La Russie contre l'OTAN

Une semaine intense de contacts et de négociations entre la Russie et les États-Unis s'annonce. Les réunions se déroulent dans le cadre de la maîtrise des armements nucléaires et à longue portée, réunissant des responsables de Washington et de Moscou à Genève, du Conseil OTAN-Russie à Bruxelles et de la réunion plénière de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) à Vienne. Le simple fait que ces réunions aient lieu est positif et peut permettre d'apaiser autant que possible les tensions qui se sont accumulées ces derniers mois en raison de la situation en Ukraine et, plus récemment, de la crise au Kazakhstan. Les présidents des États-Unis, Joe Biden, et de la Russie, Vladimir Poutine, ont tenu plusieurs vidéoconférences au cours des trois derniers mois qui ont permis, au moins, d'éviter que les soupçons et les éventuelles hostilités en Ukraine ne s'aggravent et ne conduisent au déclenchement d'un conflit violent aux conséquences difficiles à calculer.
Les avertissements des États-Unis et de l'Union européenne au gouvernement russe sont vigoureux pour tenter de dissuader Poutine de ce que tout le monde craint être déjà une affaire réglée, à savoir une invasion de l'Ukraine. Le pari européen a été mis en scène avec le voyage du Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère Josep Borrell à la frontière entre l'Ukraine et la Russie. À quelques kilomètres de là, l'armée russe a déployé, pour autant que l'on sache, quelque 170 000 soldats avec les équipements militaires correspondants.
L'objectif de Poutine est d'empêcher à tout prix l'Ukraine d'adhérer à l'OTAN et il rejette catégoriquement la possibilité que l'adhésion de l'Ukraine à l'Organisation de l'Atlantique Nord implique l'installation de systèmes d'armes qu'il considère comme une menace grave et intolérable pour la sécurité de la Fédération de Russie et de ses alliés, avec lesquels Poutine cherche à maintenir et à renforcer son poids politique, militaire, économique et commercial dans le monde. Les porte-parole russes affirment avec défi qu'il n'y a rien à négocier avec les Américains, car ce qui se passe en Ukraine et son avenir immédiat ne les regarde pas. Le langage utilisé par les ministres et les porte-parole russes, ainsi que les dernières interventions publiques de Poutine, est très similaire à celui utilisé en 2014 lorsque la crise de la place Maïdan en Ukraine a abouti à l'éviction du président pro-russe, à l'invasion ultérieure de la Crimée et à son annexion à la Russie, et à la guerre dans le Donbas avec des conséquences graves pour la population de la région de Lougansk et de Donetsk, mais limitées au niveau général. Une guerre ouverte en Ukraine avec une confrontation entre Russes, Américains et Européens serait une tragédie pour tous. La diplomatie doit travailler pour l'éviter.