra-conservateur selon les valeurs et les principes défendus par le Premier ministre Viktor Orbán, qui décidera de l'orientation du Conseil de l'UE pour le reste de l'année. Ce dernier n'a pas tardé à tirer la sonnette d'alarme parmi les dirigeants et les membres des institutions de l'UE, notamment en raison de voyages à Moscou, en Chine et d'une rencontre avec le candidat à la présidence des États-Unis Donald Trump dans le but d'effectuer un travail de médiation de paix pour lequel il n'a pas de mandat de la part du Conseil. Il est vrai que le premier voyage d'Orbán a été à Kiev, où il a rencontré le président ukrainien Volodymir Zelenski.
En outre, les premières critiques ont porté sur l'absence de l'Ukraine parmi ses priorités. En réponse, l'UE a choisi de boycotter partiellement la présidence hongroise par un acte symbolique de désapprobation des voyages et des réunions du premier ministre hongrois. L'UE a décidé qu'aucun commissaire ne serait envoyé à des réunions informelles en Hongrie, mais seulement des hauts fonctionnaires.
Conclusion
La présidence hongroise de l'Union européenne en 2024 sera une période cruciale pour relever un certain nombre de défis et saisir les opportunités qui s'offrent à l'Union. Grâce à ses priorités axées sur la cohésion, la sécurité, la durabilité, la croissance économique, les relations extérieures et l'État de droit, la Hongrie s'efforcera de marquer de son empreinte l'orientation future de l'UE. L'efficacité de son leadership dépendra de sa capacité à jouer un rôle de médiateur et à dégager un consensus entre les États membres, afin de promouvoir une Europe plus forte et plus unie. De même, cette période verra certainement comment les hauts fonctionnaires et les membres des institutions européennes traiteront des positions aussi fortes et, dans de nombreux cas, antithétiques que celles de Viktor Orbán. Ce qui est clair, c'est que l'européanisme du peuple hongrois ne peut être remis en question et que le désaccord avec des propositions positives devrait toujours être accueilli, en recherchant toujours l'unité et le consensus, mais en reconnaissant la possibilité d'un désaccord loyal avec le projet d'intégration européenne.
Carlos Uriarte Sánchez
Secrétaire général de Paneuropa Espagne
Vice-président de la Société européenne Coudenhove-Kalergi
Professeur de droit à l'université Rey Juan Carlos