Le roi Mohammed VI célèbre ses 25 ans de règne : analyse des réalisations, des défis et des relations avec l'Espagne

El rey de Marruecos, Mohammed VI - PHOTO/FILE
Roi Mohammed VI du Maroc - PHOTO/FILE
Le 30 juillet dernier, le roi Mohammed VI, vingt-troisième souverain de la dynastie alaouite, a célébré sa vingt-cinquième année sur le trône. Un quart de siècle qui a conduit au Maroc actuel grâce à un processus très profond de réformes à différents niveaux qui ont abouti au développement du pays, lequel a fait du pays nord-africain une référence dans les domaines social, politique, économique et culturel au sein du Maghreb, du monde arabe et de l'Afrique dans son ensemble, et même au niveau international avec la proposition de nombreuses initiatives de développement et de coopération qui l'ont fermement inséré dans la communauté internationale
  1. Des réussites
  2. Quelques défis : le problème de l'eau
  3. Un bref bilan des relations bilatérales entre l'Espagne et le Maroc

Si l'on devait définir ces 25 années de règne, elles seraient sans aucun doute caractérisées par des années de stabilité et de développement. 

Des réussites

À cet égard, je voudrais souligner quelques jalons qui ont marqué cette période importante de l'histoire du nouveau Maroc : depuis la Mudawana, le code de la famille qui a accordé des droits avancés aux femmes, le Maroc étant pionnier dans l'élimination de la tutelle masculine sur les femmes, la promotion de leur égalité et de leur autonomie et incluant l'Instance pour l'équité et la réconciliation, connue sous son acronyme IER. Il est également important de rappeler la proposition de juin 2011 d'une nouvelle Constitution, qui remplacerait celle de 1996, et qui a été soumise à un référendum le 1er juillet de la même année avec un soutien de plus de 97% des électeurs et est entrée en vigueur le 16 juillet de la même année. Une Constitution qui garantit les droits de l'homme et l'égalité des sexes. En bref, de nombreuses réformes politiques et institutionnelles pour moderniser la société, l'administration et les différentes branches du gouvernement. 

D'autres exemples pourraient être mis en avant, comme une politique migratoire qui se distingue dans le monde arabe et son retour sur le continent le 30 janvier 2017 avec sa réadmission à l'Union africaine après 32 ans de cessation volontaire de son adhésion à l'organisation, reconnaissant l'inutilité de la politique de la "chaise vide". Au moins 39 des 54 pays qui composent l'Union africaine ont soutenu le retour du Maroc au sein de la plus importante organisation panafricaine d'intégration et de coopération. Cette décision de demander la réadmission à l'organisation continentale africaine était une démarche personnelle de Mohammed VI, qui a personnellement mené une campagne diplomatique intensive avec de nombreuses visites dans les pays d'Afrique subsaharienne. Par ailleurs, le Royaume du Maroc a intensifié ses activités économiques et commerciales à travers le continent africain sous le règne du monarque alaouite, notamment dans les pays francophones et d'Afrique de l'Ouest. Il ne faut pas oublier que le Maroc est actuellement le deuxième investisseur africain en Afrique après l'Afrique du Sud. Aujourd'hui, la présence du Maroc dans le secteur bancaire, les sociétés de télécommunications, les compagnies d'assurance et les compagnies aériennes ne cesse de se développer. Le Maroc tente également d'obtenir une plus grande influence religieuse de la part des imams et des oulémas subsahariens en les formant dans les écoles islamiques marocaines. De cette manière, le Maroc parvient également à préserver son pays de l'influence des organisations islamistes qui pourraient naître ou développer leurs activités chez ses voisins du sud, dont les structures institutionnelles sont plus faibles. Une contribution marocaine à la sécurité et à la paix régionales. 

Un Maroc nouveau qui, à travers l'Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) lancée en mai 2005, a fait un réel effort pour promouvoir la solidarité et la justice sociale comme piliers de la nation. De nombreux projets économiques et de développement ainsi que des programmes sociaux visent la cohésion sociale à travers l'accès des citoyens aux services de base. 

D'autre part, il convient également de souligner l'effort d'investissement qui a été réalisé au fil des années, faisant des infrastructures marocaines les plus avancées, tout en s'inscrivant dans une logique de développement durable. Un Maroc ouvert sur le monde qui cherche à s'engager pour la paix et le dialogue global et qui construit des ponts entre les cultures. 

Un ambitieux projet de transformation mené par S.M. le Roi Mohammed VI a été réalisé, préservant les acquis du passé pour gagner l'avenir avec l'ensemble de son peuple. Un pays moderne face aux exigences de notre temps et qui s'inspire de ses traditions et valeurs séculaires, qui font du Maroc l'un des plus anciens États-nations du monde. 

