Mortadelo et Puigdemont

El líder separatista catalán y candidato del partido político Junts per Catalunya - JxCat, Carles Puigdemont – PHOTO/Josep LAGO/AFP
El líder separatista catalán y candidato del partido político Junts per Catalunya - JxCat, Carles Puigdemont – PHOTO/Josep LAGO/AFP
Je trouve les Anglais étranges, comme l'a dit Tim Walz à propos de son rival JD Vance pour la vice-présidence des États-Unis. Je trouve étrange qu'ils conduisent à gauche, boivent de la bière tiède, s'enthousiasment pour le cricket, ou qu'ils organisent des spectacles de type Disneyland autour d'une monarchie pleine de dorures.

Mais je les admire parce qu'ils ont une démocratie qui fonctionne, que la séparation des pouvoirs est incontestée et que la loi est respectée. C'est pourquoi ils ont pu intervenir dans l'autonomie de l'Irlande du Nord pendant plusieurs années sans que personne ne s'arrache les cheveux, et c'est pourquoi Assange a été maintenu isolé ou enfermé pendant plusieurs années encore sans céder aux fortes pressions de Washington pour qu'il soit livré. On y dit des choses aussi élémentaires que de ne pas légiférer avec des noms et des prénoms ou sous l'impression d'événements récents, aussi terribles soient-ils. Ce sont des mesures sages.

C'est pourquoi là-bas, comme ici, l'application éhontée du 155 ne se produirait pas, il n'y aurait pas de lois hâtives comme celles de Yes is Yes ou la loi d'amnistie qui met les criminels dans la rue en échange de votes et assure que nous retournerons au travail (surtout après avoir rempli les archives des journaux avec des déclarations sur l'inconstitutionnalité de la mesure), le ministère public agirait de manière indépendante, les citoyens ne seraient pas déconcertés par les querelles entre la Cour Suprême et la Cour Constitutionnelle, les gouvernants ne feraient pas campagne pour une chose et en feraient une autre (comme ce gouvernement l'a fait avec le Sahara Occidental sans encore expliquer les raisons du changement), et si un criminel recherché par la Justice revient, il serait arrêté et les Forces de Sécurité ne seraient pas prises pour des imbéciles. Ce ne sont que quelques exemples.

Je peux me tromper et je respecte ceux qui pensent autrement, mais je crois que le "conflit" catalan avait perdu beaucoup de force et qu'il a été ravivé par les élections du 23 juillet parce que Pedro Sánchez avait besoin de quelques voix pour rester au gouvernement, ce qui est très différent de gouverner, comme le montre son incapacité à faire passer le budget et d'autres lois. Les élections de mai en Catalogne ont été remportées par les socialistes du PSC, qui ont tout à fait le droit de négocier les accords nécessaires à la formation d'un gouvernement. En l'occurrence, ils font payer la facture au reste des Espagnols, ce qui ne me semble pas très bon. La remise de la Caja à la Generalitat rompt la solidarité et l'égalité entre les Espagnols que je croyais, dans ma naïveté, être les caractéristiques du socialisme. Eh bien, il semble que ce ne soit plus le cas et je suis étonné de la mansuétude d'un parti apaisé qui accepte ces choses sans se plaindre, à l'exception de quelques critiques qui ne vont pas aussi loin. Maintenant, nous, Espagnols, allons continuer à payer les retraites de nos amis catalans alors qu'eux vont réduire leur contribution au fonds de solidarité interterritoriale. C'est comme les cochons dans la "Ferme des animaux" d'Orwell : ici nous sommes tous égaux mais avec le PSOE certains sont plus égaux que d'autres. Ou comme Groucho Marx : "Ce sont mes principes, madame, mais si vous ne les aimez pas, j'en ai d'autres". Si cela est "progressiste", que Dieu vienne voir.

Je ne pense pas qu'il soit mauvais de s'orienter vers une formule fédérale, comme le dit aujourd'hui Pedro Sánchez, mais je crois qu'au lieu de se contenter de lancer une idée dans une conférence de presse, la question est suffisamment importante pour mériter un débat national approfondi dans lequel les compétences, les droits et les obligations du pouvoir fédéral et des pouvoirs fédérés sont clairement délimités. Et surtout, je crois qu'un système fédéral exige un minimum de loyauté constitutionnelle car si chaque concession du gouvernement central n'est qu'un tremplin pour d'autres concessions à l'avenir, comme c'est le cas actuellement, l'invention ne fonctionne pas car elle finit par affamer l'État, ce que certains partenaires de l'actuel gouvernement préconisent ouvertement. C'est pourquoi je pense que les conditions minimales nécessaires ne sont pas réunies aujourd'hui.

On peut se tromper, et la liste des erreurs commises par ce gouvernement me semble longue. On parle même d'un pacte pour laisser Puigdemont venir, parler et repartir sans interférer dans l'investiture d'Illa. Je ne sais pas ce qu'il en est. Pour certains, la fin justifie tout. Ce qui n'est pas acceptable, c'est le ridicule monumental qui a été fait. Certains parlent de Mortadelo et de Puigdemont. Je les laisse décider qui est Mortadelo ici.

Jorge Dezcallar, Ambassadeur d'Espagne

Publié dans le Diario de Mallorca, el Periódico de Catalunya et Cadena de Prensa Ibérica le dimanche 11 août 2024