Trump et le nouvel ordre mondial

Pendant les élections américaines, j'ai prédit qu'avec Donald Trump, il y aurait un changement dans l'ordre mondial. Ce changement se produit à un rythme accéléré et a déconcerté les principaux dirigeants européens et d'une grande partie du monde.

Trump et l'élite économique qui l'entoure sont réalistes quant au déclin de la puissance impériale des États-Unis face à la résurgence des puissances asiatiques (Orient) de la Russie, de la Chine, de l'Inde, de l'Iran (Perse) et de la Turquie, ainsi que des puissances émergentes comme l'Indonésie, le Nigeria, l'Afrique du Sud et le Brésil.

Trump sait que la puissance unipolaire des États-Unis a pris fin avec la défaite militaire de l'empire dans la guerre de l'Ukraine contre la Russie. Il est également réaliste sur le fait qu'avec le déclin de cette hégémonie, la voie est ouverte à une nouvelle multipolarité mondiale, à une nouvelle répartition du contrôle du monde et à une nouvelle reformulation des institutions multilatérales.

Lors des élections, Trump a vaincu l'élite mondialiste des entreprises dirigée par les empires économiques de BlackRock et George Soros, qui contrôlaient la politique américaine sous les derniers gouvernements démocrates de Bill Clinton, Barack Obama et Joe Biden, dans les autres pays anglo-saxons et dans l'Union européenne.

Trump a remporté les élections avec le soutien d'une élite économique souverainiste qui aspire à un nouvel ordre mondial avec une vision économique protectionniste, différente de celle de l'élite mondialiste des consensus de Washington et de Cornwall, ce dernier portant sur l'économie verte, la transition énergétique et l'Agenda 2030.

Par conséquent, l'administration Trump ne mise pas sur la poursuite des dépenses militaires gigantesques dans des conflits extérieurs et sur une politique étrangère qui met l'empire au bord de l'effondrement. Elle mise sur le développement d'une politique économique protectionniste, de réduction des dépenses publiques, orientée vers une nouvelle réorganisation financière et économique de l'empire, une réindustrialisation de celui-ci avec les avancées technologiques pour éviter l'effondrement de l'empire.

L'ouverture des pourparlers en Arabie saoudite avec la Russie, d'une part, marque l'intérêt de son administration à mettre fin à la guerre en Ukraine et, d'autre part, à renouer des relations politiques et économiques avec la Russie. De même, elle marque l'émergence d'un nouvel ordre mondial multipolaire qui s'oriente vers un partage du pouvoir mondial avec la Chine et la Russie.

Bien que les discussions se déroulent jusqu'à présent avec la Russie, Trump a manifesté son intérêt à s'asseoir pour dialoguer avec le président chinois. Le fait que les dialogues se déroulent en Arabie saoudite, un pays qui entretient de bonnes relations avec les trois puissances, est un message clair indiquant que l'administration Trump se dirige vers un nouveau Yalta avec la Russie et la Chine. C'est également un indicateur que les conflits au Moyen-Orient, en particulier ceux de la Syrie et ceux d'Israël avec les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, seront à l'ordre du jour des négociations des trois puissances.

La défaite militaire des États-Unis et de leurs 34 pays alliés de l'OTAN dans la guerre en Ukraine et la faillite économique de l'Europe à la suite de la guerre marquent la disparition des puissances européennes en tant qu'acteurs décisifs de la politique internationale.

Les discussions avec la Russie sont le prélude à une nouvelle sorte de conférence de Yalta, ville de Crimée, où, du 4 au 11 février 1945, les dirigeants des États-Unis, de l'Angleterre et de l'Union soviétique : Roosevelt, Churchill et Staline se sont répartis il y a 80 ans le contrôle du monde.

La réunion en Arabie saoudite avec la Russie, le même mois où l'on a célébré le 80e anniversaire de cette conférence des dirigeants des trois grandes puissances après la Seconde Guerre mondiale, est un message symbolique qui met en scène les premiers pas vers une future conférence entre Donald Trump, Vladimir Poutine et Xi Jinping, où ils scelleront des accords sur un nouveau partage et un nouveau contrôle du monde. 

@j15mosquera