Quelques défis : le problème de l'eau

Le roi Mohammed VI a lui-même souligné certains des défis auxquels la nation est confrontée, parmi lesquels il a mis l'accent sur le problème de l'eau, causé par six années consécutives de sécheresse, le changement climatique et l'augmentation naturelle de la demande. Cette situation a eu un impact sur les réserves d'eau et les aquifères, en particulier dans les zones rurales du pays. À cet égard, le Maroc continue d'œuvrer pour une meilleure mise en œuvre du Programme national d'alimentation en eau potable et d'irrigation 2020-2027 et d'une politique innovante.

Ce plan vise à garantir l'eau potable à tous les citoyens et à approvisionner au moins 80 % du territoire national en eau d'irrigation. Le monarque alaouite a également reconnu le retard pris dans la mise en œuvre de certains projets hydrauliques, tels que le programme de construction de barrages, les énergies renouvelables et le transfert d'eau entre les bassins de Wad Lau et Lukus vers le bassin d'Umm Errabia, en passant par celles de Sebú et Buregreg, ainsi qu'en accélérant l'achèvement des usines de dessalement (un exemple en est l'usine de dessalement de Casablanca qui sera en son genre la plus grande d'Afrique et la deuxième au monde fonctionnant à 100% à l'énergie propre).

Il a également souligné l'importance de la formation des ingénieurs marocains dans le domaine du dessalement et la nécessité de créer une industrie nationale dans ce secteur et des entreprises locales. C'est un problème que nous avons aussi en Espagne, et qui est parfois la cause d'un manque de solidarité entre nos communautés autonomes et la conséquence d'une mauvaise coordination de la part de notre gouvernement central, qui transforme le problème de l'eau en un problème politique en Espagne. Si le Maroc parvient à mener à bien ces projets dans le cadre de sa politique de l'eau, il sera en mesure, d'ici 2030, de garantir la moitié des besoins en eau potable du pays et d'irriguer de vastes zones agricoles, ce qui contribuera à renforcer la sécurité alimentaire. L'Espagne peut également être un bon exemple dans l'utilisation des ressources en eau grâce à l'irrigation au goutte-à-goutte, où nous sommes un exemple pour d'autres pays dans le monde. 

Un bref bilan des relations bilatérales entre l'Espagne et le Maroc

Si nous faisons le bilan de ce quart de siècle de relations bilatérales entre les Royaumes du Maroc et d'Espagne, nous pouvons affirmer que celles-ci ont été renforcées par les liens historiques et fraternels entre nos deux Maisons Royales et l'amitié qui unit S.M. le Roi Mohammed VI et S.M. le Roi Felipe VI. 

Les deux pays coopèrent d'une manière que l'on peut qualifier de multisectorielle, puisqu'elle couvre différents niveaux : premièrement, le niveau politique à travers des dialogues permanents de coordination et d'accord ; deuxièmement, la lutte contre l'immigration et les mafias légales ou les réseaux de trafic d'êtres humains qui favorisent ce type d'immigration, non seulement illégale mais aussi dans des conditions inhumaines, où les deux pays coopèrent de manière exemplaire, en optant pour une migration régulière, ordonnée et circulaire ; et une troisième dimension qui inclurait la lutte contre le terrorisme de toute origine, mais surtout le terrorisme islamiste ; et quatrièmement, la coopération économique, où l'Espagne est le premier partenaire commercial du Maroc depuis plus d'une décennie, avec des échanges commerciaux s'élevant à près de 20. Les échanges commerciaux s'élèvent à près de 20 milliards d'euros par an. Il convient également de noter que plus de 20 000 entreprises espagnoles ont des activités commerciales avec le Maroc (environ 1 000 d'entre elles ont une présence directe dans le pays). 

Pour l'Espagne, le Maroc est la principale destination de nos exportations en Afrique et dans le monde arabe, ainsi que le principal centre d'investissement des entreprises espagnoles sur le continent africain. Il existe plus de 230 liaisons aériennes et 538 liaisons maritimes entre les deux pays chaque semaine. 

En outre, en 2030, l'Espagne et le Maroc auront une occasion spéciale de renforcer leurs relations par le biais du sport, grâce à la candidature conjointe du Maroc, de l'Espagne et du Portugal pour la Coupe du monde de football. Grâce à ce projet ambitieux qui symbolise notre amitié et notre coopération, et qui unit l'Europe et l'Afrique, nos pays se présenteront au monde comme de grandes nations qui partagent une vision commune et positive pour relever ensemble les grands défis du XXIe siècle, contribuant ainsi à la prospérité et à la stabilité de notre région, non seulement entre l'Espagne et le Maroc, mais aussi entre l'Europe et l'Afrique, où les deux nations sont des ponts vers nos continents. 

Carlos Uriarte Sánchez 

Professeur de droit à l'Université Rey Juan Carlos