Le flanc sud

El secretario general de la OTAN, Mark Rutte - REUTERS/ REMO CASILLI
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte - REUTERS/ REMO CASILLI
La nouvelle Commission européenne élue par sa présidente, Ursula von der Leyen, avec des candidats proposés par chacun des États membres de l'Union européenne et ratifiés par le Parlement après un examen plus ou moins théorico-pratique, car ce qui compte, ce sont les accords précuits, présente certains déséquilibres vis-à-vis du Nord

Sans aucun doute, le plus grand défi auquel les Européens sont confrontés actuellement est de faire face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de mettre un terme aux éventuelles tentations expansionnistes de Vladimir Poutine. Mais nous devons être bien conscients de ce que représente l'emprise du président russe sur l'Occident. Au nord en Ukraine, au sud au Moyen-Orient et au centre au Sahel, dans cette bande de pays qui s'étend de la Mauritanie à la Somalie, de la côte atlantique à la mer Rouge.

Dans la nouvelle Commission, la nouvelle Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité est Kaja Kallas, ancienne première ministre d'Estonie, considérée comme une farouche militante anti-Poutine depuis son pays balte frontalier de la Russie. La nouveauté est la création d'un poste de commissaire à la défense, Andrius Kubilius, un autre ancien premier ministre, en l'occurrence de Lituanie, un autre pays balte.

S'il y a des pays plus menacés que d'autres par une éventuelle invasion russe, ce sont bien les pays baltes, où les intérêts du Kremlin sont plus qu'évidents. C'est pourquoi les forces européennes, y compris les forces espagnoles, sont déployées dans le cadre d'une opération visant à protéger ces pays de l'UE et de l'OTAN.

Il ne s'agit pas de préjuger des comportements ou des attitudes des nouveaux dirigeants ; il est simplement plus que nécessaire d'attirer l'attention sur la menace sérieuse qui se profile sur le flanc sud afin qu'elle soit considérée à sa juste dimension.

La décision du gouvernement tchadien de rompre la coopération militaire avec la France, développée depuis plusieurs décennies, est un nouvel avertissement de la perte de position dans une partie stratégique de l'Afrique. La sécurité et la stabilité de l'Afrique du nord sont la sécurité et la stabilité de l'Europe et du monde en général.

Le gouvernement tchadien, comme ceux du Mali, du Burkina Faso et du Niger, est désormais dans l'orbite de la Russie et sa rupture avec la France signifie un éloignement inquiétant de l'Europe.  

L'action des groupes terroristes dans la région, des mafias de tous bords dans le trafic d'êtres humains, d'armes, de drogue, d'animaux et de tout ce qui est rentable, justifie en partie le recours par les nouveaux dirigeants de ces pays aux mercenaires du groupe russe Wagner.

L'objectif de Moscou, depuis de nombreuses années, est d'obtenir une sortie vers l'Atlantique en un point stratégique comme le Sahara ou la Mauritanie. C'est évidemment inacceptable, surtout aujourd'hui. L'Algérie et l'Iran font partie de cette équation qui doit être contrôlée par les alliés occidentaux, qui ont un allié clé dans la région avec le Maroc, mais qui doivent accorder beaucoup plus d'attention au flanc sud.