Le Sahara : la France réaffirme la souveraineté de Rabat – clarifions les faits face aux omissions médiatiques

- 1. Souveraineté et décolonisation : un processus amorcé avant les années 70
- 2. La Marche Verte : une réponse ancrée dans l’histoire
- 3. Démographie et droit de vote : une histoire de déplacés oubliés
- 4. Décisions judiciaires : la CJUE n’est pas la seule voix
- 5. Développement du Sahara : des critiques peu représentatives
- Conclusion
Cependant, si l’objectif semble être de livrer une vision objective, ces articles se heurtent à des interprétations et oublis notables qu’il convient de rectifier.
1. Souveraineté et décolonisation : un processus amorcé avant les années 70
Selon Khadija Mohsen-Finan, le Maroc aurait entrepris la « récupération des provinces du sud » à la suite des tentatives de coups d’État de 1971 et 1972, dans le but de renforcer l’unité nationale. Cette interprétation néglige un élément central : le processus de décolonisation du Sahara occidental a débuté bien avant les années 1970.
Dès 1957, l’Armée de libération marocaine menait des actions pour libérer le Sahara, interrompues par l’opération conjointe franco-espagnole « Écouvillon ».
Le Maroc a récupéré Tarfaya en 1958 et inscrit la question du Sahara à l’agenda de la Quatrième Commission de l’ONU dès 1964. Sidi Ifni a également été libérée de la colonisation espagnole en 1969. Ainsi, la campagne pour la décolonisation du Sahara s’est engagée dans les années 1950, bien avant l’émergence du Front Polisario en 1973, qui, à ses débuts (1970-1972) dans les facultés universitaires de Rabat, était un mouvement visant l’intégration du Sahara occidental à la nation marocaine.
2. La Marche Verte : une réponse ancrée dans l’histoire
Frédéric Bobin et Khadija Mohsen-Finan établissent un lien entre la Marche Verte de 1975 et les tentatives de coups d’État contre Hassan II. Pourtant, cette mobilisation populaire, rassemblant des centaines de milliers de Marocains, découle directement de l’avis consultatif de la Cour internationale de justice, qui reconnaît les liens historiques d’allégeance entre les tribus sahraouies et le Maroc. Cet acte, loin des interprétations politiques internes, visait à réaffirmer pacifiquement la souveraineté marocaine.
3. Démographie et droit de vote : une histoire de déplacés oubliés
Ilyes Ramdani interroge la question du corps électoral pour un référendum, sans mentionner les Sahraouis déplacés vers le nord du Maroc lors de l’opération « Écouvillon » en 1958.
Ces Sahraouis sont des habitants légitimes du Sahara occidental, et leur exclusion du processus électoral serait une injustice flagrante. Par ailleurs, la CJUE estime que 80 % des Sahraouis résident dans les camps de Tindouf, en Algérie – une estimation qui paraît non seulement erronée mais tout à fait déraisonnable. En 1996, la Commission d’identification de la MINURSO avait établi que 75 % de la population sahraouie vivait sous administration marocaine, contre 25 % dans les camps de Tindouf. Une estimation que le Maroc avait refusée, en raison de la non-inclusion des populations sahraouies déplacées vers le Nord, suite à l’opération Écouvillon.
Actuellement, environ 85 % de la population sahraouie est installée dans le Sahara marocain, le reste, souvent d’origine sahélienne, étant dans les camps.
4. Décisions judiciaires : la CJUE n’est pas la seule voix
Frédéric Bobin met en lumière les arrêts de la CJUE invalidant certains accords commerciaux UE-Maroc concernant le Sahara, mais néglige les décisions similaires rendues par des juridictions britanniques et australiennes en faveur du Maroc.
La Haute Cour de justice du Royaume-Uni a validé en 2015 la légalité des accords commerciaux incluant le Sahara, et en 2017, la Cour fédérale australienne a rejeté une contestation sur l’importation de phosphates à partir du Sahara marocain. Pourquoi donc privilégier les arrêts de la CJUE au détriment de ces autres décisions émnanat de cours anglo-saxonnes?
Par ailleurs, en 2002, Hans Corell, alors Conseiller juridique des Nations Unies, a émis un avis concernant l’exploitation des ressources naturelles au Sahara occidental. Il a précisé que de telles activités ne sont pas illégales si elles bénéficient aux populations locales. Depuis, la région a connu un développement spectaculaire, reconnu par de nombreux observateurs et chancelleries à travers le monde.
En outre, des consultations transparentes ont été menées il y a quelques années avec les élus représentant les Sahraouis, élus au suffrage universel avec un taux de participation dépassant les 80 %, au cours desquelles les Sahraouis ont exprimé leur point de vue librement, ce qui n’est pas possible dans les camps de Tindouf, gérés de manière autoritaire et illégale par le Polisario sous l’œil bienveillant d’Alger.
Par ailleurs, le “modèle de développement” du Sahara en cours d’exécution dans les provinces sahariennes émane des représentants de la population elle-même, qu’ils soient élus ou issus de la société civile. Ainsi, les vœux de la population prônés par Corell et les tribunaux européens ont été largement satisfaits. Ces éléments juridiques et politiques n’ont pas été pris en compte par la Cour de justice de l’Union européenne dans ses décisions récentes.
5. Développement du Sahara : des critiques peu représentatives
Ilyes Ramdani critique le développement économique du Sahara sous administration marocaine, s’appuyant sur des sources qui ne reflètent pas les perspectives sahraouies dans leur ensemble. En réalité, le Maroc investit largement dans le développement économique et social de cette région, atteignant des niveaux comparables à ceux des grandes villes du royaume. Pour ceux qui avancent que le Maroc convoite le Sahara pour ses ressources minières, rappelons que les phosphates du Sahara ne constituent que 2 % de la production nationale, et que l’intégralité des revenus du phosphate de Boucraa est destinée aux projets sociaux profitant les populations locales.
6. Processus politique et reconnaissance : un consensus qui grandit
Frédéric Bobin souligne la complexité juridique entourant le Sahara occidental, mais omet de mentionner les récents progrès politiques.
Un nombre croissant de pays reconnaissent la souveraineté marocaine, et le Conseil de sécurité de l’ONU prend acte de ces reconnaissances. Il est donc essentiel de permettre au Conseil de sécurité de remplir son rôle et de veiller à ce que les populations locales profitent des partenariats européens (les rapports de la Commission européenne indiquent que les populations locales bénéficient grandement de ces partenariats), américains et autres, sans subir les sanctions que tente d’imposer la CJUE, souvent en soutien au Polisario, une organisation qui, tout en séquestrant les Sahraouis, cherche à déstabiliser la région avec l’appui des militaires algériens.
Conclusion
Les analyses de Frédéric Bobin, Khadija Mohsen-Finan et Ilyes Ramdani offrent une vision partielle qui, en dépit des intentions, déforme la réalité du Sahara occidental. Pour appréhender cette question dans toute sa complexité historique et géopolitique, il est crucial de dépasser les interprétations fragmentées et d’intégrer tous les éléments, historiques comme juridiques, pour une vision authentiquement objective.
Lahcen Haddad
Expert International, professeur universitaire et sénateur