Macron au Maroc

La France et le Maroc préparent la prochaine visite officielle du président français Emmanuel Macron à Rabat. Un voyage qui servira à clore la période de désaccords que les deux gouvernements entretiennent depuis près de deux ans à la suite d'une série d'affrontements sur des sujets sensibles, tels que l'octroi de visas, l'influence économique et commerciale dans les pays africains et les accusations d'espionnage du propre téléphone portable de Macron, entre autres. Auparavant, la tentative ratée d'un juge français, suite à une plainte d'une ONG, d'arrêter le chef des services secrets marocains à Paris avait conduit à la rupture de la collaboration en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme.
L'évolution des problèmes entre les deux gouvernements a conduit au passage du français à l'anglais dans le système éducatif marocain. La réalité est qu'au Maroc, on se méfie de plus en plus de l'attitude arrogante et hautaine de l'habituelle grandeur gauloise qui a fait déborder bien des verres ces dernières années. Outre l'anglais, un autre changement fondamental s'est produit au cours des quatre dernières années, l'Espagne étant devenue le premier partenaire commercial du Maroc, devant la France.
Ces derniers temps, le sentiment de rejet de tout ce qui est français a été enregistré dans les pays d'Afrique du nord et du Sahel, où les troupes françaises ont été expulsées après avoir aidé pendant des années à former les armées du Mali et du Burkina Faso pour lutter contre les groupes terroristes et le crime organisé. L'émergence du groupe paramilitaire russe Wagner a conduit à des coups d'État dans ces pays, qui conservent aujourd'hui le soutien de Moscou.
Le fait est que le gouvernement Macron a été convaincu par la force des faits et de la réalité qu'il était urgent de reconstruire les relations avec le Maroc, au lieu de favoriser celles avec l'Algérie, un gouvernement à l'influence militaire qui est également aligné sur Poutine. Les raisons de ce changement sont d'ordre politique : éviter une nouvelle perte de poids et d'influence sur le continent africain, une collaboration essentielle en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, qui a été démontrée pour garantir le déroulement normal des Jeux olympiques de Paris, et maintenant pour d'importants intérêts économiques et commerciaux.
Macron va se rendre au Maroc accompagné de près de 20 milliards d'euros pour signer des accords très importants dans des secteurs tels que les infrastructures, l'extension du réseau de trains à grande vitesse, l'énergie, l'industrie, le tourisme, bref, des contrats dans des secteurs clés et avec une clé fondamentale : avec le crédit français pour soutenir toutes ces opérations et investissements nécessaires au processus de développement et de modernisation du Maroc entrepris par le roi Mohammed VI depuis son accession au trône il y a 25 ans. Le 30 juillet, Macron a envoyé une lettre à Mohammed VI dans laquelle il reconnaît sans équivoque la souveraineté du Maroc sur le Sahara.
L'engagement français envers le Maroc est clair et fort et a inclus la promotion au sein de l'Union européenne d'une déclaration du Conseil des 27 chefs d'État et de gouvernement reconnaissant la grande valeur de Rabat pour l'UE, quelques jours après que la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) ait annulé des accords commerciaux avec le Maroc pour avoir inclus des produits du Sahara, sans que la situation juridique internationale de ce territoire ait été résolue et que les Nations unies l'aient admis comme une province du sud du Maroc. Un processus qui a évolué ces dernières semaines et qui pourrait présenter de nouveaux développements pour parvenir à une solution définitive avec l'autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine après près de 50 ans de conflit.
Pour l'instant, la proposition de Staffan de Mistura, l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, de partitionner le territoire a déplacé quelques pièces sur l'échiquier, mais il est conscient qu'elle est clairement inacceptable pour Rabat. Le Maroc et le Polisario ont tous deux rejeté la proposition d'emblée, mais il y a des indications qu'elle pourrait conduire à des mouvements au sein du Conseil de sécurité de l'ONU avec l'intention de forcer une solution négociée, pacifique et définitive au conflit avec la négociation correspondante.