Donald Trump, entre les tribunaux et la Maison blanche
Donald Trump a comparu ce lundi devant l'un des nombreux tribunaux qui l'accusent d'une série d'irrégularités politiques et commerciales. Il doit répondre à tant de procédures que, s'il n'y prend garde, avec les recours correspondants qu'il ne manquera pas d'épuiser, et dans le meilleur des cas pour sa chance, il lui faudra une douzaine d'années pour devenir un citoyen libre de toute accusation.
Mais il n'abandonne pas : il continue à partager son autodéfense, déversant des millions de dollars pour payer l'armée d'avocats qui le tient sous le coude et aspirant à retourner à la Maison Blanche au cours du prochain mandat.
Lors de la mise en accusation, loin d'être respectueux du tribunal, il a réagi avec l'arrogance qui le caractérise et s'est donné en spectacle, accusant la persécution de l'activité commerciale et s'en prenant au juge qui l'a rappelé à l'ordre à plusieurs reprises. Il s'agit d'un scandale sans précédent pour un ancien président et un candidat au retour au pouvoir, rien de moins. Il semble tellement confiant de réussir et de repousser ainsi les éventuels noms de code qu'il a déjà chargé ses fidèles conseillers de préparer un projet de réforme en profondeur des structures du pouvoir judiciaire, sans doute pour qu'il lui soit plus favorable à l'avenir.
Mais s'il ne fait pas bonne figure en matière de justice, il ne pourra pas se plaindre s'il participe aux primaires républicaines, qui se déroulent déjà à la veille des élections. Les sondages, très crédibles et respectés aux Etats-Unis, lui sont étonnamment favorables. À tel point que dans cinq États cruciaux pour la répartition des votes électoraux - ou des compromis si vous préférez - il dépasse les perspectives de vote du président lui-même, Joe Biden, bien qu'il soit d'un parti différent. Dans le Nevada, il accuse un retard de dix points et dans l'Arizona, la Pennsylvanie, la Géorgie et le Wisconsin, un retard de deux à cinq points.
Le New York Times rapporte que ces chiffres ont suscité l'inquiétude tant à la Maison Blanche qu'au siège du parti démocrate. Il est clair que ce que l'on apprend sur les mensonges et les tricheries de l'ex-président n'influence pas de larges pans de l'opinion publique : de nombreux citoyens ne croient pas à la réalité ou s'en moquent. Au sein du parti républicain, il existe une grande division des positions qui se reflète tant au Sénat qu'au Congrès. Dans la rue, nombreux sont ceux qui pensent que Trump est persécuté par ceux qui, lors des élections de 2020, ont triché avec leurs votes lors du décompte des voix et ont volé sa réélection.
Les analystes, à quelques exceptions près, ne parviennent pas à expliquer cette croyance, même parmi les personnes dont les capacités intellectuelles et culturelles sont reconnues. En dehors des États-Unis, la surprise causée par la "Trumpmania", comme on l'appelle dans certaines salles de presse, est encore plus grande. Dans les démocraties européennes, elle n'est pas comprise, peut-être parce que les motivations du vote dans la diversité des Etats et des intérêts qui existent aux Etats-Unis ne sont pas bien comprises. Il faut également tenir compte de la complexité du système électoral, du faible taux de participation et, surtout, de l'exaltation des vainqueurs, en particulier dans le monde de la finance et des affaires. Trump est devenu un mythe de la réussite lorsqu'on a apprécié son triomphe en affaires sans s'attarder sur ses pièges fiscaux et autres.
Cette image du triomphe en affaires, l'image de symboles tels que le somptueux immeuble de la Cinquième Avenue de New York qui porte son nom en lettres d'or, ou ses exhibitions ostentatoires de femmes, toujours exubérantes, il a fini par la transférer à la politique. Une idéologie sans autre argument que l'argent, qui suscite l'admiration et un exemple à imiter, rien à voir avec l'éthique et encore moins avec une proposition qui pourrait susciter l'intérêt que la politique détermine le vote dans d'autres démocraties plus axées sur l'égalité et le bien-être collectif.