La bourde de Bolton sur le Sahara occidental : la stratégie doit l'emporter sur l'idéologie
En critiquant la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, Bolton déforme non seulement les faits, mais sape également les intérêts américains en Afrique du Nord, une région où le Maroc est un rempart de stabilité et de partenariat.
Contrairement à l'affirmation de Bolton selon laquelle Washington « ignore » le Sahara occidental, les États-Unis ont pris la décision stratégique délibérée de reconnaître la souveraineté marocaine depuis 2020. Cette politique a été réaffirmée sous les administrations républicaine et démocrate et s'inscrit dans le soutien de longue date des États-Unis à l'initiative d'autonomie du Maroc, décrite par les successifs secrétaires d'État comme la « seule voie sérieuse, crédible et réaliste » pour résoudre le conflit.
L'affirmation de Bolton selon laquelle cette politique cède du terrain à la Chine et à la Russie est trompeuse. Dans le Sahara marocain, Pékin n'a aucun levier diplomatique et le soutien de Moscou à l'Algérie et au Polisario est au mieux rhétorique. Parallèlement, le Maroc reste un allié clé des États-Unis : il accueille les exercices militaires African Lion, coopère dans la lutte contre le terrorisme et est partenaire dans les domaines du commerce, du climat et du développement régional.
Ce que Bolton ne comprend pas, c'est que le véritable danger pour les intérêts américains n'est pas la reconnaissance de la souveraineté du Maroc, mais les politiques déstabilisatrices de l'Algérie et de son mandataire, le Front Polisario. Ce groupe séparatiste ne représente pas les Sahraouis. Les véritables représentants sont les élus de Laâyoune, Dakhla, Smara et Boujdour : maires, députés et présidents régionaux choisis à l'issue de processus démocratiques marqués par une forte participation électorale et la présence d'observateurs internationaux.
L'invocation de la « décolonisation » par Bolton est dépassée et en décalage avec le cadre des Nations unies. Le référendum envisagé dans les années 1990 s'est avéré irréalisable en raison de la manipulation du Polisario et de l'obstruction de l'Algérie. Depuis 2007, l'ONU s'est orientée vers « une solution politique mutuellement acceptable ». Le plan d'autonomie du Maroc, qui accorde une large autonomie sous souveraineté marocaine, reste la seule proposition viable sur la table — soutenue par plus de 85 pays d'Afrique, d'Europe, d'Amérique du Nord, du monde arabe et d'Amérique latine.
Si les États-Unis revenaient sur leur reconnaissance — comme le suggère Bolton —, ils s'aliéneraient non seulement un allié crucial, mais signaleraient également au reste du monde leur manque de fiabilité stratégique. Cela affaiblirait les liens avec les partenaires du Golfe, tels que les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, tous deux fervents défenseurs de l'intégrité territoriale du Maroc. Cela porterait atteinte aux accords d'Abraham, dans lesquels le Maroc joue un rôle central. Et cela offrirait une victoire symbolique à l'Algérie, alliée de l'Iran. Et au premier client de la Russie en matière d'armement en Afrique, qui utilise depuis longtemps la question du Sahara comme levier pour saper le leadership du Maroc dans la région.
Bolton ignore également une vérité fondamentale : le Polisario n'est pas un mouvement démocratique, mais un groupe séparatiste militarisé, hébergé sur le sol algérien, qui gouverne illégalement un peuple qui n'a pas voté depuis plus de 40 ans. Les camps de Tindouf restent des zones opaques où le HCR n'est pas autorisé à effectuer un recensement de la population. Des rapports de Human Rights Watch et d'Amnesty International ont dénoncé des violations, notamment la répression de la dissidence et le recrutement forcé.
En fin de compte, le conflit du Sahara n'est pas une lutte pour la liberté, mais une lutte pour le pouvoir dans la région. L'Algérie cherche à empêcher le Maroc de devenir une porte d'entrée sur le continent grâce à des initiatives telles que le Corridor atlantique, qui vise à relier les États enclavés du Sahel aux marchés mondiaux. Le Maroc construit des routes, des ports et des projets d'énergie propre. L'Algérie et le Polisario n'offrent rien de tout cela.
Il est temps de dépasser les discours éculés et de soutenir ce qui fonctionne. La politique américaine ne doit pas reculer, elle doit redoubler d'efforts. Le plan d'autonomie marocain est conforme au droit international, sert la stabilité régionale et favorise les intérêts américains. Ce n'est pas le cas du détour idéologique de Bolton.