La conscience plutôt que l'argent

António Costa, Volodimir Zelenski y Úrsula von der Leyen - PHOTO/EU Council/@EUCouncil
António Costa, Volodimir Zelenski et Úrsula von der Leyen - PHOTO/Conseil de l'UE/@Conseil de l'UE
Les dirigeants européens réagissent à marche forcée au changement d'attitude du président des États-Unis, Donald Trump, envers l'Ukraine, en faveur de Poutine et loin de ses alliés atlantiques.

Il ne serait pas surprenant qu'il s'agisse de la fameuse stratégie de la stupéfaction que Trump utilise systématiquement avec des positions maximalistes, grossières et brutales pour atteindre les objectifs qu'il poursuit réellement.

En réalité, il existe de nombreux intérêts économiques entre les États-Unis et l'Union européenne qui attirent tant le magnat sans scrupules devenu shérif du monde en imposant ses règles. À l'heure actuelle, son véritable ennemi pour l'hégémonie mondiale est la Chine et Trump a besoin de disposer de toutes les ressources possibles pour la région Asie-Pacifique et que les Européens se débrouillent sans autant de tutelle de Washington.

On parle de 800 milliards d'euros sur quatre ans, mais la défense et la sécurité ne sont pas seulement une question d'argent à dépenser, mais plutôt d'investissement. Il s'agit de concepts, de principes, de valeurs et de stratégies qui doivent être préservés et qui garantissent la stabilité nécessaire au progrès, au développement et à l'État-providence.


Mais cela a un coût, et c'est ce que l'Europe a eu depuis la Seconde Guerre mondiale, mais avec le soutien du grand frère américain avec des budgets de défense annuels supérieurs à 500 milliards de dollars et cela depuis de nombreuses années pour répondre à toute une stratégie et un modèle parfaitement assumés et approuvés par ses citoyens. Y compris les morts et les blessés. Il est vrai qu'en plus de contrôler le monde, les États-Unis avaient leur rentabilité, mais les crises ont laissé des traces.

Les Européens sont maintenant confrontés à un changement profond de l'état de bien-être dont nous jouissons avec difficulté, mais de manière limitée. Cela ne veut pas dire que les Européens n'ont pas prêté attention à leur sécurité et à leur défense, mais certainement pas dans les termes qui étaient nécessaires pour avoir une capacité opérationnelle et de dissuasion afin que ceux qui, comme Poutine, envisagent d'avoir des ambitions expansionnistes, non seulement en Europe, mais maintenant par exemple en Afrique, y réfléchissent à deux fois car ils seraient confrontés à une force au moins aussi puissante qu'eux, voire plus.

Aujourd'hui, sans les Américains, ce n'est pas le cas et il faut prendre des décisions à la volée qui sont indispensables mais qui seront vouées à l'échec si elles ne s'accompagnent pas de décisions conceptuelles et stratégiques qui imprègnent la société. Que les citoyens soient conscients de la réalité et des efforts et sacrifices à consentir.

La liberté et la démocratie sans sécurité ne sont pas viables. Il faut au moins 10 ans pour passer de l'Eurocorps à l'armée européenne.