Lorenzo Olarte, les autonomies et le Sahara

Notre cher Lorenzo Olarte, figure historique de la politique canarienne et espagnole, nous a quittés. Son long parcours comprend, entre autres, la présidence du gouvernement des Canaries (1988-1991) et sa nomination en tant que conseiller du Premier ministre Adolfo Suárez, poste qu'il a occupé de 1977 à 1982 en tant qu'homme de confiance, et où l'on se souvient de lui comme d'un acteur important dans le travail ardu et laborieux d'articulation de la transition vers la démocratie.
Mais au-delà des louanges et des accolades bien méritées, ainsi que des résumés et des portraits de sa carrière politique et personnelle qui ont été publiés ces derniers jours au lendemain de sa mort, il convient de mentionner quelques chapitres de sa carrière qui, bien que non moins connus, n'en perdent pas pour autant leur intérêt.
Une vision importante du Sahara occidental
Nous avons été liés à Olarte en ce qui concerne la question du Sahara pendant deux décennies, où nous avons coïncidé dans la IV Commission de l'ONU (à laquelle je me référerai bientôt) et d'autres événements connexes. Mais sur le plan personnel, et même à la fin de mes études, je ne peux pas ne pas me rappeler comment, sans hésitation ou hésitation, il est venu à mon alma mater, l'Université de Murcia, lorsque je lui ai demandé de participer à une conférence sur l'État autonome, que nous organisions à l'occasion du centenaire de l'université.
Je n'oublierai jamais cet effort généreux qui a consisté à prendre un vol de nuit la veille de la conférence et la correspondance en train qui a suivi. Cette table ronde intitulée "État autonome : passé, présent et futur" a laissé plusieurs moments forts de sa vie et de sa carrière. Par exemple, lorsqu'il a évoqué la transition "non pas comme un travail d'ingénieur, mais d'orfèvre", en raison du contexte politique et social difficile de l'époque. Ou lorsqu'il souligne avec beaucoup de fierté que, plus qu'un centriste, il se considère comme un "suariste". Et en bon autonomiste, il disait : "Si les autonomies n'existaient pas, il faudrait les inventer".
Olarte s'est également positionné dans cette dualité, autonomies et Sahara. Dès 2006, avant même que le Maroc ne propose le plan d'autonomie, il s'est exprimé lors d'une conférence à Rabat, proposant "une autonomie pleine et sincère, pour laquelle le modèle canarien est une référence importante" et rappelant que "l'ancienne représentativité du Polisario a cédé la place à une pluralité de conceptions différentes de l'avenir du Sahara". Bien qu'il ait flirté à un moment donné avec l'idée d'une Confédération ou d'un État libre associé pour le territoire, il a finalement reconnu cette option comme étant la plus réalisable, tout comme un autre ancien président récemment décédé, Jerónimo Saavedra.
Par la suite, entre 2007 et 2009, il a participé aux sessions annuelles organisées par la Quatrième Commission des Nations unies à New York. Les interventions d'Olarte et sa position sur la question peuvent être examinées dans ses journaux de session, qui sont librement accessibles sur le site web de l'ONU. Comme il l'a lui-même déclaré, il y a parlé en sa qualité "d'ancien président de la Communauté autonome des îles Canaries et d'ancien membre du Congrès des députés et de la Commission qui a supervisé le processus de décolonisation du Sahara occidental conclu par l'Espagne en 1975".
Par exemple, dans son intervention de 2007, il a affirmé devant la Commission que "les îles Canaries, qui partagent une histoire et des relations étroites avec le Sahara, fournissent une aide humanitaire considérable aux habitants de Tindouf. Cette aide a pour but de répondre aux besoins essentiels de la population et en aucun cas de soutenir les activités militaires du Polisario". Il a également exhorté les parties à "tout mettre en œuvre pour parvenir à un accord", tout en précisant que "les ambitions territoriales que pourrait nourrir l'Algérie, qui accueille une partie de la population sahraouie, pourraient constituer un obstacle".
L'année suivante, en 2008, il a déclaré à l'ONU que "la situation des Sahraouis vivant sous domination marocaine est bien meilleure que celle de ceux qui vivent dans les camps de réfugiés de Tindouf", et a évoqué l'autonomie du territoire comme "ce statut qui donnerait au peuple les conditions économiques et financières dont il a besoin pour établir une société moderne et démocratique, capable de réaliser son potentiel de développement".
Enfin, en 2009, Olarte a rappelé à l'ONU que "tout doit être fait pour éviter une solution violente qui ne profitera à personne". Il a pointé du doigt l'Algérie en affirmant que "par son hostilité envers le Maroc, elle entretient le différend. Son soutien au Front Polisario ne sert que l'objectif de créer un Etat fantoche qui lui offrirait une façade atlantique, un avantage stratégique et des richesses minières. L'ONU doit faire pression sur l'Algérie pour qu'elle trouve une solution". Il a conclu en affirmant avec force que "la proposition d'autonomie complète du Maroc garantira au peuple du Sahara occidental une vie meilleure et plus décente, dans le respect de sa culture et de son identité nationale et en sauvegardant ses droits politiques, économiques et culturels".
Comme nous pouvons le voir, de nombreux problèmes et solutions possibles soulevés par Lorenzo Olarte à l'ONU sont toujours valables aujourd'hui et doivent être résolus de toute urgence. A l'heure où l'on parle tant d'"embardées" et de "brusques changements de position", il convient de revenir sur les propos de Lorenzo Olarte, qui, en tant que personnage clé de la transition, parlait d'un sujet qu'il connaissait bien : l'intégration territoriale et l'Etat autonome.
Bien que largement d'actualité et de plus en plus accepté par la communauté internationale, c'est bien la preuve que, loin d'être un retour en arrière, l'autonomie marocaine pour le Sahara est débattue et recommandée par les experts en la matière depuis deux décennies comme la solution la plus viable et la plus humanitaire, au-delà des châteaux en l'air ou des positions sectaires. L'exemple d'Olarte en est un. Démocrate, centriste, "suariste" et, même sur la question du Sahara, autonomiste.